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16/12/2011

Brève du Purgatoire: vergogna!

 

la mort programmée hier soir:

rien à voir avec les feux de Noël de la semaine prochaine ...

sur la route.jpg

le vent violent

la mort.jpg

attisait la boulimie du feu

mort de l'arbre.jpg

condamnant à mort les derniers arbres de ce pan de montagne, entre Occhiatana et Belgodère (comme ailleurs en Corse) :

honte à ceux qui mettent le feu ces temps-ci. Véritables assassinats, en vérité, puisqu'au travers de la mort de la végétation qui ancre le sol sur les montagnes, c'est la mort des générations d'enfants à venir sur ce sol que les pyromanes inconscients continuent de programmer. Rien à voir avec un écobuage traditionnel maîtrisé: si l'on veut préserver le patrimoine des générations futures il faut (réellement!) interdire pacage, chasse et surtout ... spéculation immobiliaire sur ces terrains incendiés sauvagement les jours de vent.

Une violence qui s'exerce contre un pays que l'on dit aimer.


A propos de violence, je veux signaler ici l'un des ouvrages les plus intéressants publiés cette année par l'éditeur Alain Piazzola dans le paysage littéraire de la Corse, étude remarquable d'Antoine-Marie Grazziani :

 

la violence dans les campagnes corses.jpg

Une période où les Corses vivent essentiellement dans et de leurs campagnes, contrairement à aujourd'hui:

"Nous privilégierons donc dans cette étude la pratique et l'étude des réalités politiques "hétérogènes et multiformes" du terrain au détriment de ce qui a le plus souvent été présenté comme clef de lecture et d'interprétation privilégiée, c'est à dire les normes et les institutions."

la violence verso.jpg

 

Pour tous ceux qui font profession d'aimer la Corse en la submergeant sous des clichés angéliques, autant revoir leur copie. La lucidité, me semble-t-il, me semble nécessaire pour nourrir un amour pérenne ...

17/04/2011

Brève du Purgatoire: l'église piévane San Giovanni Battista de Tuani

La Piévanie de Toani

 


san Giovanni Battista piève de Toani.jpg

Le site de cette église en ruines jouxte l'ancien couvent franciscain observentin de Tuani (" E hanno in questa pieve, li frati Minori de Santo Francesco, uno monastiro non manco bello di edificii che di  sito": Agostino Giustiniani, in  Description de la Corse  [premier tiers du XVI ème. s] , publié par Antoine-Marie Graziani) , admirablement implantée dans le paysage entre les communautés de cette Piève de Tuani, à la croisée des chemins entre les anciens villages médiévaux :

li Quercioli ( village disparu au nord de Belgodère), Belgodère, Ochjatana, le Ville (Ville di Paraso ne prendra ce nom qu'à la fin du XVIII°s.), la Costa ( centre de la pievanie),  le Cavalleragie ( disparu, au sud du couvent), Speluncato  (cette dernière communauté  était partagée entre la Pieve de Tuani et celle de Sant'Andrea)

Ecoutons à nouveau Monseigneur Giustiniani, à travers l'introduction d'Antoine-Marie Graziani (idem, Description de la Corse, Editions A. Piazzola, p.LXX) :

 

" Cette pieve (...) se réduit à trois Capelle à l'intérieur desquelles se partagent les différents villages habités.


- Capella San Gavino ou Communauté de Belgodère

- Capella San Bartolomeo ou Communauté d'Occhiatana. Elle comprend Occhiatana et Costa.

- Capella San Simone de Ville di Speloncato. Elle est composée de Ville, Rusto, Olivacce, Querci et Cavaleraccie."

(Relazione della Prima Visita Pastorale)

 

***

Le lieu-dit porte le nom de Pieve.


le mur et la porte ouest blog.jpg


Ce matin, visite mélancolique de ce beau lieu: nous nous tenons à une distance raisonnée du troupeau de vaches qui désormais fréquente assidûment le lieu et peut efficacement se gratter le dos sur les pierres de l'église. Chronique d'une ruine avancée, acceptée.

 

Des tuiles et des briques romaines trouvées sur le site évoquent une implantation antique: toute cette région généreuse de Balagne connait l'agriculture depuis le néolithique, et la présence romaine poursuit naturellement l'histoire de l'occupation humaine. Qu'y avait-il dans l'antiquité ? On peut penser à une colonisation agricole des Romains dont nous retrouvons la présence non loin de là, entre autres sous Speluncato, avec "I Bagni", restes de thermes romains ... 


