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22/01/2010

HIVER 2010

La vieillesse et l'hiver à Repotel, MARCOUSSIS ... avec Agrippa d'AUBIGNE
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" Mes volages humeurs plus stériles que belles
S'en vont, et je leur dis: " Vous sentez, Irondelles,
S'esloigner la chaleur et le froid arriver,
Allez nicher ailleurs, pour ne fascher impures
Ma couche de babil, et ma table d'ordures;
Laissez dormir en paix la nuict de mon hyver."
°°°
D'un seul poinct le Soleil n'esloigne l'hémisphère,
Il jette moins d'ardeur, mais autant de lumière.
Je change sans regrets, lors que je me repens
Des frivoles amours et de leur artifice.
J'aime l'hyver, qui vient purger mon coeur du vice,
Comme de peste l'air, la terre de serpens.
Marcoussis blanc 1.jpg
Mon chef blanchit dessous les neiges entassées,
Le Soleil qui me luit les eschauffe glacées,
Mais ne les peut dissoudre au plus court de ces mois.
Fondez, neiges, venez dessus mon coeur descendre,
Qu'encores  il ne puisse allumer de ma cendre
Du brazier, comme il fit des flammes autrefois.
°°°
Mais quoi, serai-je éteint devant ma vie esteinte?
Ne luira plus en moy la flamme vive et saincte?
Le zèle flamboyant de ta saincte maison?
Je fai aux saincts autels holocaustes des restes
De glace aux feux impurs, et de naphte aux célestes :
Clair et sacré flambeau, non funèbre tison.
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Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines:
Le rossignol se tait, se taisent les Syrènes:
Nous ne voyons cueillir ni les fruicts ni les fleurs:
L'espérance n'est plus bien souvent tromperesse,
L'hyver jouyt de tout, bien heureuse vieillesse,
La saison de l'usage, et non plus des labeurs.
°°°
Mais la mort n'est pas loin; cette mort est suivie
D'un vivre sans mourir, fin d'une fausse vie;
Vie de nostre vie, et mort de nostre mort.
Qui hait la seureté pour aimer le naufrage,
Qui a jamais esté si friand de voyage,
Que la longueur en soit plus douce que le port?"
("La saison de l'usage", Agrippa d'Aubigné)