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20/03/2011

"Tout essayer, - jusqu'au bout" avec la Genèse, Luca Cranach et Pierre Teilhard de Chardin

"L'ENERGIE HUMAINE":

tout essayer!

en écho au drame de Fukushima au Japon, à la réflexion sur l'énergie nucléaire et toutes les aventures technologiques de notre temps...

 

Cranach tentation d'Eve et Adam.jpg

Le récit de la Tentation d' Adam et Eve, par Lucas Cranach, vers 1520, Musée de Varsovie, actuellement exposé au Musée du Luxembourg à Paris, dans cette belle exposition sur Cranach, à ne pas manquer!

 Le Serpent au travail déroule les anneaux de sa fourbe séduction  entre  un Adam pétrifié, incertain et une Eve gracieuse, à l'écoute  ...

"Quelle que soit la forme particulière sous laquelle on le considère, le Physico-moral obéit, dans son exercice, à une double loi, essentielle et universelle: tout essayer,- jusqu'au bout. (...) Tout tenter, pour savoir et pouvoir toujours plus: telle est la formule la plus générale et la plus haute loi de l'activité humaine et de sa moralité."

(Teilhard de Chardin: L'Energie humaine, Editions du Seuil, Sagesses)

Cranach tentation d'Eve et Adam détail Eve.jpg

 

Le regard innocent, comme absent, le visage rosi de plaisir, Eve teste la  rondeur du fruit défendu contre la rondeur de sa joue, dialogue avec la   rondeur de ses seins mûrs pour la cuillette -  et déjà, elle sait l'irrésistible nécessité de devenir l'origine des hommes à venir, sans interdits, sans prudence:

 

" Le glébeux crie le nom de sa femme: Hava -Vivante.

Oui, elle est la mère de tout vivant" (Genèse)

 

... l'homme, dès lors, condamné à aller de l'avant, avec une accélération exponentielle des transformations de son monde, au risque d'y perdre jusqu'à son humanité de chair et d'os: "A l'homme il est permis d'être ce qu'il choisit d'être" (Giovanni Pic de la Mirandole, dans "Oraison sur la dignité humaine", 1486)

 

Vous avez dit perspicacité?

 

"oui, appétissant pour les yeux, convoitable, l'arbre, pour rendre perspicace", dit la Genèse.

 

En l'occurrence, faisons- nous, dans cette aventure du nucléaire comme dans celle de la manipulation génétique ou de la robotique tous azimuts,  preuve de perspicacité ? Le Serpent nous aurait-il trompés ? Le fruit défendu n'enseigne-t-il pas aussi, avec un arrière-goût amer sous la douceur juteuse, l'éthique?

L'arbre de la Connaissance du bien et du mal  éveille la conscience de nos deux toutereaux, les tire de la torpeur béate d'un univers parfait où rien n'est à désirer ni à craindre puisque dans ce jardin d'Eden le temps n'existe pas , les propulse violemment vers un avenir où ils devront apprendre l'imperfection, la différence et l'amour, l'injustice et la haine    ( notre histoire humaine commence par un crime passionnel, un drame de l'incompréhension et de la guerre économique: histoire des premiers enfants d'Adam et Eve, Abel le berger favori tué par son frère cultivateur Caïn, dont l' offrande est méprisée par le Dieu créateur)  , le prix de la nécessité, pendant de longs millénaires, en attendant de connaître celui de la pollution et des joyeuses fluctuations boursières.

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à Autun, Dieu interroge Caïn:

" Qu'as-tu fait?

La voix des sangs de ton frère clame vers moi de la glèbe..." 

Caïn a planqué son frère Abel assassiné derrière un arbuste d'où dépassent ses jambes: bien sûr il n'a pas encore lu Agata Cristie et le crime n'est pas parfait, sans doute même pas pémédité ...

Mesdames, Messieurs les jurés, ne pensez-vous pas que Caïn, mon client, avait des circonstances atténuantes? En tous cas voilà un antagonisme entre le monde pastoral et le monde agricole qui a eu la vie dure)



 

Dans le récit de la Genèse, Adam et Eve paient cher l'acquisition de leur conscience:

 

"IHVH Elihîm dit:

"Voici , le glébeux est comme l'un de nous pour connaître le bien et le mal.

