29/04/2012
en Corse, les mazzeri et le destin
Je retransmets ce lien adressé par Anne de Giafferi qui intéressera sans doute beaucoup les amis:
" De toutes les vieilles croyances insulaires, celle des mazzeri est sans doute la plus mystérieuse. Ces héritiers d’un savoir occulte font partie de la mémoire collective corse. Les mazzeri, homme ou femme sont dotés de pouvoirs et de facultés de voyance en état de transe, d’extases ou de sommeil lors desquels ils fréquentent l’au-delà. Comme vision de la mort, le mazzerisme subsiste dans certaines régions du centre et du Sud de la Corse. Les mazzeri sont les derniers témoins d’une religion du destin, ce fatum romain qui hante le bassin méditerranéen. Anne de Giafferi est allée dans les villages enclavés de la vallée du Cruzini où elle a rencontré Pierrot puis son ami Marius ; pour elle et pour la première fois, ils lui racontent leur don de vision et leur histoire avec les morts."
http://www.rtbf.be/lapremiere/emission/programme_par-oui-dire?id=999&scope=past
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"cartulaire de mon coeur"
à la mémoire en déshérence
avec Nicolas BOUVIER
Hommage à la géographie ancienne
Cartulaire de mon coeur
paroles du monde ancien
vieux mots usés et sages
qui pour un temps m'aviez fait compagnie
et si souvent porté secours
d'où me revenez-vous ce soir?
bourdonnants, suspendus à mon cou
flammèches ou abeilles
sur l'étole du prélat défroqué
Mots du secret, du souci et de l'ombre
murmures, portée de rats, fourrure du souvenir
frileusement nichés sur mes genoux
que d'anxiété dans ces pétillantes prunelles
qu'attendez-vous encore de moi?
voilà si longtemps que nous nous sommes quittés
Il fait noir dans la cuisine
un peu d'alcool brille au fond du verre
tu te tais alors qu'il faudrait que tu hurles
Judas des mots
et tu n'as pas fini de payer ton silence
(Nicolas Bouvier, Genève, hiver 1977, dans: "le dehors et le dedans", éditions Zoé, 1998 )
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14/04/2012
Jeudi Saint 2012, suite et fin
Suite et fin de notre bonne journée du 5 avril en Castagniccia
à Quercitello, le prieur de la confrérie de Quercitellu, en pleins préparatifs du Catenacciu du Vendredi Saint, a la gentillesse de nous ouvrir l'église San Carlu où est exposée la toile du Sepolcru: une grande douceur se dégage de cette Déploration du Christ veillé par les anges ...
Un peu plus tard, à Ficaghja (à côté de La Porta), Petru Vachet-Natali (à gauche sur la photo) nous accueille à l'église de l'Immaculata Cuncezzione, paroisse de son village natal de Ficaghja. Ecrivain, poète et chroniqueur, cet homme amical et généreux a écrit en 2006 une amoureuse monographie sur Ficaghja en langue corse:
"Monografia e Tupunumia di Ficaghja, cù una ricerca tupunomica nantu à 216 nomi di lochi", publié chez Anima Corsa.
Nous devions arriver en fin d'après-midi, histoire de laisser l'équipe terminer le montage du sepolcru: mais notre arrivée précoce nous permet d'assister à la fin de ce montage délicat.
Installation du ciel ...
C'est le plus grand des sepolcri en pavillon réalisés en Corse. Le lucquois Francescu Carli le crée vers 1760 pour ce village.
les deux terribles gardiens du sepolcru, de part et d'autre à l'entrée de cette chapelle du reposoir
le jugement de Pilate
Jésus au Jardin des oliviers
la trahison de Judas: "celui que j'embrasserai " : comme dans une bande dessinée ...
le portement de croix
la déploration du Christ, servant d'antependium pour l'autel du sepolcru
le sepolcru de Ficaghja, fleuri et fini, version 2012.
Petru Vachet-Natali nous a, ce jour là encore, magnifiquement accueillis et, en compagnie du maire, Monsieur Gambotti, nous a très gentiment invités à partager le pot de l'amitié autour de ce patrimoine remarquable ...
Merci Petru!
