28/08/2019
la Costa Verde avec la Montagne des Orgues cette première semaine de Septembre
LUNDI 2 SEPTEMBRE 2019
une journée avec l’Association Saladini
( la Montagne des Orgues)
en Costa Verde
(San Nicolau, la chaire de prêche d'Ignazio Saverio Raffali, 1740)
Rendez-vous à 9h 30 devant la poste de Moriani plage, à côté du centre commercial du Casino.
Au programme, le matin, deux belles églises baroques de la Pieve de Moriani où se sont illustrés des artistes locaux, en particuliers les Raffali de Castagniccia:
- San Nicolau, étonnante église au décor foisonnant dont on pourra découvrir la récente restauration et où l’on retrouvera remis en place le Polyptique restauré du florentin Raffaele de Rossi (XVIème siècle).
- et San Giovanni dont on goûtera l’harmonie et le charme et où l’on fera connaissance de San Mamilianu …
(les anges de San Giovanni di Moriani)
Pique-nique dans les environs, puis, l'après-midi :
(Cervioni, le petit orgue du couvent, transféré à la cathédrale à la fin du 18° s. (?) et restauré par Barthélémy Formentelli en 1974)
- la cathédrale Sant' Erasmu di Cervioni, où l’on pourra entendre le petit orgue anonyme du XVIII° siècle (orgue du couvent San Francescu di Cervioni) : reconstruite au XVIIIème siècle à l’emplacement de la cathédrale élevée lors de l’épiscopat du grand Saint Alexandre Sauli, cette imposante église a été dotée au XIXème siècle d’un riche décor peint par Giavarini et Giordani.(Cervioni: le décor monumental de Francesco Giavarini, ici le miracle de Saint Alexxandre Sauli repoussant en 1584 les felouques barbaresques au large de Cervioni)
(Sant Ippolito , chapelle Santa Cristina di Valle di Campuloru)
- Enfin, pour clore cette journée, visite de la belle chapelle de Santa Cristina di Valle di Campuloru, avec sa double abside et ses magnifiques fresques datées de 1473, restaurées en 2007-2009 : l’un des plus beaux fleurons des chapelles à fresques de Corse …
(la double abside de Santa Cristina)
N'hésitez pas à visiter le blog très intéressant de la chapelle :
http://valle-di-campoloro-chapelle-sainte-christine.over-blog.com/
et le site fabuleux de nos amis belges "Corse-romane":
http://corse-romane.eu/cmpcri/
Renseignements et réservations au :
04 95 61 34 85/ 06 17 94 70 72
adresse mail : elizabethpardon@orange.fr
Blog : elizabethpardon.hautetfort.com
Site : www.lamontagnedesorgues.com/
Les fonds récoltés lors de ces journées contribuent à la restauration et à la valorisation du patrimoine.
21:06 Publié dans actualité des parcours de la Montagne des orgues, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : costa verde, san nicolau di moriani, san giovanni di moriani, cervione, santa cristina di valle di campuloru, costa, muro, cateri, aregno, corbara | Facebook |
10/10/2017
Echos d'une belle journée en Costa Verde le 9 septembre dernier- 1ère partie : San Nicolau et San Giovanni di Moriani
Le 9 septembre dernier nous partagions cette belle journée en Costa Verde
en compagnie des Amis du Musée de Bastia et de la Dante Alighieri
(merci aux amis pour leurs photos qui complètent les miennes)
(ange musicien à la sacqueboute, détail du retable de Raffaele de Rossi à San Nicolau di Moriani)
Un grand merci en particulier à l'ami Gilles Vandernordt pour la gestion des clefs ...
La matinée fut consacrée à San Nicolau et San Giovanni di Moriani, l'après-midi à Santa Lucia di Moriani, Sant'Erasmu de Cervione et Santa Cristina de Valle di Campuloru.