Maintenant, qu'il ne lance pas sa main,

ne prenne aussi de l'arbre de vie, ne mange et vive en pérennité!"

IHWH Elohîm le renvoie du jardin d'Eden,

pour servir la glèbe dont il fut pris.

Il expulse le glébeux

et fait demeurer au levant du jardib d'Eden les Keroubîm

et la flamme de l'épée tournoyante

pour garder la route de l'arbre de vie. "

 

(Genèse, traduction Chouraki)

 

 

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(Masaccio, 1427, Adam et Eve expulsés du Paradis, fresque de l'église del Carmine, chapelle Brancacci à Florence)   

 

 

Le Dieu créateur de la Genèse interdit  l'accès à l'Arbre de vie.  On ne sait pas trop, à dire vrai,  s'Il avait  initialement un autre projet pour Adam et Eve ... Dans cette expérience ( au fait, le Créateur est-il de mèche avec le Serpent? enfant je me suis toujours posé la question ) la conscience de l'humanité n'a  désormais de sens que dans la perspective de la mort... cette perspective de la mort intrinsèque en notre humanité , que cherche à transformer l'aventure passionnée de nos techniques scientifiques: tout essayer, pour le meilleur comme pour le pire,  à commencer par la maîtrise de l'énergie et des manipulations biologiques, tout essayer jusqu'au bout  au risque de dégrader définitivement notre planète ou de laisser en arrière les trois-quarts de l'humanité .

Tant pis?

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Dans une nature si paisible, un si gentil petit couple!

Luca Cranach, 1533

 

 

 

 

 

 

14/03/2011

Un serpent nu dans le Jardin

Aujourd'hui, récit de la Genèse,

avec Philippe JACCOTTET, la BIBLE, les infos, l'invention de la mort et autres babioles ...

San Quilicu Eve et le Serpent blog.jpg

(Eve et le serpent, San Quilicu à Cambia)

 

"Un grand serpent disparaît dans les hautes herbes jaunâtres.

 

Le silence pèse. Vais-je imaginer qu'une femme le dérange, qui approche entourée de ses cheveux, vais-je apprendre ce que sont des yeux qui ignorent le temps, et comment on marche quand on n'a ni regrets, ni désirs? A-t-elle, pas plus liée par ses pieds au sol que la flamme à la bougie, le regard opaque (ou trop transparent) des bêtes? Est-ce pourquoi elle aurait prêté l'oreille à l'une d'elles? Le serpent nous répugne peut-être parce que nous savons son histoire. Elle, le voyait-elle seulement? Ce n'était qu'un éclair paresseux ou une eau lente. Elle était encore prise dans le globe clos du jour: lesquels de nos mots auraient-ils eu un sens pour elle? Sûrement pas danger, faute, mensonge ..."

(...)

" Je rêve à ce jardin dans la solitude irisée de cette combe. Je contemple un tremble dont pas une feuille n'est immobile, comme un clocher aux milliers de cloches, pour une obscure alarme. Les bêtes habitent avec tranquillité le Temps. C'est comme si rien n'était encore visible à aucun regard. Tout est encore à l'intérieur d'un sommeil illimité. Soudain, pour la première fois, ces yeux s'entrouvrent. Elle n'était pas différente des bêtes; à présent elle voit la distance, les couleurs, les ombres, la beauté insidieuse; elle voit que les choses changent, pourraient fuir, lui échapper. Elle s'alarme, se trouble; elle devient si belle que même les figures invisibles du ciel descendent vers son nid. Et de même qu'elle a été expulsée de la sphère divine, le sang sort de son corps, et coule, plus épais que l'eau. C'est le premier sang visible. Il enténèbre le sol.

 

A celui qui se penche vers elle, la terre a-t-elle jamais livré des simples pour ces blessures?"

 

(Prose au serpent:  Philippe Jaccottet, Paysages avec figures absentes, nrf, Poésie Gallimard)

Adam  Eve  serpent arbre.jpg

" Le serpent était nu,

plus que tout vivant du champ qu'avait fait IHVH Elohîm.

Il dit à la femme: ainsi Elohîm l'a dit:

"Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin" ...

La femme dit au serpent:

"Nous mangerons les fruits des arbres du jardin,

mais du fruit de l'arbre au milieu du jardin, Elohîm a dit:

" Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, afin de ne pas mourir."