Nocario, église san Michele: le petit sepolcru abrité sous sa tente et bien fleuri. Là encore le maire, Monsieur Paul Battesti, nous fait les honneurs de son église paroissiale. Cette mairie active a engagé depuis plusieurs années, des travaux de restauration (par Ewa Poli) qui portent leurs fruits.
Ici l'un des deux atlantes au délicat visage du maître autel restauré par Ewa
... vu de dos ...
au-dessus du maître-autel, pas vraiment à la fête et coincé entre Saint Michel et un angelot bien rose, Satan noir, moustachu et barbu hurle sa hargne. Bien fait!
Dans l'église du hameau de Patricaghju, dédiée à la naissance de Saint Jean-Baptiste, cette délicieuse toile de Giacomo Grandi
en haut, sous le regard attendri de Dieu le Père (portrait craché de notre maire Paul Battesti), on apporte le réconfort à Elizabeth qui vient de mettre au monde le Précurseur: la femme de gauche présente des grenades, symbole de fécondité ...
tandis qu'en dessous, près de la cheminée allumée, l'on s'affaire pour donner son premier bain au nouveau-né: à gauche, une servante bien "mauresque". Beaucoup de tendresse dans cette scène qui évoque toutes les naissances dans les maisons de Castagniccia de cette époque (mi-XVIII° s.) ... Sur un plateau, reconstituants essentiels pour la mère, le vin et les oeufs.
et pour clôre cette journée sur sa thématique du Jeudi Saint, l'arrivée en fin d'après-midi de la procession de la Cerca, venant de Campana: cette Cerca comme ses soeurs du lendemain qui partiront de Verdèse et de Nocario, couvre ses douze kilomètres et arrive tard dans la nuit ... Merci à tous d'avoir partagé cette journée si particulière, malgré un temps plus qu'incertain et éclairée par les rencontres de tous ces amis qui donnent du sens à leur patrimoine...
11:52 Publié dans corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
10/04/2012
Jeudi Saint 2012 dans le Rustinu et en Castagniccia, 1° partie
Ce jeudi 5 avril, malgré un temps incertain: à l'attention des amis qui ont partagé cette bonne journée dédiée aux sepolcri peints du Rustinu et de la Castagniccia... et des autres ...
Quelques images :
Frassu , église saint Cosme et saint Damien
(Castellu di Rustinu, Pieve du Rustinu, ancien diocèse d'Accia)
Première rencontre à Frassu, hameau rattaché à la commune de Castellu di Rustinu. Notre ami Toussaint Quilici nous attend à l'église saint Cosme et saint Damien: la veille il a travaillé dur avec son fils pour installer le petit sepolcru peint au XIX°s. -
Lors du Vendredi Saint 2010 nous avions pu, avec la complicité de Marie Laure la fidèle gardienne de cette église, remonter pour la première fois ces toiles conçues pour une chapelle latérale: une renaissance miraculeuse après cinquante ans de sommeil.
Je vous invite à lire la note (clic droit, ouvrir le lien) :
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/04/10/le-sepolcru-de-frassu.html
Comme il se doit, les deux gardiens du sepolcru nous attendent de pied ferme, la mine patibulaire, barbe drue, solidement campés la lance à la main à l'entrée du sepolcru, costumés, casqués et empannachés " à l'antique" façon centurions (d'opérette):
les deux toiles ont été découpées de façon à s'encastrer parfaitement sur le muret qui délimite la chapelle latérale, et contre la chaire de prêche.
Epousant l'arc, la toile supérieure "raconte" la Passion avec la représentation des " Arma Christi": le visage du Christ sur le voile de sainte Véronique, la colonne de la dérision surmontée du coq du reniement de saint Pierre, l'échelle, la lance etc ...
Toussaint a trouvé la solution pour replacer le quatrième élément: il y a deux ans, nous n'avions pas su où l'installer. Ici, il le tient à bout de bras, faute d'avoir pu le fixer correctement. Fermant la chapelle du sepolcru, il présente le saint Sacrement gardé par deux anges et invite à son adoration. Il fallait- je le pense - entrer à genoux - dans cet espace du reposoir.
