18/07/2024
Quenza vendredi 26 Juillet conférence "le Théâtre de la Passion en Corse"
A QUENZA,
j'aurai le plaisir de présenter
Vendredi 26 Juillet en l'église Saint Georges (15h30)
"Le Théâtre de la Passion en Corse"
En Corse, la ferveur populaire s’est exprimée au cours des siècles à travers fresques, chemins de croix et reposoirs de la Semaine Sainte (sepolcri et cartelami).
Entre silence et chants, méditation immobile et déambulations collectives, le récit de la Passion mis en images retisse et spiritualise la trame de la communauté.
Elle nous laisse un riche patrimoine méconnu, souvent caché parce qu’éphémère, qu’il nous faut redécouvrir, comprendre, et tenter de préserver de l’oubli et de la ruine.
Le contexte: dès le XVIe siècle sont attestées des représentations de théâtre sacré dans le monde rural de la Corse : Passione, Misteri, Sacra Rappresentazione ...
irriguent la piété des Corses, attirent un public populaire, nombreux et enthousiaste.
Un théâtre sacré attesté jusque dans les villages et qui demande une grande organisation : des acteurs à la hauteur des milliers de vers à mémoriser et la création de décors éphémères et d’effets spéciaux pour illustrer si besoin est le Paradis et l’Enfer …
Ces Passione, crées pour renforcer la ferveur de la population, répondent également au désir de rétablir concorde et paix dans les villages parfois déchirés par l’inimitié entre les familles. (à lire et relire dans le riche ouvrage de Jean-Christophe Liccia: "Jeux, musique, danse et théâtre en Corse" éditions Alain Piazzola)
Témoins de la profonde piété des Corses, les innombrables manifestations de la Semaine Sainte jouent aussi cet office, nourries par le partage de la Passion au fil des fresques, de la Granitula, des 14 stations de la Via Crucis et par la fierté communautaire de présenter les plus beaux décors éphémères des reposoirs ( sepolcri ), en particulier lors des déambulations de la Cerca (la quête angoissée du Christ mort). La théâtralité de ces reposoirs témoigne du goût des Corses pour ces mises en scène qui renforcent la cohésion villageoise, intensifient la religiosité populaire : une expérience religieuse qui "relie" chacun à tous, et tous au Dieu sauveur.
Quenza abrite l'un des plus émouvants sepolcri de l'île:
(la tenture écran de Quenza)
( Jésus au Jardin des Oliviers)
"In monte Oliveti oravit ad patrem:
Pater si fieri potest transeat a me calix iste.
Spiritus quidem promptus est caro autem infirma"
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31/03/2023
Dimanche 2 avril au Svegliu Calvese de Calvi, évocation de la Passion
(le sepolcru de Castiglione, détail)
A Calvi , à 18H au Svegliu Calvese,
évocation de la Passion en Corse :
Une trame de la dévotion populaire, entre chants et silence, immobilité et mouvement, depuis le message des fresques des chapelles romanes jusqu’aux chemins de croix et aux décors cycliques et éphémères des sepolcri …
A travers les chemins de croix anciens et des installations cycliques des sepolcri, ces monuments dressés pour vivre et partager la Passion le Jeudi Saint et le Vendredi Saint, le diaporama fera découvrir un patrimoine méconnu, divers et richissime où s'épanouit la ferveur populaire dans les moindres villages de Corse.
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27/10/2018
une conférence à Barretali le 2 novembre 2018 :"le Théâtre de la Passion en Corse"
VENDREDI 2 NOVEMBRE à BARRETTALI,
à 15H
Dans le cadre du Festival d'Automne de la Ruralité qui est déjà bien entamé, je propose une conférence illustrée d'un riche diaporama sur le thème de l'iconographie de la Semaine Sainte à travers en particulier l'univers caché des décors des "sepolcri" ( des reposoirs) de lCorse. Un monde populaire et attachant à découvrir ou redécouvrir:
L'occasion de découvrir la grande tenture de sepolcru de Barrettali,
(photo M.E. Nigaglioni)
peint par Filippo Malavesi en 1872, jamais exposée en situation:
L'occasion également d'entendre le répertoire chanté de la Semaine Sainte par les chantres qui seront présents.
https://www.corsenetinfos.corsica/Festival-d-automne-de-la-ruralite-un-voyage-culturel-sur-la-Via-San-Martinu_a36150.htmlil y a 1 jour ... Rendez-vous incontournable de l'automne, le Festival d'automne de la ruralité se tient du 17 octobre au 11 novembre, sur un territoire rural, ...