Le serpent dit à la femme:

"Non, vous ne mourrez pas, vous ne mourrez pas,

car Elohîm sait que du jour où vous en mangerez

vos yeux se dessilleront et vous serez comme Elohîm, connaissant le bien et le mal."

La femme voit que l'arbre est bien à manger,

oui, appétissant pour les yeux,

convoitable, l'arbre, pour rendre perspicace.

Elle prend de son fruit et mange.

Elle en donne aussi à son homme et il mange.

Les yeux des deux se dessillent, ils savent qu'ils sont nus."

 

(La Bible: la Genèse, traduite par André CHOURAQUI)

Vous connaissez la suite - y compris les risques nucléaires majeurs que nous vivons aujourd'hui avec le drame du Japon ... Mais tout de même, de là à tout mettre sur le dos d'Eve et du Serpent! (je ne parle pas d'Adam, le pauvre homme, on le sait, il n'y était pour rien,  il écoutait le dernier qui parle, le dernier avis, celui qui disait qu'il n'y avait pas de risque, pas de quoi s'alarmer ... et puis quoi, on allait bien voir !)

 

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Adam et Eve et  l'arbre de la connaissance: tympan de Santa Maria de Rescamone, à Valle di Rustinu

Je reprends quelques instants quelques passages  de cette troublante  "Prose au serpent" de Philippe Jaccottet:

"(...) Pourront-elles jamais cesser d'aimanter nos regards, elles, les fraîches, les douces, nos bergères, ces lueurs ou ces clés qui tournent dans l'obscurité, qui ouvrent le monde, en déplacent les murs, elles justement qui semblent des habitantes du Jardin, qui le recréent un instant autour de nous; mais on sent que ce n'est pas le même, c'est comme quand on voit deux images en surimpression, ou que derrière le plus beau ciel on se rappelle la nuit ou l'on pressent un orage, comme quand on devine le crâne sous la peau, c'est déjà plein de flammes derrière les fruits mûrs, les degrés ascendants basculent, le haut et le bas se confondent, le caché émerge, flambe, une odeur de dissolution gagne, comme si de toutes les beautés la plus irrésistible ne paraissait que pour nous faire sentir par un plus court chemin la mort. Bergères infernales.

(...)

Il n'y a jamais eu ni Jardin, ni Serpent. Mais nous sommes vraiment ici, voyant des choses au travers des autres, des dieux et des morts derrière les vivants, des anges et des flammes au milieu des plantes, tout ce mélange de chair et de fumée est réellement en nous. Il faudrait une bonne fois cesser de dire: " Quel est le chemin du lieu sans tache?" ou encore: " Pourquoi vieillis-tu, pourquoi pars-tu, pourquoi me trahis-tu?" Ou nous refusons cette limite, et nous refusons tout (par quelque forme que ce soit de délire, d'excès), ou nous l'acceptons, et nous vivons avec elle. Mais comment, si la croyance en une résolution des contraires avant ou après la mort ne nous est pas donnée? Faut-il briser, chaque fois qu'il se reforme, tout élan vers le Jardin, chasser le plus faible de ses reflets? Plutôt, ceux-ci, les saisir en leur rapide passage, sous toutes leurs formes (variables selon les temps, les lieux, les natures), les maintenir tant bien que mal, aveuglément, n'importe quelle lueur au mur d'une prison étant bienfait ..."


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le Serpent et l'Arbre, Santa Maria de Rescamone.





11/03/2011

La champignonnière de Scata: un patrimoine menacé

 

                 Fin février, dans le petit village de Scata,                  pieve d'Ampugnani, diocèse de Mariana

 

Scata église sainte Cécile et confrérie ste Croix blog.jpg

... dans le crépuscule de cette fin d'après-midi l'église sainte Cécile et derrière, la confrérie sainte Croix ...

 

L'inventaire général du patrimoine de la Région corse a mené une étude du patrimoine de Scata , consultable sur le site du ministère de la Culture:

www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=...

***
Rencontre avec sainte Cécile, la sainte patronne de la musique  ...

Scata Ste Cécile MA De Santis blog.jpg

 Elle habite l'église, derrière l'autel, noble et tranquille.
Cette toile est une oeuvre maîtresse de Marc'Antonio  DE SANTIS: ce peintre, originaire de Benevento, dans l'Etat de Naples,  va choisir de s'installer  dès 1647 à Bastia où il exercera son art jusquà sa mort vers 1681, enrichissant les églises de Corse de ses oeuvres  talentueuses (merci M.E. Nigaglioni!). L'on sait de lui qu'il fut particulièrement sensible  à la musique et ce sujet de sainte Cécile à Scata ne pouvait que le toucher.