Première étape à San Nicolau di Moriani
Pieve de Moriani, diocèse de Mariana ed' Accia:
l'église fait l'objet de toutes les attentions de sa communauté et la mairie a engagé depuis quelques années des travaux spectaculaires de restauration dont nous pouvons admirer les premiers résultats:
https://www.san-nicolao.com/restauration-eglise?lightbox=dataItem-iy085rvl4
la façade de l'église San Nicolau, dotée des statues de ses deux saints tutélaires, Saint Nicolas et Saint Pierre.
Nous avons pu découvrir cette année le choeur restauré par l'atelier de Maria-Teresa Donetti: ici le beau maître-autel d'Ignaziu Saveriu Raffali , de 1767.
Je vous invite d'ailleurs à retourner vers ma note abondante de décembre 2015, avant restauration: http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2015/12/06/6-decembre-fete-de-st-nicolas-san-nicolau-di-moriani-5727142.html
Vous pourrez constater la transformation !
Hello! les trois petits enfants de la légende de Saint Nicolas barbotant dans leur marinade vous saluent bien!
Le retable de Raffaele de Rossi, dit "il Fiorentino"
(E.P.)
Au fond du choeur, le beau polyptique du florentin Raffaele de Rossi (première moitié du 16° siècle), ancien retable majeur, a retrouvé sa place derrière l'autel majeur.
(E.P.)
Aux pieds de la Vierge et de l'Enfant, dans un paysage de montagnes escarpées plongeant dans la mer, Saint Nicolas ( ses trois boules d'or à la main) et Saint Pierre (et sa grosse clef), les deux saints protecteurs de l'église veillent sur la communauté au son des anges musiciens.
(E.P.)
l'un des deux anges bucinateurs entourant la Vierge et l'Enfant
Dans la lunette au sommet du retable , perchés sur leurs nuages, d'autres angelots accompagnent de leur musique céleste le Père éternel . Il semblerait "que la lunette du retable de Moriani ainsi que les pilastres soient attribuables au fils du "Fiorentino", Guilo de Rossi, actif à partir des années 1550 " (Laurent Hugues)
(E.P.)
claironnant sur leurs instruments
(E.P.)
ou violonant comme cet ange sur sa vielle à arc
(E.P.)
Méditatif, le Père à la barbe fleurie vous jauge du regard et vous bénit de sa main droite,
tenant le globe terrestre dans sa main gauche: regardez bien ce paysage de notre littoral insulaire, avec une tour plantée sur son rocher.
Entre la lunette et l'ensemble inférieur du retable,
à gauche, Saint Michel pèse les âmes et de sa lance maîtrise Satan
au centre, le Christ mort, dressé au-dessus de son tombeau
à droite, Saint Antoine de Padoue
Enfin, de part et d'autre du panneau central, les pilastres célèbrent quatre saints vénérés dans la Pieve de Moriani: à gauche, Santa Lucia et Santa Reparata, à droite, San Giovanni et San Biasi (alias, Biaggio, Blaise). Saint Blaise porte à la main, me semble-t-il, l'instrument de son supplice, un peigne à carder; Saint Jean l'Evangéliste, la coupe au serpent, récit de son empoisonnement (raté); sainte Lucie ses yeux brandis et le Livre; et Sainte Réparate, la palme de son martyre.
***
De l'efficacité d'une bonne et belle chaire de prêche pour se faire entendre d'une assemblée si nombreuse et un peu indisciplinée en début de matinée!
Je ne résiste pas à partager cette photo: merci à son auteur!
Du haut de la magnifique chaire d'Ignazio Saverio Raffali (1740) :
"Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs ..." :
les deux prédicateurs font la paire et attendent leur tour de restauration!
Un clin d'oeïl pour Maurice :
de part et d'autre de ce blason du phoenix renaissant de ses cendres,
à gauche un angelot brandit une flèche,
accompagné à droite de sa jumelle angelotte
Dans l'église, les panneaux ont été laissés en place pour évoquer les récents travaux de restauration: on attend avec impatience la suite des travaux.
