29/03/2012
L'expression de l'esprit baroque dans les églises de Corse: une balade avec les lycéens de Balagne
Découverte du patrimoine baroque des églises de Balagne avec les lycéens d'Ile Rousse:
Ce jeudi 29 mars, les élèves de seconde du lycée de Balagne iront à la rencontre de l'esprit baroque de nos églises de Balagne: parfaitement préparés par leur professeur d'histoire, Madame Marika Agostini qui est à l'initiative de ce projet, cet après-midi viendra compléter leur approche déjà solide du sujet, avec la découverte festive du Baroque dans tous ses états, architecture, stucs, peintures ... et musique, puisque les orgues historiques seront de la fête.
la façade de l'église San Salvatore de Costa, sobre et unissant deux édifices mitoyens: l'église et la confrérie.
(vue d'ensemble de l'église de Costa,vers le choeur)
Au programme, la minuscule église san Salvatore de Costa (Pieve de Tuani, diocèse de Mariana ed'Accia) , construite dans la seconde moitié du XVIII° s), avec son incroyable décor plafonnant du corse Francesco GIAVARINI (début XIX°s.),
(vue de la voûte, vers l'orgue: fenêtres et rideaux en trompe-l'oeïl, motifs végétaux: un art baroque qui perdure même s'il glisse vers le néo-classicisme )
http://youtu.be/ZnIcQVjz-Tk
et son petit orgue anonyme du début XIX° siècle, restauré en 2004, sur sa précieuse tribune baroque de bois galbé, dorée à la feuille et délicatement décorée, oeuvre présumée d'Anton Giuseppe SALADINI, ébéniste virtuose de Speluncatu ( 1763/ 18441) et de Bernardo ZIGLIARA pour le décor (signé et daté en 1819).
et la confrérie du Rosaire, attenante à l'église, avec son très bel autel de stuc, oeuvre en 1778 d'Antonio SARTORI delle VILLE, un italien d'origine milanaise élève et suiveur de l'école de peintre-stucateur des Raffalli de Piedicroce (Castagniccia) , qui entre en apprentissage en 1770 auprès du maître stucateur Domenico Impernetti (lui même formé par les Raffali) lors de la campagne de décor de la Collégiale Santa Maria Assunta de Speloncato, toute proche.
Il faut souligner la continuité d'un art appris par des corses, les Raffali de Piedicroce, auprès de grands maîtres stucateurs venus oeuvrer en Corse au début du XVIII° s. de Lombardie (Domenico Baino, Angela Maria Fontana) ou de Suisse (les frères Lucchini), puis transmis quelques décennies plus tard, à un jeune italien ...
Cet autel de Sartori delle Ville marque une évolution du baroque par rapport aux oeuvres de ses maîtres: une certaine raideur s'instaure dans le discours, les rampants du fronton brisé basculent vers le cartouche central, l'expression se durcit... Par comparaison, voici deux autels de la Collégiale de Speloncato, réalisés par ses maîtres :
l'autel-retable dédié à San Filippo Neri en extase devant la Vierge, érigé en 1767 par Ignazio Saverio Raffali, en compagnie de deux "élèves", dont Domenico Impernetti: notons la présence des colonnes torses, réalisés, comme le reste, en stuc, à l'imitation du marbre.
tout comme le petit monde animé du fronton: anges en ronde-bosse, installés en amortissement et enseignement par l'image: le coeur emblème de San Filippo Neri, mis en exergue dans le médaillon central, tandis que, pour bien rappeler le message, l'ange de droite brandit lui aussi un coeur : mes amis pédagogues le savent, "bis repetita placent", il faut répéter les choses plusieurs fois pour que "ça rentre". L'art baroque dans les églises s'inscrit dans cette pédagogie et les messages sont multipliés à l'envie. Ainsi en est-il des nombreux anges et angelots qui peuplent les églises baroques de Corse. Le message de l'époque est clair: on n'arrivera pas au paradis sans l'aide de ce monde ailé et intermédiaire ... Leur nombre est impressionnant dans chaque église et leur comptage vous garantit un bon torticolis.