Scata ste Cécile visage blog.jpg

Il représente, aux environs de 1660, cette magnifique sainte Cécile chantant et effleurant d'une main délicate l'orgue selon l"iconographie la plus courante dans nos églises et sur nos tribunes d'orgues peintes.
Hélas, la toile n'est pas en bon état et elle est menacée par le mal qui a déjà attaqué les deux autres toiles de l'église:

 

Scata le Rosaire Grandi blog.jpg

 

Ici le Rosaire, peint par ce bon peintre du XVIII°s. que nous connaissons bien, Giacomo GRANDI. La Vierge et l' Enfant remettent le Rosaire aux saints Dominique et François. Ici les quinze Mystères sont répartis en trois parties.

 

 

Scata Rosaire Vierge et Enfant détail blog.jpg

Malheureusement depuis environ un an cette jolie  toile est la proie de champignons dévastateurs, détruisant jusqu'à la lecture de l' oeuvre . La propagation de cette peste cryptogamique est implacable, les spores migrant sournoisement d'une toile à l'autre dans le silence humide de l'église.
La municipalité vient de terminer la réfection du toit qui laissait, avant cette intervention urgente, les eaux de pluie ruisseler à l'intérieur de l'église: les murs mettront sans doute du temps à s'assècher et en attendant, que faire pour sauvegarder les toiles de Scata?
Le maire se bat pour les priorités communales basiques, utilisant au plus serré le budget exsangue d'une petite commune montagnarde dépeuplée: tout à l'égout, ramassage des poubelles, routes, etc ... la sécurité vitale des gens passe évidemment bien avant toute idée de restauration du patrimoine, non pas qu'à Scata l'on s'en désintéresse, mais l'on n'a pas matériellement les moyens d'agir ...

Ce patrimoine des villages nous interroge, car c'est aussi le nôtre - et ce n'est pas parce que ce patrimoine n'est pas souvent  signé par des grands noms et qu'il a souvent cette connotation d'art populaire qu'il faut le laisser mourir. On souhaîte que la gestion des fonds publics soit suffisamment éclairée pour ne plus connaître ces  opérations parfois cataclysmiques (du genre de celle qui afflige le réseau ferrovière de la Corse) qui pompent le budget de la CTC et ne laissent, au regard de ces gouffres financiers,  que des miettes pour la politique de sauvegarde et de restauration de notre patrimoine.

Scata Cécile main.jpg

(à suivre!)

 

 

 


 

10/03/2011

Deux videos autour de l'orgue de Costa

L' orgue anonyme (début XIX°s.) de l'église san Salvatore de COSTA

 

 

costa clavier et pédalier blog.jpg

 

 

A  prendre comme un témoignage amateur et amical de ce petit orgue attachant, classé Monument historique et  restauré par Alain Sals et Alain Faye, pour la partie instrumentale, et par le regretté Pierre Sibieude , pour la partie décor de la tribune et du buffet (décor de Bernardu Zigliara, 1819). A propos de cette restauration, voir les notes des 4 et 7/12/ 2007.



Merci à l'ami Gerard Adriaanse (Pays Bas) qui l'a aimé, enregistré et envoyé!

 


 

07/03/2011

La petite musique céleste de Monacia d'Orezza

MONACIA D'OREZZA,

A MUNACIA D'OREZZA

Pieve d'Orezza, Diocèse d'Aleria.

 en route pour Monacia d'Orezza (le 6/3 /2011) ...

Castagniccia 5-3-2011 blog.jpg

La route est bien dégagée, mais encore beaucoup de neige sur cette montée de Morosaglia 

A Monacia, Monsieur Joseph Fantini nous accueille avec beaucoup de gentillesse dans ce qui fut l'une des communautés les plus importantes de la pieve d'Orezza:

" La paroisse de Monacia avait deux paroisses annexes: Parata (et les deux anciennes paroisses qui lui sont unies, Poggiale et Piazzole) et Valle d'Orezza " (cf François Casta: Paroisses et communes de France, Corse, CNRS Editions, 1993)

Monsieur Fantini nous explique que la grande église paroissiale qui se dressait face à celle-ci s'est écroulée sous le poids de 4 mètres de neige (!) dans les années 1930 et qu'elle a été rasée dans les années 1970. Elle était dédiée à San Mamiliano, et portait le titre d'archidiaconat d'Aléria. On ne peut que regretter sa ruine: Monseigneur Mascardi, en 1589, dit que son abside était peinte ...