***
En fin de matinée nous retrouvons San Giovanni di Moriani
l'église San Giovanni au haut campanile et sa confrérie Sainte Croix voisine. Construite, semble-t-il à partir de 1680, les chapelles latérales venant plus tardivement. L'ensemble a été restauré par Madeleine Allegrini qui signale que toute l'église portait des décors peints que l'on serait heureux de pouvoir admirer ... si les finances le permettaient! car la qualité de ces décors en est admirable et dort encore en partie sous le blanc de chaux. Des décors vivants, joyeux, colorés qui nous donnent envie de séjourner en ce lieu peuplé d'anges.
l'imposant maître-autel des Raffali, surmonté par la colombe de l'Esprit Saint plongeant vers le centre du sacré ferme totalement le choeur: au centre, entre les deux paires de colonnes torses, l'arche met en scène, derrière le Christ en croix, le grand tableau d'autel.
Cette composition est datée de 1686 et représente la Vierge à l'Enfant accompagnée d'une sainte (Sainte Anne ?), Saint Michel pesant les âmes et terrassant le Démon, Saint Roch, Saint Jean l'évangéliste, et Saint Mamilien.
Saint Jean est ici représenté fort jeune, avec un visage presque féminin, le calice à la main d'où jaillit un petit dragon menaçant, gueule ouverte : ce calice empoisonné fait allusion au récit de sa mise à l'épreuve par le grand prêtre du temple de Diane à Éphèse. Celui-ci lui dit : "Si tu veux que je croie en ton dieu, je te donnerai du poison à boire et s'il ne te fait aucun mal, c'est que ton dieu sera le vrai Dieu". Saint Jean bénit la coupe et neutralise le venin symbolisé par ce petit dragon.
De part et d'autre des colonnes deux niches accueillent la Vierge (à gauche) et Saint Jean (à droite)
Au fond du choeur, derrière le maître-autel, le magnifique meuble de sacristie de 1725: bois de châtaignier, noyer, buis, pommier ...
Signalons enfin que San Mamilianu a sa chapelle (X°s.) sur une crête au-dessus du village. Voir la note du site de corse -romane: http://corse-romane.eu/san-giovanni-di-moriani-mamilio/
(chapelle San Mamilianu: photo de Claudine Levie et Philippe Deltour pour le site corse-romane)
Les deux premières chapelles latérales proches du choeur sont dédiées à la Nativité et aux Âmes du Purgatoire:
La Nativité n'est pas souvent représentée dans nos églises: celle-ci me réjouit par sa naïveté vigoureuse. Le petit Jésus pose tel un bébé Cadum sous le regard adorant de Marie et de Joseph, des bergères fondues de tendresse, des anges, de l'âne et du boeuf ... Au premier plan, les offrandes témoins d'une vie rurale: les oeufs, les pigeons, la poule, l'agneau aux pattes liées (un thème de la Passion: l'Agnus Dei)- Marie tient le lange comme une préfiguration du linceul où reposera le Christ après sa mort ... Naïf, oui, mais tout est dit.
En face de la Nativité, l'autel des Âmes du Purgatoire. Là aussi beaucoup de naïveté, mais l'on y enseigne d'un pinceau certes sommaire l'essentiel: le Purgatoire, ça brûle comme en enfer, mais on est appelé à en sortir - un ange attrape le bras d'une dame en fin de purgation, son âme passée au feu est redevenue pure, débarrassée des scories du péché, allégée elle va pouvoir enfin retrouver face à face Dieu (la Trinité), grâce à l'intercession de la Vierge Marie et de Saint Jean. Les autres prient, supplient, attendent , espèrent ...
