Je suis amer et un peu déçu.
Et j‘éprouve un sentiment très fort ce matin...
Cette avalanche de réformes est effectivement hallucinante pourrait-on dire, c‘est un constat, et à notre niveau on ne peut rien de particulier je présume.
(...) Ce n’est pas à moi d‘en juger.
Dire que tout ce monde n‘a pas forcément conscience des implications, seul le recul permettra de le faire et c‘est souvent le cas.
On ne saurait lire et prédire le futur mais ce matin je n‘ai „pas le moral“ et souhaite relayer un ressenti dont les sonorités sont plus proches de La chamade que du bourdon...
J’explique :
Je vais visiter souvent ces jours-ci un homme qui aura fait que la commission des orgues de France a amorcé un virage salutaire dans les années 1960-70-80 sans lequel nous n‘en serions pas là, tous !
Pierre Rochas va bientôt nous quitter
Il est sur la fin de sa longue et fructueuse existence terrestre.
Mais il a encore bien sa tête à 96 ans !
Il n‘est pas malade, juste un très vieil homme comme il me l‘a dit avec humour hier.
Et on n‘aura pas été fichus de passer le dossier de protection de son orgue personnel de son vivant, j‘en ai grand peur là...
Non pas que cet orgue soit en soi un monument historique mais c‘est un symbole capital qui a soutenu les stages de l‘Académie de l‘Orgue Français que je préside désormais.
( à ne pas confondre avec l‘Academie de Saint Maximin).
Tous les Grands sont venus jouer cet orgue privé de Brignoles (40 jeux, 3 claviers). Quand même...
Beaucoup (musicologues, facteurs, experts et organologues, artistes....) y ont enseigné là et pensé le retour au baroque contre le néoclassicisme dévastateur et non respectueux de la recherche archéologique des années 1960 qui a fait des dégâts moins spectaculaires que le feu, mais pas moins dévastateurs.
Prochaine commission MH orgues seulement le 3 décembre !!! (2020...).
J‘ai rédigé le dossier en Sept 2018.
Pourquoi ne pas reporter aux calendes grecques m’a-t-on dit...
Je n‘ai rien pu répondre.
Hélas, on a copieusement tergiversé avec d’excellentes raisons mais j‘avoue que je n‘avais jamais vu autant de longueur de temps pour un „simple“ dossier de protection, quelqu’en soit l’aboutissement.
Sans Pierre Rochas, sans ce jeune écervelé de Michel Chapuis„ comme cela fut dit je crois à l’assemblée nationale en son temps, Haha ! sans Claude Aubry qui nous quittait il y a peu, sans Isoir, Chapelet, Saorgin, sans Marie-Claire Alain, Winter, Rogg, Tagliavini et bien d‘autres, Sans la prise de conscience progressive des facteurs, le „Dufourcquisme“ aurait continué les massacres Patrimoniaux en France comme à Auch, Troyes, St Merry pour n‘en citer que quelques uns...
Il y a des moments où j‘ai envie de faire fortement partager ma colère contre cet immobilisme administratif.
La commission actuelle qui passe les dossiers au compte goutte.
...Et que Rochas a pourtant fortement contribué à recréer mais certainement pas pour arriver à un stade d‘ultra réformismes comme On le voit maintenant, je ne critique pas, mais comme tous, je constate, n’est-ce pas ?
On a du mal à comprendre le déroulement du voyage des dossiers à l‘heure où les documents dematerialisés vont plus vite que les anciens courriers postaux.
Est-ce que cela va trop vite?...
Je ne crache pas dans la soupe qui nous nourrit mais je constate amèrement qu’une fois de plus on n‘aura pas su dire juste à temps „merci d’avoir contribué à autant épargner le Patrimoine“ ( même si Peut-être l’orgue ne devait pas obtenir la protection MH), à un homme sans qui St Maximin serait électrifié, Bastia aussi... et tant d‘autres !
( il a aussi sauvé le couvent à l’époque du départ des dominicains, le rachetant provisoirement pour éviter une main mise de promoteur ). On a décidément parfois la mémoire sélective...
Il mériterait vraiment une médaille....
Un sentiment de honte m’effleure, si vous voyez ce que je veux dire.
Mais c‘est si souvent le cas, on est trop lents, c‘est manifeste.
Voilà, il fallait que ce soit dit sans haine mais fermement, et je l’espère constructivement.
Désolé pour ceux qui se sentiraient attaqués, je ne fais que plaider une cause, pas agresser des personnes, d’autant qu’il m’apparaît voir là une responsabilité collective à bien des niveaux, j‘en prends ma modeste part.
Michel Colin
Technicien-conseil Agréé auprès des Monuments Historiques.
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