Aujourd'hui les ruines de cette importante église piévane (22m de longueur sur 9 m de largeur) montrent une reconstruction tardive, sans doute au XIVème siècle, d'un sanctuaire de l'époque pisane romane (XI°s. ?). Pour une raison que nous ignorons, l'abside en cul de four à l'est nous manque,

 

pieve Toani l'arc et le choeur blog.jpg

et l'arc triomphal ouvre désormais sur un choeur plat ...

La végétation envahit le sol, mais aussi les murs , continuant de desceller les pierres

pieve lierre blog.jpg

comme ici, ce lierre vigoureux qui vampirise le mur nord est

bandeau sculpté sous l'arc blog.jpg

De nombreux éléments sculptés ou taillés ont été réemployés lors de la reconstruction du XIV° S., comme ici ce bandeau orné de petits cercles,

pieve de Toani pilastre intérieur blog.jpg

où là , au-dessus des pilastres à pans coupés


  

Les belles dalles de revêtement, en granit blanc, ocre ou gris ont retrouvé une place, ainsi que la polychromie des claveaux alternant le gris sombre et le blanc, dans les arcs de décharge au-dessus des portes:

pieve Toani porte ouest.jpg

ici la façade ouest

mur nord et porte blog.jpg

 

et là, la porte du mur nord. A côté, la béance d'une plaie ouverte, pierres arrachées.

 

porte ouest et Ville blog.jpg

(à travers la porte ouest, Ville di Paraso)

Voici donc ce qui reste de ce qui fut le coeur de cette Pieve de Tuani:

Là où venaient se faire baptiser  et juger (" a petra all'arringu" , l a pierre de justice, autrement dit le Tribunal se tenant le plus souvent près de l'église piévane : "on prêtait serment sur la petrall'arringo qui était souvent le couvercle d'une des sépultures entourant la piévanie"- G. Moracchini Mazel,les églises romanes de Corse, p. 202)  tous les habitants de cette pieve fertile, sous la protection de de San Giovanni Battista, c'est une ruine désormais abandonnée à la  villégiature des vaches et des taureaux qui viennent s'y frictionner l'échine entre deux meuglements printaniers. J'émets le souhait que nous trouvions prochainement  pour ce lieu significatif er chargé d'histoire - bien que situé sur un terrain privé-  une solution pour le conserver comme patrimoine insigne de cette communauté de la pieve de Tuani, voire, pour que nous puissions, un jour, envisager sa restauration ...

Notons enfin que le titre d'église pievane échut dès le le XVI°s. à l'église voisine San Michele de Speluncato: " ... chiesa di San Michele, che di presente serve per la chiesa plebania di Tovani, il titro pero di S. Gio. Battista, chiesa situata nella pieve di Tovani; resta mezzo miglia lontano da Speloncato vicino alli frati Riformati ..." (Mgr Marliani, 1646)

Martyre st Jean Baptiste blog.jpg

La petite église paroissiale San Salvatore de Costa conserve sans doute quelque nostalgie de ce titre piévan, comme en témoigne cette peinture   ( F. Giavarini, début XIX°s.) de la voûte représentant le martyre de san Giovanni Battista, le saint patron de l'ancienne église piévane de Tuani.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



06/01/2011

petite brève du Purgatoire: "Organo pleno" en Corse mardi 28 décembre 2010

 

Sur FRANCE-MUSIQUE, le deuxième volet de l'émission d'ORGANO PLENO, de Benjamin François,

ce 28 décembre dernier.

 

 

Monticello blog.jpg

(Un des plus beaux instruments emblématiques de la Balagne: l'orgue anonyme de la confrérie San Carlu, 1733, restauration de B. Formentelli en 1976: si mes oreilles ne m'ont pas trahie, c'est ici qu'a été jouée et enregistrée la toccata de Zipoli,  par Dominique Ferran (in "Zipoli l'Européen, les chemins du Baroque, CD K 617 037, en 1993) - Au fait, une véritable discographie des orgues corses eût été bien venue dans cette émission ou, à défaut, sur le site de Benjamin François)

J'ai écouté hier en différé cette deuxième émission sur les orgues de Corse. En vérité je reste perplexe sur les intentions de Benjamin François: voulait-il faire découvrir les orgues de Corse et à quel public s'adressait-il? Connaisseurs? "grand public" ?  Quoi qu'il en soit ce deuxième volet, plus intéressant en soi que le premier, m'a semblé davantage dédié à la voix qu'aux orgues de l'île: il  eût mieux trouvé sa place dans une étude sur le chant polyphonique  en Corse.