L' église San Giovanni abrite de nombreuses oeuvres des Raffali, ces merveilleux stucateurs de Piedicroce d'Orezza : anges, rinceaux, marguerites ... accompagnent avec liberté et fantaisie les messages délivrés.
la belle chaire de prêche baroque, signée et datée: Giovanni Raffali 1736
la chapelle de l'Annonciationet son autel retable d'Ignaziu Saverio Raffali, 1764
Le retable met en scène l'Annonciation (dernier quart du XVII° siècle)
au sommet, les anges décontractés chevauchent les marguerites, signature des Raffali. Dans le médaillon central, la colombe de l'Esprit Saint souligne le thème de l'Annonciation.
enfin, sur la cuve de l'autel, I.S. Raffali évoque la scène de la Nativité : suite logique de l'Annonciation ...
En face , la chapelle du Rosaire
Elle abrite une belle toile du Rosaire de 1700, de Giuseppe Maria Casalta, (actif à Prunelli di Casacconi entre 1687 et 1713)
environnée d'un bien joli poème de stucs où le trompe-l'oeïl joue avec l'architecture.
insouciance joyeuse de ses anges vêtus de robes délicates
ici l'ange au rosaire protège une tour génoise et son gardien
Dans la voûte, Jésus veille sur le monde et le rachète par sa Passion
sur les deux côtés de l'autel, l'artiste s'est amusé à figurer des burettes
Au centre de la cuve de l'autel, cette représentation énigmatique: entourant le globe une sorte de rose des vents et deux visages; celui d'en haut, juvénile et priant, les yeux clos; celui d'en bas, un religieux (le dominicain Alain de La Roche, fondateur des confréries du Rosaire et ardent diffuseur de la dévotion du chapelet au XV° siècle?) les yeux levés vers le ciel . En y regardant de plus près, je vois un chapelet qui passe d'une bouche à l'autre: c'est la prière du Rosaire qui tourne et bruisse inlassablement autour du monde, jour et nuit, par tous les temps et sur tous les continents.
(la 13ème station)
Parmi toutes ces oeuvres , je signale la très belle série des tableautins du chemin de croix peint par Saverio Farinole ( actif entre 1728 et 1760)
Enfin, cette "Madonna della Ghiara" entre Sainte Agathe et Saint Felix de Cantalice, cadeau de l'Impératrice Eugénie à la Comtesse Cervoni (XVIII°s.)
Et un grand merci à notre jeune Manon, la fille de Pascale et Gilles, venue de Cervione nous faire le cadeau amical de sa belle voix en cette fin de matinée!
Matinée couronnée par un bon apéritif offert par les Amis du Musée de Bastia et suivi d'un pic-nique bien convivial!
Et, bien sûr, remerciements perpétuels à notre ami Michel-Edouard Nigaglioni pour la documentation dont il n'est jamais avare!
(à suivre pour la prochaine note sur la deuxième partie de cette journée !)
15:53 Publié dans anges musiciens, balades en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : san nicolau di moriani, san giovanni di moriani, giovanni raffali, ignazio saverio raffali, giuseppe casalta, saverio farinole, costa verde | Facebook |
24/06/2016
dimanche 26 Juin, une balade de la Montagne des Orgues avec le Conservatoire des espaces naturels de la Corse
Dimanche 26 Juin
L'association Saladini propose
une journée de La Montagne des Orgues
en Costa Verde
avec le Conservatoire des espaces naturels de Corse
(San Giovanni, décor peint d'I.S. Raffali, autel du Rosaire)
Rendez-vous entre 9H 45 et 10h devant la poste de Moriani plage, à côté du centre commercial du Casino.