Monacia église confrérie.jpg

Nous entrons dans ce qui fut la confrérie San Carlu de cette communauté  et qui est devenu  depuis, par la force des choses , l'église paroissiale. Dans le choeur, cette merveille de décor peint par Giacomo GRANDI au XVIII°s (note corrigée avec la complicité de M.E. Nigaglioni)

 

Monacia ensemble choeur St Charles blog.jpg

avec là-haut, au fond, trônant avec majesté

 

Monacia trompe-l'oeïl orgue blog.jpg

cette belle tribune d'orgue en trompe-l'oeïl, en partie cachée par une peinture en très mauvais état de saint Mamiliano, probablement récupérée de l'église détruite. Ce qui nous prouve bien l'intérêt porté par ces communautés du XVIII° à l'orgue, l'instrument noble de la musique religieuse au côté du chant -  j'espère avoir l'occasion de refaire une photo de cet ensemble: à cette époque et dans cette région, Giacomo GRANDI pouvait s'inspirer des orgues construits pour les couvents de la région: couvent d'Orezza (serait-ce celui qui a été récupéré par Carcheto?), de Casabianca (déplacé, selon toute probabilité, à La Porta), de Valle d'Alesani ...

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En exemple, l'orgue Lazari (1750) du Couvent d'Alesani, encore en place dans l'église conventuelle: fait suffisamment rare pour être souligné (c'est que la Révolution française est passée par là, détruisant ou, au mieux, déplaçant les orgues des couvents)

Monacia San Carlu voûte blog.jpg

Quant à la musique en général,  on dit qu'elle adoucit les moeurs et certes nous emmène au paradis. Ici, dans la voûte du choeur, le grand saint Charles Borromée, San Carlu Borromeu, est ravi au ciel par la musique céleste de quatre anges musiciens:

 

Monacia ange au cistre blog.jpg

un ange joueur de cetera,

Monacia autre ange à la trompette.jpg

un ange bucinateur

Monacia ange à la trompette.jpg

et son collègue

Monacia ange au violon.jpg

un ange violoniste

confrère de gauche blog.jpg

Tandis que, de part et d'autre de l'autel

 

Monacia le confrère de droite blog copy.jpg

prient deux confrères ...

 

Nous souhaitons ardemment que cette communauté désormais peu nombreuse trouvera le moyen de sauver et de restaurer ce patrimoine: l'édifice lui-même, puis le beau témoignage de ce décor peint par G. Grandi, auteur entre autres, du médaillon de Sainte Marguerite à Carcheto dans la voûte de l'église :

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Je rappelle donc - et merci encore à l'historien de l'art Michel-Edouard Nigaglioni pour son accompagnement amical et sans faille! :

Giacomo GRANDI, peintre originaire de Milan, a choisi de vivre en Corse où l'on suit sa riche production picturale de 1742 à 1772. Après avoir vécu en Balagne dans le village de Monticello où il s'était marié, il se remarie en 1758 après le décès de sa première épouse avec une jeune fille de Quercitello , village qui surplombe La Porta, en Castagniccia, et y vit de nombreuses années avant de s'éteindre (1772) à Borgo où il est enterré.

Quant au thème des anges musiciens, on le retrouve illustré non loin de là:

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  à la confrérie de Valle d'Orezza: ici les anges musiciens, version cette fois RAFFALLI ...

 

San Mamiliano.jpg

 

Quant à San Mamilianu ... est-ce le bout de la queue du dragon qu'il occit avec un bâton au sommet de l'île de Giglio et qui frétille encore au bas de cette toile mal en point? Evêque de Palerme, déporté en Afrique  par Genséric, roi des Vandales au V° s., échappé avec ses compagnons et réfugié  sur l'île de Monte Cristo où il vécut en ermite ... Voir le chapitre qui lui est consacré par Geneviève Moracchini-Mazel dans"Corsica Sacra", p. 87.