Toute cette émission repose sur une idée sympathique mais irréelle quant aux pratiques d'aujourd'hui, celle d'un alternatim entre les chants polyphoniques et les interventions de l'orgue.

Parole de coliturge, si je m'avisais de pratiquer cette alternance improvisée entre les versets chantés par les chantres du village lors du Kyrie,  du Gloria ou de l'Agnus en situation de messe à Speluncatu, je m'attirerais les foudres de mon curé, toujours "à la bourre" entre deux offices!

Que cet alternatim ait existé par le passé, on peut le penser, à une époque désormais révolue où il y avait au moins un prêtre par paroisse et où les cérémonies se déroulaient avec tout  le temps et le faste requis ...

 

Les interventions fort savantes de nos amis de Pigna témoignaient de leur travail depuis des décennies pour le riacquistu du patrimoine culturel de la Corse. En revanche je doute qu'à l'écoute de cette émission les auditeurs non initiés aient découvert réellement ni la diversité du patrimoine organistique de l'île, ni la pratique actuelle du chant dans les villages.

 

Pour les orgues, on aurait aimé en savoir un peu plus sur la composition de ces instruments, goûter, comme on goûte les vins de terroir, la saveur particulière de tel ou tel jeu, du cornetto, de la voce umana ... et si les interventions à l'orgue Viviane Loriaut sont toujours aussi musicales (ah! le Tiento de Correa!) on aurait apprécié qu'elle nous fasse entendre cet orgue Agati-Tronci de Rogliano aussi  avec un répertoire du dix-neuvième siècle, ce qu'elle fait également très bien (voir sa discographie). Bref, un grand nombre d'orgues corses datant du 19° siècle il me semble très réducteur pour le public de n'évoquer que la musique ancienne de nos très chers Frescobaldi ou Correa de Arauxo !

 

 

Rogliano tribune et buffet orgue Lazari blog.jpg

 

La tribune et le buffet de l'orgue de Roglianu, église sant Agnellu, qui abritait au 18°siècle l'orgue LAZARI de 1731. La reconstruction et l'agrandissement de cet orgue par la firme Agati-Tronci en 1888 va mettre en danger l'ensemble...

 

Rogliano orgue déposé blog.jpg

 

la tribune, alourdie par l'augmentation des jeux, est menacée d'effondrement et lors de la restauration en en 1988, J.F.Muno va installer l'orgue restauré dans une chapelle latérale: c'est cet instrument  que nous avons entendu lors de l'émission du 28 décembre.

 

Rogliano tirage de jeux blog.jpg

l'esthétique musicale de cette fin 19° siècle se traduit par l'abondance des jeux " da concerto", où en particulier les anches se font la part belle ...

 

costa tirage de jeux blog.jpg

 

Il est bien évident que la composition (6 rangs de ripieno décomposé + flauto + voce umana) d'un petit orgue comme celui-ci à  Costa, anonyme du début 19°siècle, évoque une toute autre pratique musicale ... plus proche de l'esthétique classique italienne des 17° et 18° siècles  et servira d'autres musiques. C'est ce qu'on aurait aimé percevoir dans l'émission de Benjamin François.

Par ailleurs quelques erreurs "d'étiquetage" des plages sonores ont embrouillé l'écoute ... du moins pour les connaisseurs. Peu importe sans doute: probablement estime-t-on en haut lieu qu'un orgue en vaut un autre et que tous les interprêtes sont interchangeables ...

 

Enfin, à nouveau on peut s'étonner de ne pas avoir appris ce qu'a été et ce qu'est toujours "ROC" (Renaissance de l'orgue corse), cité dans l'émission mais sans explication. Etrange zappage qui occulte une masse de travail et de connaissance sur l'orgue corse.

***

 

Venons-en au chant.

L'histoire de cette réappropriation mériterait plus qu'une note brève de réaction à cette émission.

Pour faire court, disons seulement ceci: le propos du chantre et confrère de Roglianu, évoquant la transmission naturelle et tranquille du chant entre les générations m'a paru ce qu'il y avait de plus juste et de plus réaliste. Certes il a été nécessaire dans différentes communautés de renouer avec le chant du village grâce au travail "musical" de certaines personnalités, mais heureusement ce travail initial ne s'est pas sclérosé dans un seul mode opératoire et notre expérience du chant s'est rapidement affranchie de tout calque extérieur: avant tout, le chant, ce sont des gens qui le passent, qui l'expriment avec leurs qualités particulières et parfois aussi leurs manques. Il n'y a pas un seul modèle labélisé pour porter le chant,  une seule démarche "esthétique" pour recevoir l'estampille AOC du chant corse ... Il n'est souvent pas nécessaire d'ornementer de façon savante pour être "juste" Ni du reste d'être dans la polyphonie pour être corse.