09:35 Publié dans festival d'automne de la ruramlité, semaine sainte en corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barrettali | Facebook |
11/04/2017
a Schjudazione di Munticellu
VENDREDI 14 AVRIL 2017,
Célébration de "A SCHJUDAZIONE di MUNTICELLU",
ce vendredi à 15h dans l'oratoire de confrérie San Carlu,
pour la troisième année consécutive:
je réédite cette note de l'année dernière
La Schjudazione sera suivie de la procession dans le village avec le Christ, puis de la Granitula, et enfin de l'adoration de la Croix.
Ce Vendredi Saint 25 Mars 2016
Monticello renouait pour la deuxième année consécutive avec la poignante célébration de la Schjudazione, le "Déclouement", ou Déposition du Christ et sa mise au tombeau.
Tout est parti de l'engagement de la confrérie nouvellement reconstituée de San Carlu et de la restauration par Renato BOI du grand Christ aux bras articulés (une sculpture anonyme en bois polychrome du XVII°s., à taille humaine).
Replacé dans son cataletu, il aurait pu rester un bel objet du patrimoine de Monticello, sommeillant à nouveau dans la quasi indifférence générale, et n'être que présenté de temps en temps à la curiosité des visiteurs, lors des Journées du Patrimoine par exemple, comme tant d'objets proposés par la muséographie, et dépouillé de son rôle premier: acteur dramatique de la vie communautaire du village. Ce qu'il était encore il y a quatre-vingts ans.
En l'absence de documents plus explicites, essayons d'évoquer le contexte de l'apparition de ce Christ. A la fin du XVII° siècle, la grande Casazza San Carlu est déjà construite: l'abbé Antoine Orticoni, le célèbre chroniqueur et généalogiste de Monticello au début du XIX° siècle, "pense que l'église Saint-Charles a été construite avec les pierres provenant des anciennes fortifications de Monticello et de la porte de Borgo dont on a pris le seuil supérieur pour en faire le linteau de la porte principale (...)"* et évoque une date , 1697, qu'il aurait lue au-dessus du magnifique maître-autel baroque, et qui pourrait bien être celle de l'élégant décor stuqué du dit autel. Il faut rappeler qu'au cours du XVI° siècle Monticello, village côtier, fut victime de terribles incursions barbaresques à répétitions:
- en 1530, par les Turcs
- en 1539, par le terrible amiral ottoman Dragut (Darghout, le "dragon") qui capture des habitants et détruit une partie des habitations...
- en 1541, les turcs "revisitent" Monticello...
- en 1549, Dragut (fait prisonnier par le neveu d'Andrea Doria et libéré en 1544 contre rançon après un assez bref passage sur les galères ...) sévit à nouveau ...
- "en 1584, mise à sac de Monticello par le Roi d'Alger qui brûle l'église, les maisons et les tours. 300 des 400 habitants du village sont emmenés en esclavage."*
A la fin du XVI° siècle, le village parvient à se doter d'une meilleure défense par l'édification de tours et de fortifications plus efficaces, et se reconstruit : les églises de San Bastianu et San Carlu s'inscrivent quelque temps plus tard dans cet effort de reconstruction.
*(Vingt chapitres de l'histoire de Monticello, publié par l'Association d'études Historiques et Généalogiques de Monticello, chez Albiana)
le beau maître-autel de San Carlu: équilibre de l'architecture, sobre élégance des stucs, nous sommes bien au XVII° siècle ...
et notre ami Jacques Martelli, le Prieur de la Confrérie, présentant la Schjudazione, ce Vendredi 25 mars 2016.
La date et les circonstances précises de l'arrivée du grand Christ aux bras articulés dans la Casazza reste un mystère: la seule indication qui le mentionne est fort tardive, puisqu'on apprend dans un registre de la confrérie que le 5 Août 1849, le peintre Luiggi Brunetti le "remet en état", Brunetti qui réalise également le chemin de croix de la Casazza. Il faut comprendre la fragilité d'un tel patrimoine, soumis chaque année lors de la Passion à des manipulations délicates, en particulier au niveau de l'attache des bras, mis en croix, puis décloué, transporté en procession, et enfin replacé dans son "sepolcru" sous l'autel de St Antoine de Padoue ...
