02/10/2010
A propos de la confrérie des femmes de Nessa: sorelle, pinzocole, pisochje ...
A propos des "Pisochje" , représentées ici sur la petite fresque en péril de la chapelle saint Pierre de Nessa : confrérie de femmes, revêtues d'une robe et d'un voile blanc :
- photo prise ce matin -
voici deux rares exemples de représentations de ces confréries féminines dédiées à la Vierge:
à l'église de l'Assomption de Pino (Cap Corse), ce beau tryptique ( 1520) :
la Vierge à l'Enfant entre saint Pierre et saint François.
Sous ses pieds, la confrérie des femmes :
(merci Michel Edouard!)
E Pinzocole, les dames dévotes, le chef couvert d'un voile caractéristique (ça me rappelle quelque chose!), dans une attitude de prière à la Vierge Marie, le plus grand intercesseur parmi les saints...
A propos de ce voile, il semble jouer là encore un rôle communautaire, atténuant, dans sa modestie uniformisante les différences sociales exprimées par les robes de ces dames.
Et, à Belgodère (village proche de Nessa), église saint Thomas, cette peinture sur bois (1595) , "ancona" qui faisait sans doute partie d'un retable, oeuvre d'Aicardo et Castellini. Cette oeuvre a été mise en lumière dans un ouvrage que je ne saurais trop vous recommander: "Deux tableaux avec portraits de donateurs, Belgodère et Palasca vers 1600", oeuvre collective de Louis Belgodère de Bagnaja, Eric Beretti, Antoine Franzini, Michel-Edouard Nigaglioni, éditée chez Albiana.
La Vierge à l'Enfant, entre saint Thomas et saint Pierre, avec les donateurs: neuf hommes et neuf femmes. Sous cet ensemble, une représentation de la Cène.
Les sorelle de la "Cumpagnia del Corpo Cristo" et de la " Compagnia delle Donne pinzocole" ( sans doute des soeurs dans la mouvance des tertiaires franciscaines ) et leurs prieures ... Ces confréries féminines se sont en particulier développées , à l'instar des confréries masculines, autour de la dévotion à la Vierge Marie après le Concile de Trente (1545/1563) et quelques années plus tard après la victoire des chrétiens sur le monde ottoman , lors de la bataille de Lépante (1571) .
Ce sont des associations pieuses de femmes dévotes (ici, à Belgodère, leur costume indique qu'il s'agit, pour certaines d'entre elles, de femmes de notables), placées sous le contrôle des curés, obéissant à des statuts stricts ("Regole delle donne") édictés par les évêques et où les exercices spirituels, la pratique du jeûne, des saints sacrements tenaient une grande place ... avec, à la clef, l'espoir de gagner ces précieuses indulgences dont dépend le sort des Âmes du Purgatoire ...
Je vous renvoie au très intéressant ouvrage collectif qui vient de sortir pour accompagner l'exposition temporaire de Corte:
"Les CONFRERIES de CORSE, une société idéale en Méditerranée"
Publié par la Collectivité Territoriale de Corse, Musée de la Corse, chez ALBIANA
Il serait cependant intéressant de connaître leur éventuelle (et souhaitable!) implication dans la vie sociale et idéale de leur communauté: oeuvres de charité, soins aux malades, accompagnement des agonisants ...
(à suivre)
17:17 Publié dans patrimoine de la solidarité humaine, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nessa, pino, belgodere, confréries féminines | Facebook |
29/09/2010
la confrérie féminine de San Petru di Nesce/Nessa
San Petru di Nesce, Pieve di Sant'Andrea
(Je reprends et complète, avec les informations les plus récentes, ma dernière note sur ce sujet)
E PISOCHJE (fresque du XV° siècle), dans le reste de l'abside du reste de la chapelle dans le cimetière...
Notre ami Joseph Orsolini , dans son ouvrage de référence: " L'Art de la Fresque en Corse de 1450 à 1520" (édité par le Parc Naturel Régional de la Corse) avait déjà tiré en 1989 la sonnette d'alarme pour signaler l'état désespéré et désespérant de ce petit joyau unique dans l'histoire des fresques de Corse.
La petite abside de cette chapelle dévorée par les sépultures anarchiques, massacrée par le ciment ...
Je cite Joseph Orsolini (p. 42):
" Heureusement pour notre connaissance du programme iconographique des fresques de l'Ile de Corse, le choeur de cette chapelle conserve encore, comme le bien le plus précieux de son ancienne grandeur, un tout petit détail pictural d'une première importance. Il s'agit de la représentation d'une confrérie de femmes toutes de blanc vêtues adoptant une attitude de prière (E Pisochje).
(...) Cette représentation de confrérie de femmes est un cas unique , une originalité dans l'ensemble des peintures murales existant aujourd'hui en Corse."
J'ai déjà par le passé écrit une "Brève de Purgatoire" (note du 11/07/2007) sur ce témoignage de Nessa. Je passe souvent dans ce lieu, avec tristesse et révolte. En cette année où l'on célèbre avec tant de faste et d'esthétique le monde des Confréries en Corse au Musée de Corte, je demande: ne fera-t-on rien pour sauver ce fragile témoignage d'une confrérie féminine? La Vierge en Majesté avec l'Enfant Jésus sur ses genoux qui occupait une partie importante de l'abside, Vierge de Miséricorde protégeant sous son manteau, me semble-t-il, cette confrérie de femmes , a quasiment disparu.