Au programme, le matin:
- les églises baroques de San Giovanni et San Nicolau di Moriani
(San Nicolau, la chaire de prêche d'Ignazio Saverio Raffali, 1740)
- pique-nique au centre d'éco-tourisme du " Paesolu di a suvera a u ventu":
Ecotourisme Corse U PAESOLU DI A SUVERA A U VENTU
-l'après-midi:
-la cathédrale Sant' Erasmu di Cervioni , où vous pourrez entendre le petit orgue anonyme du XVIII° siècle (orgue du couvent San Francescu di Cervioni)
(Cervioni, le petit orgue du couvent, transféré à la cathédrale à la fin du 18° s. (?) et restauré par Barthélémy Formentelli en 1974)
(Cervioni: le décor monumental de Francesco Giavarini, ici le miracle de Saint Alexxandre Sauli repoussant en 1584 les felouques barbaresques au large de Cervioni)
- et enfin la chapelle de Santa Cristina di Valle di Campuloru , sa double abside et ses belles fresques datées de 1473...
(Santa Cristina: Saint Hipolyte)
Une belle journée en perspective à partager!
Renseignements au 06 17 94 70 72 / 04 95 61 34 85
06/12/2015
6 décembre fête de St Nicolas: San Nicolau di Moriani
Aujourd'hui 6 décembre,
l'on fête le grand saint Nicolas de Myre et de Bari,
avec la rencontre de l'extraordinaire décor foisonnant
de l'église paroissiale
de San Nicolao di Moriani,
Piève de Moriani, Diocèse de Mariana,
(prochainement restauré on l'espère:
la commune a déjà fait les travaux de restauration de l'extérieur et s'apprête à s'atteler à l'intérieur )
et les oeuvres d' Ignazio Saverio Raffali et Luigi Polleri
l'un de ces beaux villages insoupçonnables depuis la côte touristique,
surplombant la côte orientale du haut campanile de sa grande église paroissiale
l'église côté chevet
La façade accueille les deux saints patrons de la paroisse:
A gauche notre bon St Nicolas
à droite le grand St Pierre ...
" L'église San Nicolao, paroisse actuelle, est citée dans le cartulaire de Monte-Cristo. Curieusement le lieu-dit San Pietro désigne les alentours de l'église San Nicolao. Peut-être était-ce le vocable de la chapelle ruinée qu'on voit à côté de San Nicolao et qui par la suite aurait servi de confrérie. (...)
(Geneviève Moracchini-Mazel, Les églises romanes de Corse, p. 233)
Voilà une communauté a priori bien protégée!
(plaque commémorative dans l'église San Nicolao)
...ce qui malheureusement ne lui a pas épargné les pertes nombreuses et cruelles de la guerre de 1914 ...
Une église dotée d'un décor monumental foisonnant, vitaminé, une vraie cure de jouvence!,
où règne en maître St Nicolas (et sa légende de l'ogre- boucher cannibale ):
La complainte de saint Nicolas
(recueillie par Gérard de Nerval en 1842):
Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs.
S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»
Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.
Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »
« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.
« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !
Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.
« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :
Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »
Revenons à notre san Nicolao di Moriani:
le maître-autel ouvre largement les bras de ses gradins pour vous accueillir: voici l'oeuvre roborative d'un enfant de la Castagniccia, le maître stuccateur Ignazio Saverio Raffalli "le Vieux", originaire de Piedicroce, et qui le signe en mars 1767.
Au revers de l'autel , au milieu des graffiti,
on retrouve la date
et,
sur la cuve de l'autel, la signature de Raffali sous la forme de la marguerite, omniprésente dans ses créations.
A l'angle de l'autel, comme écrasé, ce diablotin cornu roule des yeux
d'un air bien mauvais!
Caractéristiques aussi, les petits personnages malicieux, déhanchés,
nichés aux angles de l'autel,.
En médaillon, au centre de la cuve, l'image charmante des trois petits enfants de la légende barbotant dans leur saloir comme vos garnements dans leur baignoire.
