18/10/2017
une journée en Costa Verde le 9 septembre dernier- 2° partie: Santa Lucia di Moriani, Cervione, Santa Cristina di Valle di Campuloru
Echos de la journée du 9 septembre dernier, deuxième partie
L'après-midi à Santa Lucia di Moriani, Cervione et Santa Cristina di Valle di Campuloru
Santa Lucia di Moriani:
(médaillon cental du sepolcru de Santa Lucia di Moriani)
l'église Santa Lucia di Moriani, premier quart du 17° siècle, remaniée au 18° et 19° siècles
Nous avions proposé, le 1° mai dernier, une journée de découverte du monde des sepolcri avec la FAGEC, pour sa trentième sortie ... et pour beaucoup ce fut ici une première rencontre avec ces extraordinaires décors éphémères de la Semaine Sainte. Même étonnement ce 9 septembre devant le sepolcru monumental de Santa Lucia di Moriani!
Un grand sepolcru anonyme de la fin du 18° siècle, certainement inspiré par ses grands frères de Ficaghja et de San Damianu. Sur les côtés, les "Arma Christi": les instruments de la Passion. Les panneaux peints forment une sorte de chapelle funéraire évoquant la Passion du Christ.
Le jardin des Oliviers et l'arrestation de Jésus
Le portement de croix
le plafond, détail
et au fond, la Vierge des Douleurs pleurant son Fils.
Pour comparaison, voici les deux sepolcri de San Damianu et de Ficaghja, en Castagniccia:
le sepolcru monumental de San Damianu, peint par Giacomo Grandi en 1751, ici exposé à Gênes en mai 2013 lors de la grande exposition d' "Il gran Teatro dei cartelami"
(le sepolcru de Ficaghja, le plus grand! peint par Francesco Carli autour de 1760)
A Santa Lucia , outre ce beau sepolcru, vous avez pu admirer le chemin de croix peint en 1760 par "le Maître des Anges musclés" cher à Michel-Edouard Nigaglioni, alias Giuseppe Ronchi, dont on a découvert enfin récemment le nom sinon encore l'identité !
C'est du reste grâce à ce tableau de la 2° station de Santa Lucia de Moriani que nous avions la seule date (1760) qui situait dans le temps ce bon peintre prolifique du 18° siècle, date inscrite sur le soubassement de la colonne, à droite.
12° station, le soldat Longinus et la mort de Jésus
Comme dans les églises voisines, Santa Lucia a reçu les soins des Raffali, ces excellents stucateurs de Castagniccia au 18° siècle:
ici un angelot charmant de la chaire de prêche , réalisée par Giovanni Raffali "le vieux" dans le premier quart du 18° siècle.
Au 19° siècle, l'église a reçu un décor peint par les Gherardi, Pietro (le père) et Ernest (le fils) entre 1850 et 1858: couleurs vives garanties!
- Le boeuf de Saint Mathieu a un petit côté caprin, non?
Au fond de l'église, l'orgue que vous n'avez pu entendre: l'engouement pour l'instrument, à cette époque, est bien réel, mais les bourses un peu plates de la communauté n'ont pas permis son ramage et l'on s'est contenté du plumage!
Dans l'une des chapelles latérales, une toile attribuée par ME Nigaglioni à Marc Antonio De Santis (peintre d'origine napolitaine actif en Corse entre 1647 et 1681): Intercession de Sainte Lucie, Saint Jean-Baptiste et de la Vierge à l'Enfant pour les Âmes du Purgatoire .
***
Cervioni
cathédrale Sant' Erasmu di Cervioni
- voir: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pro-cath%C3%A9drale_Saint-%C3%89rasme_de_Cervione
La cathédrale Sant'Erasmu élevée sous l'épiscopat du grand Saint Alexandre Sauli en 1578 était certainement beaucoup plus petite: elle va être reconstruite dans ses dimensions actuelles à partir de 1714 et ne sera terminée que trente années plus tard. Quelques images:
Le choeur et le petit orgue anonyme du XVIII° siècle (orgue transféré du couvent San Francescu di Cervioni).