( visage de l'Enfant ? )
(le pied de l'Enfant Jésus)
(Ce qui reste de Saint Pierre tenant la clef du Paradis et le Livre saint)
Cette chapelle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis le 7 mars 1990. Je viens d'apprendre que la commune de Nessa a exprimé ( précisément le 29 janvier 2010) sa volonté de sauver ce patrimoine et le désir d' obtenir une subvention qui lui permettrait, pour un coût dérisoire, de transmettre aux générations futures ce témoignage unique en Corse.
Il faudrait enfin comprendre qu'on ne mesure pas toujours l'importance d'un patrimoine pictural communautaire à sa surface pas plus qu'on ne mesure l'importance d'un patrimoine chanté à ses décibels: ici ces quelques centimètres carrés peints en disent plus que bien des gloses.
(dossier à suivre)
19:33 Publié dans brèves du purgatoire, corse, patrimoine de la solidarité humaine, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fresques de corse, confrérie féminine de nessa | Facebook |
10/08/2010
" U Cantu in Paghjella" inscrit au Patrimoine de l'Humanité ...
culture et de la communication
n°394
08.07.10
Patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Le Maloya et le Cantu in paghjella inscrits au patrimoine culturel
immatériel de l’humanité de l’UNESCO
Le ministre de la Culture et de la Communication, a célèbré
l’inscription du Maloya et du Cantu in paghjella profane et liturgique
de Corse de tradition orale, au patrimoine culturel immatériel de
l’humanité de l’UNESCO.
En 2009, quatre dossiers de candidature présentés par la France ont été inscrits sur les listes représentatives et de sauvegarde
Le Maloya est à la fois une forme de musique, un chant et une danse propres à l’île de la Réunion. Métissé dès l’origine, il a été créé par les esclaves d’origine malgache et africaine dans les plantations sucrières, avant de s’étendre à toute la population de l’île.
Jadis dialogue entre un soliste et un choeur accompagné de percussions, le Maloya prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées. Chanté et dansé sur scène par des artistes professionnels ou semi-professionnels, il se métisse avec le rock, le reggae ou le jazz.
Autrefois dédié au culte des ancêtres dans un cadre rituel, le Maloya est devenu peu à peu un chant de complaintes et de revendications pour les esclaves et, depuis une trentaine d’années, une musique représentative de l’identité réunionnaise. Il
doit sa vitalité à quelque 300 groupes et à un enseignement musical
spécialisé au conservatoire de la Réunion.
La paghjella est une tradition de chants corses interprétés par les
hommes. Elle associe trois registres vocaux, fait un large usage de
l’écho et se chante a capella dans diverses langues parmi lesquelles le corse, le sarde, le latin et le grec. Tradition orale à la fois profane
et liturgique, elle est chantée en différentes occasions festives,
sociales et religieuses. Malgré les efforts des praticiens pour
réactiver le répertoire, la paghjella a progressivement perdu de sa
vitalité. Si aucune mesure n’avait été prise, elle risquait de ne
survivre que sous la forme d’un produit touristique dépourvu des liens avec la communauté qui lui donnent son sens.
Depuis 2003, la convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel fixe pour objectif aux États qui l’ont ratifiée la protection des rites, pratiques, expressions, représentations, traditions détenues par leurs communautés dans des domaines aussi divers que les musiques, chants et danses traditionnelles, savoir-faire et techniques, manifestations collectives, traditions orales.
Cette manifestation s’est tenue la veille de l’ouverture à l’UNESCO de la troisième assemblée générale des États parties à la convention, qui rassemblera les cent vingt pays ayant à ce jour ratifié la convention."
Faut-il se sentir rassurés pour autant? De quoi parle-t-on exactement?
20:15 Publié dans corse, patrimoine de la solidarité humaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : paghjella corse, pygmées aka, chant polyphonique, unesco, patrimoine mondial del'humanitéentrer des mots clefs | Facebook |
03/02/2010
Philippe COSTA, un confrère exemplaire
19:40 Publié dans patrimoine de la solidarité humaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : confrérie corse, costa, n.d.du rosaire, solidarité communautaire | Facebook |
16/11/2009
Confréries et patrimoine de Corse
Toujours novembre...
Nous avons reçu dernièrement le programme des rendez-vous du Musée de la Corse. Ils évoquent cette année un sujet qui nous tient à coeur:
Les confréries de pénitents en Corse
Vous pourrez trouver l'information en envoyant un mail à:
Ann Bilger-Depoorter
Musée de la Corse
Et pendant que se concocte parmi les têtes pensantes ce programme alléchant ...
Les confréries locales, célèbres ou non, continuent de travailler , de tisser inlassablement cette toile qui ne veut pas disparaître, malgré les accrocs inévitables, malgré les fils qui s'embrouillent parfois sous les doigts malhabiles ou trop pressés de certains ... C'est que l'on travaille sur la matière humaine: pas un matériau très fiable, ni éternel, encore moins divin, ça se saurait! Encore que dans les fibres de cette étrange pelote on trouve, comme dans les étiquettes de nos produits de consommation: "possibles traces de divin".
Bon. Lucides sur leur condition humaine, nos confréries de naguère avaient trouvé des moyens de contrôler le mieux possible la situation. Parmi ces "outils "de survie et autres moyens coercitifs, les tableaux de présence des confréries témoignent :
14:18 Publié dans patrimoine de la solidarité humaine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : confréries, corsen patrimoine religieux, sepolcri, tableaux de présence des confrères | Facebook |