Au fond de l'abside, sous les deux saints patrons Nicolas et Pierre, peints par Luigi Polleri (auteur de l'ensemble des décors peints: le choeur en 1812, les murs de la nef 1826, la voûte en 1829), et entre les deux fenêtres, l'emplacement actuellement vide et réservé au polyptyque - restauré en 2011 par Maria Teresa Donetti , toujours en dépôt au Musée de Bastia en attendant la restauration de l'église :
(d'après une photo)
Ce retable, oeuvre du florentin Raffaelle de Rossi a fait l'objet d'une exposition à Bastia au Palais des Gouverneurs en avril/ mai 2011:
" Le retable de San Nicolao, oeuvre d'un atelier ligure pour la Corse du XVI° siècle".
Commandé dans la première moitié du XVI° s. à l'origine pour orner l'arrière de la table de l'autel majeur (la "pala d'altare") de San Nicolau, il va être déplacé après la reconstruction de l'église au milieu du XVIII°s et en particulier l'édification du nouvel autel baroque d'I.S. Raffali: ayant perdu sa prédelle, on le place désormais dans le mur de l'abside où il reste, en bien mauvais état, scellé jusqu'à sa restauration ... qui lui a rendu tout son éclat.
La Vierge et l'Enfant, trônant sur un nuage au milieu de deux anges bucinateurs au-dessus d'un paysage montagneux en bord de mer, accompagne de sa protection les deux patrons de l'église, St Nicolas et St Pierre, tandis que, sur les pilastres, veillent les Saints Jean, Reparata, Lucie et Blaise; sur le registre supérieur, des anges musiciens accompagnent Dieu le Père bienveillant et bénissant ...
Le charmant décor peint de Luigi Polleri baigne l'église dans une tonalité souriante qui résonne en écho d'une autre oeuvre exubérante:
la belle chaire à prêcher baroque, du même Ignazio Saverio Raffalli,
datée du 29 mai 1740 .
Peints sur la chaire, ce Christ aux outrages,
cette Vierge de Douleur
cet ange fleuri ...
Au-dessus de la chaire, un joli abat-voix,
orné de la Colombe de l'Esprit Saint dans une gloire rayonnante et bordée de fort jolies fleurettes ...
et, représentant le prédicateur, ce religieux franciscain aux mains éloquentes, saisi en plein prêche ... enfin, je l'imagine!
Partout, dans cette église, dès qu'on lève les yeux, des surprises :
comme ce sage angelot perché sur sa corniche,
absorbé dans sa lecture
ou cette voûte de chapelle latérale peuplée de personnages à demi-nus et de chérubins en relief dans un éden végétal : des stucs de la seconde moitié du XVII° s émergeant des rinceaux de Polleri ...
avec au centre, cet ange qui brandit un cimeterre qui tient fermement dans son autre main quelque chose où je crois voir un petit serpent à crête de coq, un basilic ? à moins que cela ne soit une palme ? Toujours est-il que notre ange porte sur la tête une drôle de coiffe en forme de coussin sur laquelle il semble sur le point de pratiquer un sacrifice ...
mble être un petit serpent avec une crête de coq, un basilic ( la lutte de St Michel Archange contre le Mal?) Sur sa tête une sorte de coussin bizarre ...
ou ces curieux anges brandissant une lance contre deux dragons menaçants,
et tenant un blason très particulier, déjà rencontré dans l'église san Nicolau d'Olmi Cappella ... un phénix renaissant des flammes et regardant le soleil .
Et disserterons-nous sur sexe des anges?
ou cette petite dame feuillue,
bref, de quoi alimenter la rêverie de quelques fidèles distraits !
A propos des artistes stucateurs, peintres décorateurs à l'oeuvre dans l'église:
Ignazio Saverio Raffali : C'est le fils de Giovanni Raffalli "le vieux", originaire de Piedicroce en Castagniccia, né en décembre 1715 ou début 1716.