Toute cette grande église baroque a reçu un beau décor peint en 1828 par Francescu Giavarini (né à Ciamannacce 1781 - ) :
un angelot
San Gregorio
Sant'Ambrogio
détail de la voûte: la Vierge de l'Assomption
Au fond du choeur, la grande toile représente Sant'Erasmo (San Teramo, alias Saint Elme) et le Pape San Marcello aux pieds de la Vierge , attribué à Tomaso Piccioni de Gaete (18° s.)
entourée par Saint Pierre et Saint Paul peints en grisaille par Giavarini dans le choeur
dans le choeur, côté épître, le petit orgue de l'église du couvent San Francescu di Campulori, transféré à la cathédrale à la fin du 18° s. (?) et restauré par Barthélémy Formentelli en 1974, que vous avez pu entendre cet après-midi là.
et côté Evangile, le tableau de la Cène, provenant lui aussi du réfectoire du couvent San Francescu .
Au fond de l'église, Francesco Giavarini raconte l'arrivée de Saint Alexandre Sauli à Cervioni,
et le miracle de Saint Alexandre Sauli repoussant en 1584 les felouques barbaresques au large de Prunete.
[Évêque d’Aléria, fêté le 11 octobre dans sa cathédrale de Cervione. Né le 15 février 1535 à Milan, il est nommé Évêque d’Aléria le 10 février 1570. Il entreprend aussitôt la réforme de son diocèse (vie et formation des prêtres, catéchismes...) dans le sillage du Concile de Trente. Dans le bref de béatification, le Pape Benoît XIV rend cet hommage à celui qui était devenu "Corso da sua voluntà": "Pendant vingt ans, ce ne fut pas seulement comme Évêque d’Aleria, mais comme apôtre de la Corse toute entière qu’il répandit ses salutaires enseignements et ses lois. Les mœurs furent amendées, le clergé ramené à sa première ferveur, les fidèles guidés dans la voie des commandements". ]
(http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1999/Saint-Alexandre-Sauli.html)
Saint Alexandre Sauli repésenté en Barnabite par Jean Ulacacci (Cargèse 1820 - Cortè 1907)
Santu Lisandru Sauli, l'apôtre de la Corse, mériterait un long article: supérieur général des Barnabites de Milan, il est nommé en février 1570 par le pape Pie V évêque d'Aleria et consacré par le grand Saint Charles Borromée, fonde un séminaire à Bastia, puis à Algajola, arpente la Balagne avec une impressionnante simplicité, opérant de nombreuses guérisons; plus tard, en 1576, il s'établit à Cortè, puis s'installe à Cervioni, où il fait construire dès 1578 le séminaire (qui accueillait en 1589 24 élèves qui portent l'habit clérical et suivent un règlement très sévère...) qui fournira pendant plus d'un siècle une élite religieuse au diocèse. Contemporain de Pie V, il développe la dévotion du Rosaire et travaille inlassablement à réformer le clergé de Corse et faire appliquer les décrets du Concile de Trente, tout en restant proche des plus pauvres et des malades. Rappelé par le pape Grégoire à Pavie pour remplacer le cardinal Rossi, il quitte à regret sa chère Corse et meurt à Pavie le 11 Octobre 1593.
Dans le croisillon nord du transept, le Rosaire : la Vierge et l'Enfant remettent le chapelet à Saint Dominique et Sainte Rose de Lima, au premier plan, et à Saint Alain de la Roche et Sainte Catherine de Sienne au second plan; les quinze mystères du Rosaire sont regroupés en trois emplacements, les mystères joyeux et les douloureux, en haut à gauche et à droite, les glorieux en bas au centre.
Un beau chemin de croix du 18° siècle, qu'il me faudra détailler un jour ... ici la sixième station, rencontre de Sainte Véronique: au loin, en haut et à droite, une église ... la cathédrale de Cervione ?
Sur sa barque, la statue de San Teramu / Saint Erasme de Gaète/ Saint Elme, saint patron de la cathédrale de Cervioni:
" L'église de Cervioni fut consacrée à Saint Erasme pour une raison bien particulière: lorsqu'il entreprit sa construction, saint Alexandre Sauli décida qu'il dédierait l'édifice au saint dont la fête coïnciderait avec la fin des travaux. Tout fut terminé un 2 juin, et sant' Erasmu en fut le bénéficiaire! " (Almanach de la mémoire et des coutumes, de Claire Tiévant et Lucie Desideri, chez Albin Michel)
Promis, je compléterai une autre fois cette description très lacunaire de la cathédrale ...