Autre image récurente: la Colombe de l'Esprit Saint, qui accompagne presque toujours et annonce une dévotion à la Vierge Marie. C'est une référence à l'Annonciation. Regardez bien, elle est présente sous le coeur enflammé du médaillon central.
et, toujours à Speloncato, l'autel de l'Immaculée Conception, érigé le 7 octobre 1770 par Domenico Impernetti, passé maître stucateur, avec son élève Antonio delle Ville ... Malheureusement ici la cuve de l'autel baroque a été détruite et remplacée, ce qui nous fait perdre un élément important de la structure baroque initiale. Malgré cette perte, l'ensemble de l'architecture reste délicieux, et extrêmement rythmé : volutes, colonnes torses, pilastres, entablements, médaillons, rampants ... l'art baroque est une musique fantasque qui conduit le regard et l'âme vers le haut.
et son fronton.
Ne croyez pas que les pots de fleurs soient purement ornementaux, non, ils s'inscrivent dans la pédagogie du regard, car il ne s'agit pas de simples fleurettes, ce sont des roses, la fleur emblématique de la Vierge, et c'est une sorte de message "subliminal" complémentaire de l'image principale exprimée dans le médaillon central supérieur: la Colombe de l'Esprit Saint qui plonge, rayonnante, vers la Vierge ... Dans le médaillon inférieur, on retrouve un autre message important: le A et M entrelacés désigant à nouveau la Vierge Marie par la salutation Ave Maria, surmontée ici d'une couronne.
Il faut rappeler cette époque tourmentée de l'histoire de la Corse : nous sommes au lendemain de la bataille de Ponte Novu qui signe la fin de l'indépendance de la Nation Corse qui s'était placée sous la protection de la Vierge - Reine de la Corse -, et le culte marial prend un essort considérable pendant tout ce XVIII°siècle : dans la Corse d'aujourd'hui, l'hymne du Diu Vi Salve Regina témoigne de cette réalité.
Muro : le discours élaboré d'une façade baroque accomplie: trois niveaux allant en se rétrécissant, scandés par des pilastres, des niches, des statues, conduisent le parcours du regard et enseignent le fidèle. Ici l'aspiration vers le haut, vers le ciel, est particulèrement puissante.
La grande église de la Santa Nunziata de Muro ( Pieve de sant Andrea, diocèse de Mariana ed'Accia): reconstruite ( après la destruction de la première église, en 1743) au milieu du XVIII°s. "à la moderne": une louange baroque commencée au XVIII° s. et qui enchante toujours en plein XIX° s. " A la moderne": une nef élargie pour recevoir une nombreuse population, redistribuant l'espace au détriment des chapelles latérales, qui perdent la profondeur initiale qu'elles devaient avoir dans l'église du XVII°s.; un choeur rétréci par rapport à la nef, et un décor foisonnant qui chante la louange divine et enseigne le peuple.
l'autel des Âmes du Purgatoire: le décor festif de la Mort
crâne et tibias font partie de la fête, tout comme les flammes, en amortissement des colonnes. Un dialogue mouvementé entre les éléments de l'architecture et les messages de la piété baroque, où chacun joue sa partition pour la plus grande gloire divine ...
et son orgue Pagnini XVIII°/ Agati-Tronci XIX° siècle, logé dans un élégant ensemble tribune/buffet où l'on retrouve le travail d'A.P. Saladini.
Enfin, Corbara:
Vue de haut de la Collégiale de la Santa Nunziata de Corbara , l'une des quatre de Corse, dont trois en Balagne ( Speloncato, Corbara, Calenzana) et une dans le Cap Corse ( Luri) : signe de richesse de ces deux régions.
On remarque la hauteur trompeuse de la façade par rapport au corps de l'édifice, et le haut campanile: ces deux éléments, ainsi que l'enduit éclatant signalent de loin l'égise parmi les maisons du village: "regardez comme je suis grande et belle!".
la façade de la Collégiale Santa Nunziata de Corbara: élevée sur deux niveaux surmontés d'un édicule au centre du fronton, rythmés par des pilastres, annonçant un volume composé d'une nef centrale et de deux collatéraux. La scène de l'Annonciation racontée par des sculptures de marbre: l'ange Gabriel, Marie et la colombe de l'Esprit Saint.