 

J'ai le souvenir d'un Libera me terriblement simple et poignant, chanté à voix seule par un vieux monsieur de Muro pour l'enterrement d'une jeune femme: on était là aux antipodes de ces beaux chants polyphoniques qui plaisent tant aux amis touristes, mais on était dans la réalité profonde de ce chant d'adieu et d'accompagnement. Des souvenirs comme celui-là, j'en ai beaucoup qui témoignent avant tout d'une façon simple d'être au chant, rien de savant, mais tout dans la présence sans tricherie, dans l'intention et le partage. 

 

Ceccu Santu et Nunziu blog.jpg

A ce sujet, seulement un autre souvenir: sur cette vieille  photo que j'aime beaucoup, l'on voit Ceccu Saladini au centre, chantant en compagnie de Nunziu et de Santu. Pour les amis du Ghjunsani, ces noms disent beaucoup ... Nous avions ensemble travaillé à la renaissance des chants religieux d'Olmi Cappella et pour moi cette période privélégiée m'avait ouvert les oreilles et le coeur, me conduisant par la suite au travail communautaire de la messe de Speloncatu .

Un peu plus tard, Ceccu, après le décès de sa chère épouse, affligé et fatigué, avait désormais refusé de chanter encore pour l'église. Jusqu'au jour où une vieille dame amie décèda à son tour à Piuggiula: et là, contre toute attente, Ceccu, pour la dernière fois, lui a fait, nous a fait le cadeau de sa présence. Dans la petite église bondée, vous auriez entendu voler une mouche: nous étions suspendus à la voix de Ceccu, voix d'asthmatique et de cardiaque. Avec lui, le bassu et la terza accompagnèrent ce jour là  ce filet de voix dans un murmure doux comme une ultime berceuse, un ultime viatique pour Angèle ...

Cette émotion là me parait bien loin de l'apprentissage  formaté de la riuccada ou de l'harmonie traditionnelle. Tous ces groupes vocaux qui interprètent avec leurs voix magnifiques le répertoire traditionnel des villages sont  parfaits en concert mais sans doute plus proches des conservatoires de musique que des communautés villageoises elles-mêmes. Ils n'ont sans doute plus grand chose à voir avec le travail solidaire et de longue haleine mené par les confréries des villages ni avec leur rôle au sein des villages  ... Deux mondes distincts.

Olmi Cappella les 3 chantres.jpg

Ici les trois chantres qui chantent a Nanna à Olmi Cappella (entendue au cours de l'émission)

in: Chants religieux et Orgues de Corse,

double CD avec les orgues d'Olmi Cappella et de Muro,

Marie Hélène Geispieler à l'orgue.

Disque CORIOLAN COR/GPP 325 0401

 (à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

29/09/2010

la confrérie féminine de San Petru di Nesce/Nessa

San Petru di Nesce, Pieve di Sant'Andrea

(Je reprends et complète, avec les informations les plus récentes, ma dernière note sur ce sujet)

Nessa fresque confrérie féminine blog.jpg

E PISOCHJE (fresque du XV° siècle), dans le reste de l'abside du reste de la chapelle dans le cimetière...

Notre ami Joseph Orsolini , dans son ouvrage de référence: " L'Art de la Fresque  en Corse de 1450 à 1520" (édité par le Parc Naturel Régional de la Corse) avait déjà tiré en 1989 la sonnette d'alarme pour signaler l'état désespéré et désespérant de ce petit joyau unique dans l'histoire des fresques de Corse.

Nessa-massacre chapelle fresques juillet 2007 001.jpg

La petite abside de cette chapelle dévorée par les sépultures anarchiques, massacrée par le ciment ...

Je cite Joseph Orsolini (p. 42):

" Heureusement pour notre connaissance du programme iconographique des fresques de l'Ile de Corse, le choeur de cette chapelle conserve encore, comme le bien le plus précieux de son ancienne grandeur, un tout petit détail pictural d'une première importance. Il s'agit de la représentation d'une confrérie de femmes toutes de blanc vêtues adoptant une attitude de prière (E Pisochje).

(...) Cette représentation de confrérie de femmes est un cas unique , une originalité dans l'ensemble des peintures murales existant aujourd'hui en Corse."