" L'activité d'Ignazio Saverio Raffalli" le vieux"est attestée jusqu'en 1777, année où il travaille sur le chantier de l'église de Tallone. Il est le membre le plus productif de la dynastie des Raffalli dont l'activité va s'exercer pendant près de 150 ans"
"(...) Les Raffalli et leurs divers élèves vont mettre au point et faire évoluer un style décoratif original. Un style éloigné de ce que l'on retrouve en Italie, en France ou en Espagne à la même époque, mais qui s'insère néanmoins dans le mouvement du Baroque international. "
( Michel Edouard Nigaglioni, l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, édition Piazzola)
Aloysius Polleri, alias Giacomo Luigi Polleri.
Voici ce qu'en dit notre ami M.E. Nigaglioni :
" Peintre décorateur né à Gênes (Ligurie, Italie) le 8 mars 1780. Il est établi très jeune à Bastia où il est probablement l'élève du peintre génois Giuseppe Wannenes. Luigi Polleri est le fils du doreur Giuseppe Polleri dont la présence en Corse est attestée dès 1802. (...) Luigi Polleri est l'auteur de décors peints dans lesquels on dénote une influence du style Louis XVI. (...)" Il est mort à Bastia le 24 décembre 1853.
(le Saint Nicolas de Sermanu peint à fresque entre 1450 et 1458 )
(à suivre !)
Pour en savoir plus sur le grand saint Nicolas, un saint qui m'importe, en bonne fille de lorrain (st Nicolas est le patron de la Lorraine ... et je devais, si j'avais été un garçon, porter ce nom ...) :
- ce qu'en dit la Légende dorée de Jacques de Voragine :
https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Nicolas
- et le long article de Wikipedia:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_Myre
- Louis Réau, dans son Iconographie de l'Art chrétien, lui consacre de longues pages: saint Nicolas demeure l'un des saints les plus populaires dans le monde chrétien, appartenant à la fois à l'Eglise grecque et à l'Eglise latine.
"Les pélerins et les chevaliers qui allaient s'embarquer à Brindisi pour la Terre Sainte ne manquaient pas de venir faire leurs dévotion à saint Nicolas de Bari dont le corps distillait une myrrhe parfumée qu'ils recueillaient précieusement dans des ampoules de plomb: c'est ce qu'on appelait la manne de saint Nicolas. Le pélerinage de Bari était d'autant plus fréquenté qu'il se conjuguait avec celui de saint Michel au Monte Gargano, situé à peu de distance sur la côte d'Apulie."
"Il est le patron des écoliers (...)
Prie pour nous, saint Nicholas
Qui les trois clercs ressuscitas"
Il est invoqué par les filles à marier (...) en souvenir des bourses qu'il offrit discrètement à trois pucelles qui, faute de dot, ne trouvaient pas d'épouseurs. " Saint Nicolas, comme dit la chanson, marie les filles avec les gars."
Patron des filles, saint Nicolas,
Mariez-nous, ne tardez pas !"
Le saint Nicolas d'Altiani, peint par Giacomo Grandi:
sur son livre les trois boules d'or évoquent les trois bourses données par le saint pour doter les trois pauvres jeunes filles vouées à la prostitution par leur père, faute de dote ...
"Il est aussi (...) le saint tutélaire des marins, de tous ceux "qui vont par eau et craignent le naufrage" parce qu'il a le pouvoir d'apaiser les tempêtes.(...) Mais ce n'est pas tout. Une douzaine de corporations se plaçaient sous son patronage: les avocats, procureurs et basochiers du palais, les prêteurs sur gage; les tonneliers [eh oui! le tonneau où barbotent nos trois petits enfants!], marchands de vin, jaugeurs et déchargeurs de vin; les grainetiers et les débardeurs de blé; les bouchers; les parfumeurs, les apothicaires et épiciers. (...)
Saint Nicolas passait en outre pour protéger contre les voleurs les trésors confiés à sa garde. (...)
Enfin la légende des trois officiers injustement emprisonnés lui avait valu la reconnaissance des prisonniers et des victimes d'erreurs judiciaires."
22:03 Publié dans saint Nicolas, Saints de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : san nicolau di moriani, luigi polleri, ignaziosaverio raffalli | Facebook |