Enfin, à l'intérieur, la lumineuse Collégiale Santa Nunziata de Corbara ( Pieve d'Aregno, diocèse d'Aleria) et, dialoguant de part et d'autre de la nef, le majestueux maître-autel baroquissime,
en marbre de Carrare de Pietro Cortesi: une richesse inouïe pour une église de village! sous son dais et le décor à larges rideaux en trompe-l'oeïl du XIX° siècle (une mise en scène théâtrale caractéristique de l'esprit baroque) et, de l'autre côté de la nef, non moins majestueux,
l'orgue imposant Saladini/Agati-Tronci XIX° siècle, restauré et relevé en 2011: on vient de retrouver le décor d'origine qui s'apparente directement à celui du petit orgue de Costa. Voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/11/28/l-orgue-de-corbara-retrouve-son-eclat.html
et que le festin baroque commence!
Faut-il rappeler que toutes ses églises avaient une voix, celle de l'orgue, qui dialoguait avec la voix des chantres, chaque communauté de la Balagne mettant son point d'honneur à chanter différemment de sa voisine (et mieux, si possible!) : un véritable patrimoine immatériel que certains villages ont su sauver et remettre en vie, en particulier grâce au renouveau des confréries . Quant à la musique de l'orgue, elle exprime toutes les nuances de la sensibilité baroque, toutes les émotions, allant de l'intime au solennel, de la tristesse à la joie. Dans leurs polyphonies, orgues et chants participent à l'expression d'une même piété issue du Concile de Trente : c'est " l'art de la Contre-Réforme", qui sollicite tous les sens pour élever l'homme vers Dieu.
Je vous propose en annexe de retrouver deux vidéos intéressant notre sujet:
la première , enregistrée pour l'émission de FR3 Stantari
http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoafIUfF.html
la seconde, enregistrée pour France 2, et l'émission des Racines et des Ailes, évoque plus précisément les problèmes de la restauration de ce patrimoine baroque:
http://patrimoine.blog.pelerin.info/2009/08/07/video-le-tresor-fragile-des-eglises-baroques-en-corse/
(le sommet de l'autel de stuc de l'Annonciation à Corbara: dans le fronton interrompu, l'édicule où se déroule la scène de l'Annonciation, et tout autour s'affairent les anges: assis sur les rampants, l'un sagement médite sur un livre de prière, l'autre vous interpelle; au-dessus du fronton interrompu de l'édicule, en écho, deux angelots tiennent la couronne de la Vierge, tandis que volètent dans le ciel de l'arc, tenant une guirlande de roses ...)
Bibliographie:
enfin, l'on peut retrouver beaucoup d'informations nourries d'archives dans les ouvrages didactiques de Nicolas Mattei,
1/ Les églises baroques de Corse, à la recherche d'un langage oublié, CRDP de Corse, 1998
2/Le baroque religieux corse, éditions Albiana, 2009
et divers cahiers de la Fagec :
3/ Cahiers n°172-173-174-175. L'art baroque en Corse.
4/ Cahier Corsica n° 191: Les Raffali de Piedicroce d'Orezza peintres stucateurs dans les églises de Corse aux XVIII° et XIX° siècles, de Caroline Paoli
5/ Cahiers Corsica n° 228-229-230-231 : Colorations extérieures des monuments baroques , de Rino Fontana et Monique Traeber-Fontana
11:26 Publié dans corse, l'art baroque en corse, orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : architecture et décors baroques en balagne, balagne, costa, muro, corbara, découverte du baroque corse, orgues historiques de corse | Facebook |
14/09/2011
Un stage en archéologie pour les jeunes bénévoles en Balagne
Je relaie bien volontiers cette information en espérant qu'elle permettra la réalisation de ce projet très intéressant:
Stage en Archéologie : 16 – 25 ans
En partenariat avec le Service de la jeunesse et des sports de la Collectivité Territoriale de Corse, le Laboratoire Régional d’Archéologie (LRA) organise un chantier de jeunes bénévoles en Balagne durant les vacances de la Toussaint du 27 au 31 octobre.
Ce stage est ouvert à une dizaine de bénévoles âgés de 16 à 25 ans afin de découvrir le site archéologique fortifié de San Colombanu (à la jonction des communes d’Olmi Capella, Novella et Palasca – communauté de communes di e cinque pieve) et le patrimoine archéologique proche.
Ce stage consiste à découvrir un site déjà répertorié sur la carte archéologique. Le site ne fera pas l’objet de fouilles archéologiques mais d’une observation et d’une description minutieuses de toutes les structures encore conservées.