J'ai déjà par le passé écrit une "Brève de Purgatoire" (note du 11/07/2007) sur ce témoignage de Nessa. Je passe souvent dans ce lieu, avec tristesse et révolte. En cette année où l'on célèbre avec tant de faste et d'esthétique le monde des Confréries en Corse au Musée de Corte, je demande: ne fera-t-on rien pour sauver ce fragile témoignage d'une confrérie féminine? La Vierge en Majesté avec l'Enfant Jésus sur ses genoux qui occupait une partie importante de l'abside, Vierge de Miséricorde protégeant sous son manteau, me semble-t-il, cette confrérie de femmes , a quasiment disparu.

nessa-massacre fresques juillet 2007 008 détail visage.jpg

 ( visage de l'Enfant ? )

 nessa-juillet 2007 le pied du petit Jesus blog.jpg

(le pied de l'Enfant Jésus)

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(Ce qui reste de Saint Pierre tenant la clef du Paradis et le Livre saint)

Cette chapelle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis le 7 mars 1990. Je viens d'apprendre que la commune de Nessa a exprimé ( précisément le 29 janvier 2010) sa volonté de sauver ce patrimoine et le désir d' obtenir une subvention qui lui permettrait, pour un coût dérisoire, de transmettre aux générations futures ce témoignage unique en Corse.

Il faudrait enfin comprendre qu'on ne mesure pas toujours l'importance d'un patrimoine pictural communautaire à sa surface pas plus qu'on ne mesure l'importance d'un patrimoine chanté à ses décibels: ici ces quelques centimètres carrés peints en disent plus que  bien des gloses. 

Nessa-massacre chapelle fresques juillet 2007 visages.jpg

 (dossier à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17/07/2010

Brève du Purgatoire: Santa Maria di Rescamone

Les pierres qui signent ...
 
commune de Valle di Rustinu,
la Pievanie de Santa Maria et San Giovanni Battista di Rescamone, anciennement diocèse d'Accia
Petite chronique d'un pillage récurrent ...
Rescamone en arrivant blog.jpg
Jeudi dernier, toujours le même frémissement de joie et d'inquiétude lorsqu'on découvre ce site, trop isolé, trop délaissé, livré à l'âpre imbécillité humaine: il y a quelque temps, lors d'un parcours avec des amis, nous avions surpris des malfaisants armés de "poêles à frire", s'acharnant à explorer le sol du site dans l'espoir de gagner les énièmes trois sous au détriment de la connaissance archéologique ... Pris sur le fait, et coincés par un jeune de la mairie que nous avions pu alerter, les pilleurs s'en étaient retournés piteux, la queue (de la dite poêle). basse .. mais se promettant sans doute bien de recommencer à la première occasion ...
Rescamone l'église sta Maria blog.jpg
Ce site exceptionnel raconte beaucoup sur l'implantation de la christianisation à l'intérieur de l'île, puisque les fouilles menées par Geneviève Moracchini Mazel ont révélé que cette église romane succède à un sanctuaire paléochrétien comportant une basilique à trois nefs et un petit baptistère, visible ici au premier plan (la construction de briques protège la petite cuve baptismale cruciforme).
Je vous renvoie, si possible, au cahiers Corsica 98/99, publiés en 1982 par la Fagec, qui relatent les fouilles menées par G.Moracchini Mazel dès 1956, et au riche ouvrage "CORSICA SACRA" écrit et publié il y a quelques années par G. M. M.
Rescamone à l'intérieur du baptistère blog.jpg
Le  baptistère octogonal et roman qui jouxte l'église, le plus grand de Corse, a été victime, comme l'ensemble du site, des glissements de terrains qui l'ont conduit à la ruine. Tel qu'il est aujourd'hui - heureusement consolidé par des piles de renforcement lors les travaux archéologiques successifs de G. Moracchini Mazel - ce baptistère reste impressionnant, dans la solitude paisible du lieu.Rescamone arcature baptistère blog.jpg
 il a conservé en place par endroits son arcature ...
 
Rescamone arcs prêts à être volés blog.jpg
...mais  malheureusement d'autres arcs  depuis des années à l'abandon,  gisaient au sol ... prêts à être volés. Comme tant d'autres belles pierres et dalles réutilisées à droite et à gauche: voilà une carrière bien commode!
Pour orner quoi donc ? Voyons voir ? Un chic salon? Une cheminée de style ? Formidable, chère madame, vos murs d'un goût exquis et vos amuse-gueule aussi!
 A chacune de mes visites, donc,  je les comptais, ces pauvres pierres soigneusement taillées au XIIème siècle pour célébrer la naissance à la vie chrétienne ...
L'inévitable s'est produit: ce jeudi 15 juillet, ils n'y étaient plus. Dont acte.
(à suivre)