Je ne peux qu'imaginer, quelle que soit la date exacte de sa venue, l'intense émotion qu'a dû provoquer chez les villageois d'autrefois cette première mise en scène dramatique du Vendredi Saint, lorsque, à la lumière des cierges et dans la tension lancinante des chants:
"Vi prego, o Gesù buono,
Per la vostra Passion darci il perdono",
dressé et cloué sur sa haute croix devant l'autel, le Christ prend chacun à témoin de sa Passion, empoignant, unifiant dans une même ferveur exacerbée confrères et fidèles; puis, "Tuttu hè compiu " - "tout est consommé",
" Il sol s'oscura e infin la terra il sen disserra pel gran dolor. Morti è il Signor. O peccatore: se non piangi, sei senza cuor",
et après le vacarme des Ghjocche des Ténèbres, peu à peu, le grand corps décloué, lentement descendu, déposé, inerte, aux pieds de la Vierge: si tu ne pleures pas, tu n'as vraiment pas de coeur!
Quant à nous autres, gens du XXI° siècle, à chaque instant submergés d'images, de sons, d'informations en tous genres, et qui vivons, si nous le souhaitons - avec quel appétit délétère! et sans le secours du symbole- , la mort crue en direct par ondes interposées, quel effort devrons faire pour nous purger un instant de cette intrusion permanente qui ramollit nos émotions les plus légitimes, et pour retrouver un vestige même affaibli de cette Passion théâtralisée, telle que devaient la vivre dans toute son intensité nos villageois des XVII°, XVIII°, XIX° et du début XX° siècle ...
Un rituel dramatique et spectaculaire qui réunissait, unifiait, une fois par an, jeunes et vieux, petites gens et notables, catalysait les compassions les plus profondes et les plus archaïques autour du Christ souffrant et de sa Mère, faisant de la mort du Christ un deuil familial et communautaire.
Un rituel certes bien ancré dans le militantisme catholique post-tridentin, exaltant la figure douloureuse du Christ, et dont on retrouve l'esprit dans le développement des chemins de croix prêchés en Corse lors de la mission en 1744 de San Leonardo da Porto Maurizio.
Plus laborieusement viendra le travail de l'Eglise pour inculquer aux fidèles la transsubstantiation (la conversion du pain et du vin en Corps et Sang du Christ lors de l'Eucharistie ), la dévotion eucharistique qui doit aussi habiter les sepolcri de la Semaine Sainte : double reposoir du Christ mort et de l'eucharistie, concrétisée par ces petits tabernacles où l'on transportait les hosties consacrées à la messe du Jeudi Saint pour communier le lendemain à l'office du vendredi saint, puisque le vendredi l'on ne célèbre pas une messe, mais la croix et une liturgie de la parole. "Chapelle du saint Sacrement", "chapelle du sépulcre", "reposoir" ... mais chapelle ardente où veiller le Christ!
Double dévotion, comme on peut le voir ici, au fond du grand sepolcru de Ficaghja (peint par Francesco Carli autour de 1760): en antependium, la Déploration de la Vierge tenant son Fils mort sur les genoux; au-dessus, un petit autel dressé supportant un modeste tabernacle de bois qui recevait les hosties consacrées le Jeudi; et la croix où pend le Bindellu, comme une dernière présence en creux du Christ.
Le petit sepolcru anonyme de Frassu évoque la même double dévotion en haut, les "Arma Christi", c'est-à-dire les symboles des instruments de la Passion, et en-dessous, deux anges veillant sur un calice symbolisant le saint Sacrement... Plutôt qu'une double dévotion, il faut plutôt parler d'un enseignement total.
***
Revenons à Monticello: s'il a existé, le tabernacle du Jeudi Saint n'est plus présent. Ici, comme souvent en Corse, la religiosité se reconnait davantage dans la méditation naturelle et très humaine sur le corps souffrant du Christ et la douleur de sa Mère, plus que dans la dévotion conceptuelle de l'eucharistie.
Malgré l'acculturation de notre époque, malgré l'affaiblissement de la conscience communautaire aggravé par l'anarchie des politiques immobilières, le relâchement de la trame sociale, grâce au travail de la Confrérie San Carlu reconstituée ces dernières années, a resurgi la nécessité pour quelques-uns de se réapproprier un patrimoine rituel, de réinvestir le champ du sacré et, à travers la renaissance de la Schjudazione, d'en faire un point d'ancrage pour tous ceux qui viennent partager ce moment comme on partage un rite funéraire autour d'un proche. Assez diversement, simplement, assez fortement ...