Ce stage permettra de sensibiliser des jeunes de la micro région au patrimoine archéologique médiévale de la Balagne dans la perspective d’une étude globale en partenariat avec le syndicat mixte du pays de Balagne qui se déroulera jusqu’en 2013.
Les détails pratiques seront divulgués ultérieurement.
- Stage gratuit
- Repas du midi et carburant pris en charge
- Covoiturage pour les déplacements
- Activités et repas à la fin du stage
- Hébergement à la charge des jeunes
Renseignements et inscription obligatoire auprès de :
Hélène Paolini-Saez au 06-18-65-59-12
11:08 Publié dans corse, les pierres qui signent, patrimoine historique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : site archéologique san colombanu, balagne | Facebook |
18/12/2010
dimanche 12 décembre, avec Via Stella ...
Ce dimanche dernier, l'équipe de Via Stella avec René, Laurent et Dumè s'apprête à partager une nouvelle journée de randonnée en Balagne:
une petite moisson d'images entre Aregnu, Cateri, Lavatoggiu et Lumiu...
première étape, AREGNU.
La lumière hivernale ce matin là sur notre chère Balagne est tout bonnement magnifique!
Ce dimanche, nous n'aurons pas le temps de jouer le bel orgue Agati-Tronci (1888) de l'église paroissiale: les sentiers nous appellent ...
Sur la place de l'église Sant' Antone, d'un côté la vue sur Cateri , au pied des colllines de Carcu (site néolithique ancien) et de Modria (oppidum protohistorique) ...
... de l'autre sur Sant' Antuninu, le fief altier de Pinito Savelli vers 870, domine de ses 521 m du haut de son Capu Corbinu : à l'est la riche plaine du Reginu, à l'ouest la région d'Aregnu... Sans doute occupé dès l'époque romaine (III° s. avant J.C.) pour sa situation stratégique, au IX° s. capitale de la Balagne en remplacement de Curbara, Sant'Antuninu (St Antonin, " l"Inestimable", martyrisé en 308 à Césarée), au cours de sa tumutueuse histoire, défraie la chronique: au XIII°s. le comte Buono Savelli y fera assassiner une soixantaine de cavaliers du Giudice di Cinarca, dont il conteste la suprématie sur la Balagne, au XV° s., les maisons des Savelli, alliés de Rinuccio da Lecca sont détruites et brûlées par Juan-Paolo da Lecca... Au XVI° s., à l'ère des Caporali, la place forte sera disputée par les troupes de Sampieru Corsu ...
L'église de la Trinité, aujourd'hui sur la commune d'Aregnu, dépendait à l'origine de ces seigneurs turbulents de Sant'Antoninu ...
Justement, nous attaquerons notre journée de balade dans cette partie de la Balagne par une visite incontournable à l'église pisane polychrome de la Trinità et San Ghjuvan-Battista (XII°s.), ancienne église piévane, où nous attend Colette (merci Colette pour tes photos!)
La façade ouest et sa statuaire si éloquente!
le "tireur d'épine" (invitation à s'extirper le mal de l'âme)
Les deux personnages de part et d'autre de la porte d'entrée , que l'on retrouve dans d'autres églises piévanes de Corse (cf. Murato) signalent-ils les fondateurs de l'église ou évoquent-ils la justice religieuse et temporelle? toujours est-il qu'à proximité se situait l'arringu, où se rendait la justice de cette pieve.
Je reviendrai une autre fois sur cette église si belle que nous ne faisons qu'effleurer ce matin, comme nos ombres ... Elle fait partie de la deuxième tranche du programme de restauration des chapelles à fresques ... En principe cette année ...
Sur le sentier qui descend d'Aregno vers Cateri,
première renconte avec les stars!
Monter, descendre, tranquillement, un vrai plaisir
Un milan plane, nous avec ...
et Laurent filme
A CATERI, découverte de l'orgue de Gaspard Domini, restauré par Alain Sals : comment ça marche ?...
René s'exerce d'un air fort inspiré à l'art de l'organiste de village ... Je ne sais trop ce qu'en ont pensé les voisins de l'église: ars nova ?
En bas, Sainte Lucie est prête pour la grande fête du lendemain:
je viendrai animer la messe à l'orgue ...