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Enfin, la visite de la chapelle
Santa Cristina di Valle di Campuloru,
où nous attendaient les Amis de la chapelle Santa Cristina ...
Un accueil formidable! Je vous renvoie à leur blog:
http://valle-di-campoloro-chapelle-sainte-christine.over-blog.com/
l'arrivée à la chapelle: merci aux amis de la chapelle Santa Cristina pour la parfaite organisation, et en particulier au voisin amical qui a ouvert son champ pour garer les voitures.
découverte pour beaucoup!
vous pouvez également visiter: http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/12/06/santa-cristina-di-valle-di-campuloru.html)
Francis évoque ici les graves problèmes d'étanchéité de la toiture qui ont contribué à dégrader les fresques restaurées en 2009: depuis le 9 septembre, les choses ont enfin bougé et la Municipalité a pu faire poser en octobre les solins qui auraient dû être en place dès la restauration de la chapelle (voir le blog de Santa Cristina)
Merci à Francis Orsini pour son engagement passionné: les Amis de Santa Cristina sont un excellent exemple de la surveillance de proximité que devrait exercer chaque communauté responsable de son patrimoine, sans se reposer aveuglément et uniquement sur les acteurs du Patrimoine et des Monuments historiques.
et merci à tous de cet accueil si amical qui clôturait cette longue et riche journée en bonne compagnie!
21:52 Publié dans Costa verde, fresques de corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : santa lucia di moriani, cervione, santa cristina di valle di campuloru | Facebook |
25/04/2017
Rappel: lundi 1er Mai, 130 ème sortie de la FAGEC
Petit rappel de
la 130e sortie de la FAGEC
Lundi 1er Mai 2017
organisée entre Santa Lucia di Moriani et Ficaghja
(le sepolcru monumental de Santa Lucia di Moriani qui sera présenté le 1er mai)
en collaboration avec Elizabeth PARDON et l’association SALADINI fédérée à la FAGEC :
« L’iconographie de la Semaine Sainte: autour du patrimoine des sepolcri et des chemins de croix en Corse »
La Fagec propose d’organiser le 1° mai 2017 une journée sur le thème de l’iconographie de la Semaine Sainte, à travers le patrimoine des sepolcri et des chemins de croix de Corse.
Ce patrimoine fragile, méconnu et d’inspiration populaire, est souvent menacé d’oubli et même de destruction, du moins là où il n’est plus utilisé en situation depuis des décennies, pendant la Semaine Sainte. Si les chemins de croix peints pour chaque église demeurent, pour une bonne partie, encore visibles, car exposés, voire oubliés sur les murs de nos églises, il n’en est pas de même pour des décors peints des sepolcri qui ne doivent, en principe, être montés et servir que quelques jours, entre le Jeudi Saint et le Samedi Saint. Ces décors, de taille et de structures différentes selon les paroisses, ont été conçus au cours des siècles pour soutenir le récit de la Passion et renforcer, par la théâtralisation de l’image, la ferveur des communautés, citadines ou villageoises.
Ce patrimoine religieux de la Corse s’inscrit ici dans une dévotion présente dans une grande partie de " l’Arc méditerranéen », et l’historien de l’art Michel-Edouard Nigaglioni, qui l’a mise au grand jour il y a de nombreuses années, souligne en particulier les liens entre l’iconographie mauresque et l’histoire de la Corse … Si cette iconographie de la Semaine Sainte sur l’île a parfois disparu ou s’est progressivement oubliée, en revanche la présence des rites et des chants semble mieux résister et connait même un regain de vitalité grâce au renouveau des confréries qui travaillent à retisser le lien social, historique et religieux : c’est dans ce cadre privilégié que ce patrimoine des sepolcri et des chemins de croix peut le mieux retrouver du sens et échapper à un regard purement muséographique.
130e sortie de la FAGEC Lundi 1er Mai 2017.pdf
12:11 Publié dans fagec, la Semaine Sainte en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : santa lucia di moriani, ficaghja, fagec | Facebook |