Voici quelques images qui illustrent ce travail. Les confrères et les femmes de Jérusalem entourent le Christ, Marie, Marie-Madeleine et Jean, les accompagnent par la lecture du récit de la Passion, les méditations, les bercent de leurs chants: l'émotion est au rendez-vous.
l'entrée des confrères: "Miserere mei Deus ..."
de part et d'autre de la croix, les lecteurs et les chanteurs, entre Evangile et chants:
"l'Orme sanguigne del mio Signore tutto dolore seguiterò
E'I cuore intanto per gli occhi in pianto sopra il Calvario distillerò" ...
"ma unu di i suldati li dede una lanciata à u latu è subitu zirlonu sangue è acqua"
(Evangile selon St Jean)
Joseph d'Arimathie et Nicomède installent les échelles
"Cacciate a curuna di spine!"
"Prinsitate a curuna di spine!"
"Perdono, mio Dio
Mio Dio, perdono
Perdono, mio Dio
Perdono e pietà!"
"Cacciate u primu chjodu! Prisintate u primu chjodu!"
Présentation du premier clou ...
Et Lamentation de la Vierge:
Il Pianto della Madonna chanté par les femmes de Jérusalem:
"Caro fiflio, ahimè qual sorte!
Sei trafitto e tutto esangue,
Fu spitato più d'un angue
Chi Ti diè si cruda morte."
Le Christ est lentement descendu, soutenu par le Bindellu
"Stabat Mater dolorosa
Juxta crucem lacrimosa
dum pendebas Filius"
Pianto della Madonna ...
Les femmes de Jérusalem entourent le Christ déposé dans son linceul et Marie
Le Christ est descendu au fond de l'oratoire puis remonté vers le Sépulcre:
"O Gesù, Figlio del Dio vivente, abbi pietà di noi"
"Cristo pane vivo disceso dal cielo
Per la salvezza del mondo
Abbi pietà di noi"
Le Christ est replacé dans son Sepolcru ...
... la procession dans le village peut commencer ...
"Evviva la croce, la croce evviva
Evviva la croce e chi la portò"
17:23 Publié dans a schjudazione de Monticello, Schjudazione di Munticellu, semaine sainte en corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
10/04/2017
Jeudi 13 avril, découverte de l'église d'Omessa, Santa Lucia di Mercurio et Castellare di Mercurio
Jeudi 13 Avril : comme chaque année l’Association Saladini propose un parcours où s'illustrera entre autres le thème de la Semaine Sainte.
Cette année nous circulerons dans les antiques Pieve de Talcini et de Mercurio.
Rendez-vous à 9h sur le parking du super-U de Ponte-Leccia.
Le matin sera consacré à l’église Sant’Andria d’Omessa, récemment restaurée et où la restauratrice Ewa Poli a découvert fortuitement en décembre 2014 et dégagé une fresque magnifique du XV° siècle - voir la note:
les énigmes de la fresque d'Omessa : ELIZABETH PARDON
elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2015/02/.../le-mystere-d-omessa-5556050.ht...15 févr. 2015 - Les énigmes de la fresque découvertes en novembre 2014 dans l'église Sant' Andriad'Omessa Pieve de Talcini ( dernière visite le..(la charité de Saint Martin et l'énigmatique jeune mendiant aux pattes d'oiseaux)
puis à l’église de Santa Lucia di Mercurio, où l’on pourra admirer un grand sepolcru peint au XVIII° siècle par Francesco Carli : une occasion exceptionnelle de découvrir ce bel ensemble monumental dédié à la dévotion de la Semaine Sainte et monté pour cette journée grâce à l’implication bienveillante du maire de ce village, M. Parigi.
(élément du sepolcru de Francesco Carli, à Santa Lucia di Mercurio)
Voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/06/14/santa-lucia-di-mercurio.html
Puis pique-nique tiré du sac du côté de la chapelle romane San Lorenzu de Tralunca.
L’après-midi sera consacrée au village de Castellare di Mercurio où l’on découvrira la charmante église San Pietru et où l’on pourra encore voir un petit sepolcru peint au XIX° siècle par une artiste du village, Angèle Parigi.
Cette région, comme une partie de la Castagniccia, a souffert des intempéries de cet hiver: routes coupées, éboulements ... forçant les utilisateurs de ces petites départementales à quelques détours ...
Renseignements au 06 17 94 70 72
En annexe, sur la découverte de la fresque d'Omessa:
france3-regions.francetvinfo.fr/corse/haute-corse/une-fresque-exceptionnelle-decouverte-dans-l-eglise-d-omessa-618600.html
15:52 Publié dans Omessa, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : santa lucia di mercurio | Facebook |