Le chemin nous a conduits en-dessous de LAVATOGGIU. Fief dissident, sous les deux sommets du Capu d'Occi (5563 m) et du Capu Bracaghju (556 m), du seigneur Malafede-Savelli, frère de Pinasco, et neveu d'Arrigo Bel Messere: indépendance autodéclarée autour de l'an mille ... Je me promets de revenir bientôt à Lavatoggio, riche d'histoire et de rumeurs médiévales ...
la chapelle San Lorenzu, dans le hameau de Croce
Le lavoir de Croce: à cette saison l'eau jaillit de toutes parts
alimentant le bassin où l'on allait encore il n'y pas si longtemps laver son linge: l'endroit bruisse toujours des conversations d'alors ...
Le sentier nous conduit sur le plateau habités d'anciens pagliaghji et où l'on rencontrera la chapelle San Giovanni a i Venti, puis celle de la Madonna di a Stella (et de son ermitage). Là-haut, la surprise de voir un couple d'aigles tournoyant autour du Capu Bracaghju, en compagnie de leur jeune en vol: impressionnant, le temps suspendu et l'envie de rester là, à les regarder sans penser à rien ... Merci!
La chapelle de la Madonna di a Stella.
C'est bientôt la fin de notre balade: la journée hivernale s'achève tôt. La lumière s'est rétécie, la nuit prépare déjà son ombre ... Ce qui ne ruisselle pas craquelle comme verre de gel sous nos pas.
En redescendant du côté de Lumio, nous allons retrouver "la civilisation", la vue sur la mer, Monte Ortu, les maisons contemporaines, le ciment, et ... le bruit : j'ai oublié de vous dire que ce fameux dimanche 12 décembre, il y avait la course des voitures, vroum, vroum, vroum et pétarades à l'envie.
Là-haut, de l'autre côté sous Bracaghju, c'était le divin silence traversé par le cri royal des aigles en vol ...
Merci à tous! (photo de René)
la troupe (photo de René)
Cette émission réalisée pour Via Stella sera diffusée en début d'année:
donc, à suivre! J'espère qu'on verra les aigles .
a prestu!
16:33 Publié dans balades en Corse, parcours de découverte du patrimoine en Corse, patrimoine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : via stella, randonnées de découverte, balagne, aregno, cateri, lavatoggio, lumio | Facebook |
01/12/2010
Brève du Purgatoire: "organo pleno" sur les orgues de Balagne
L'émission "ORGANO PLENO" de Benjamin François en Balagne
(l'orgue de Catteri, 1902, de Gaspard Domini, restauré par Alain SALS: aussi artisanal que ses frères des 17° et 18° siècles)
A l'écoute de cette première émission d'hier soir, je n'ai eu aucun doute sur le plaisir qu'ont eu les réalisateurs de l'émission et les jeunes claviéristes Pierre GALLON, Jean-Luc HÔ, Yoann MOULIN et Arnaud PASQUALE en compagnie d'Elisabeth JOYE, Nicole CASALONGA, Jean-Louis LORIAUT à se ballader d'un orgue à l'autre à travers une Balagne parée de toutes ses grâces automnales et gustatives. La convivialité et l'hospitalité corses sont proverbiales ...
Nous avons du reste bien saisi qu'il s'agissait essentiellement d'une balade rafraichissante pour nos jeunes et talentueux musiciens et que le but de cette émission n'était pas une quelconque initiation à l'orgue italo-corse - encore moins une approche historique de ce patrimoine de l'île. Il eût fallu, si tel avait été le but, s'engager sur d'autres chemins et faire d'autres rencontres pour parler de la genèse et de l'histoire de la résurrection des orgues en Corse: mais là n'était manifestement pas le choix du moment.
Quant aux auditeurs de France Musique qui ne connaitraient pas nos petits instruments, peut-être se sont-ils fait hier soir une idée assez particulière de la musique que l'on peut y jouer: ce beau répertoire de l'Europe musicale du 17°s qui nous enchante volontiers aujourd'hui aurait sans doute bien étonné - et peut-être bien ennuyé nos organistes du 18° et 19° siècles dans les villages ou les couvents ...
(le clavier et le pédalier du petit orgue de La Porta: restauration Barthélémy Formentelli)
Du reste le seul orgue en état de marche actuellement du 17°s qui aurait pu servir ces musiques des Frescobaldi , Gibbons, Cabanilles etc..., à l'époque où il trônait dans la cathédrale sainte Marie de Bastia est celui de Piedicroce ... (cf la note précédente).