Ce sepolcru, malgré sa modestie, délivre les deux messages essentiels et complémentaires aux fidèles qui viennent prier ici lors de la Semaine Sainte: invitation à partager la Passion du Christ et adoration du Saint Sacrement.
dans le silence de la Chapelle San Tumasgiu di Pastureccia
(Castellu di Rustinu)
Pour un bref historique de la chapelle, voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/26/san-tumasgiu-di-pastureccia-castellu-di-rustinu.html
Pour une description des fresques, voir les notes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/27/les-fresques-de-san-tumasgiu-di-pastureccia.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/02/3-les-fresques-de-san-tumasgiu-suite-et-fin.html
Nous nous sommes arrêtés revisiter cette chapelle ornée de ces fresques merveilleuses dont on attend avec impatience la restauration: il a été décidé de procéder à des fouilles archéologiques avant d'attaquer les travaux. Espérons que les intempéries qui risquent d'altérer ces fresques déjà fragilisées (problèmes d'étanchéité du toit) n'auront pas le temps d'agraver la situation.
Il se dégage dans cette chapelle, malgré tous les dégats passés dont elle porte les stigmates, une athmosphère d'une grande douceur et d'une profonde humanité, : ici, ce détail de la Cène nous montre les apôtres en désarroi, s'interrogeant mutuellement, la main sur la poitrine: Jésus vient de leur annoncer que l'un d'entre eux va Le trahir cette nuit même ...
Achevant ce cycle de la Passion sur le mur Nord, la Crucifixion avec Marie au pied de la croix. Bouleversant.
et ce visage clos du Christ,
rescapé d'un élément peint sur le pied-droit de l'abside ...
Castellu di Rustinu, église paroissiale Santa Nunziata
la façade et le campanile, l'un des plus beaux de la région ...
Un somptueux maître-autel de Domenico Baina (restauration d'Ewa Poli):
l’architecte peintre-stucateur Domenico Baina (ou Baino) , était originaire de la région de Côme (état de Milan) : ses talents multiples se sont exercés en Corse entre 1695 et 1732. Un art baroque raffiné, coloré, qui enchante lorsqu'on redécouvre ses décors peints parfois sous les badigeons tardifs. Il contribuera à la formation de Giovanni Raffali, le premier peintre-stucateur de la célèbre dynastie des Raffali, originaire de la pieve d'Orezza.
la délicieuse chaire de prêche de Ignaziu Saveriu Raffali: rideau et rinceaux fleuris, ange grâcieux ...
le chemin de croix de Giacomo Grandi (mi- XVIII° s.):
Jésus cloué sur la croix, en compagnie de trois personnages hauts en couleur, tels qu'on les retrouvera dans les grands décors des sepolcri peints: même thématique, mais ici taille modeste pour cette dévotion du chemin de croix qui implique un déplacement circulaire autour de l'église, le long des quatorzes stations illustrant la Passion du Christ.
Ici, à gauche, un légionnaire armé d'une hallebarde contrôle la scène; à droite, un bourreau mauresque armé d'un efficace marteau de menuisier, tel qu'il était utilisé par les falegname de l'époque de Grandi, crucifie Jésus, sous le regard d'un autre personnage, censé être un centurion je suppose, mais totalement orientalisé, portant turban et aigrette ...
Sur le patrimoine exubérant des Chemins de croix peints en Corse, vous pouvez aller voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/30/chemins-de-croix-de-corse.html
et ce que vous n'avez pas pu voir, puisque ce magnifique sepolcru (en mauvais état et digne de restauration) de l'église de Castellu di Rustinu, remonté pour la première fois en janvier 2012, avait regagné les coulisses lors de notre passage. Ce sepolcru servait naguère non seulement pour le reposoir de la Semaine Sainte mais accompagnait également la Passion jouée par les villageois de Castellu ...
Je vous invite donc à ouvrir la note consacrée dernièrement à ce sepolcru de Castellu di Rustinu:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/02/03/le-sepolcru-de-castellu-sort-de-l-ombre.html
( à suivre!)
10:14 Publié dans corse, fresques de corse, la Semaine Sainte en Corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sepolcri de la semaine sainte, rustinu, frassu, castellu di rustinu | Facebook |