(l'orgue Spinola 1619 de Piedicroce avec Alain Sals, son restaurateur) Il est probable que les organistes des églises conventuelles du 18°s. ou les musiciens dans les villes et même dans les villages étaient à l'affut de la nouveauté et servaient leur instrument avec toute la curiosité et la gourmandise musicales requises. Et exploitaient aussi assurément en toute connaissance les possibilités de registration de leur orgue. ... cela pour bien dire que les musiciens corses de cette époque n'avaient rien à envier à leurs congénères d'Italie ou de France. On aurait du reste aimé, au cours de cette émission avoir une approche plus fine des différents jeux de ces orgues pour en dégager la spécificité ... et en particulier faire comprendre le parti musical que l'on peut tirer de ces rangs décomposés du ripieno, évoquer la couleur de la Voce Umana , du cornetto - s'il est présent ... Mais là aussi, sans doute manquait -on de temps, ou n'était-ce pas là non plus le but de cette "balade". A moins que l'on ne craigne de fatiguer les neurones des auditeurs de France Musique à cette heure tardive...
(le délicat tirage des jeux de La Porta
L'esthétique musicale du 19°s. entraîne une évolution significative de nos petits instruments de village et du répertoire pour l'orgue (et pour l'harmonium) qu'on enseignait - y compris dans les séminaires (ah! les méthodes de l'époque!) : nous voilà, alors bien loin de Frescobaldi et de ses contemporains . La solennité du 19°s. déménage, les anches et les clochettes s'invitent à la fête, ainsi que fréquemment la "Banda Militari " (mécanisme de percussion très persuasif !): à la fin du siècle, la firme Agati Tronci nous laissera une quinzaine de beaux specimens du genre ... dans le genre de l'orgue de Muro (restauration Jean-François Muno: voir la note précédente)
(la Banda Militari, à Muro)
ou de celui de Corbara :
(l'orgue de Corbara, reconstruit par la firme Agati-Tronci, restauration Philippe Hartmann, en cours de relevage)
Pendant que notre bon Gaspard Domini, depuis Feliceto, oeuvrait comme un dernier et honnête facteur d'orgue artisanal ...
(le petit orgue privé de Gaspard Domini, à Feliceto)
(... et quelques uns de ses outils ...)
Le deuxième volet de l'émission est programmée pour le 28 décembre ... pour ceux qui n'auront pas été rebutés par le premier volet.
Nous devrions entendre un concert donné par Viviane LORIAUT qui devrait se servir avec le brio qu'on lui connait de toute la palette sonore de l'orgue Agati Tronci d'Aregno
(l'orgue Agati Tronci d'Aregno, 1888, restauré en 1980 par B. Formentelli, relevé par J.L. Loriaut ces dernières années.)
Sur cet orgue l'ancien organiste du village jouait allègrement "Etoile des Neiges, mon coeur amoureux ..." pour les messes de mariage.
Ce que j'ai fait à mon tour un jour, à la demande des jeunes mariés, pour leur sortie de messe et pour notre plus grand plaisir!
(à suivre)
23:55 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : émission organo pleno, elizabeth joyé, benjamin françois, balagne, catteri, aregno, muro, corbara | Facebook |
23/11/2010
Toujours Novembre ...
Et après ... comment ça se passe ?
(nous chantait-on alors)
... DIES IRAE DIES ILLA ...
En Balagne, à Calenzana, comme dans une bande dessinée, ce Jugement dernier:
bon, ce que je constate, c'est que de l'autre côté il y a foule!
Le moment semble venu de définitivement séparer les Bons des Méchants, les Elus des Maudits: heureusement pour le tribunal céleste, les enquêtes sont menées rondement et sans risque d'erreur ... rien n'échappe à l'oeil du Juge suprême, pas même les plus petites rétrocommissons occultes ... ça va faire mal!
Une version jupitérienne de Dieu le Père, nimbé de gloire, foudroie les "MALEDICTI", désigne de sa main droite la Croix salvatrice et de sa gauche armée du sceptre montre les Ecritures, tandis que sonnent les trompettes annonçant la résurrection des morts. A ses côtés, la Vierge "nostra advocata" plaide, en compagnie d'une nuée de saints, reconnaissables à leurs symboles habituels, leur palme, l'instrument de leur martyre ... tous intercèdent en faveur des Morts: c'est qu'ils ont des trésors inépuisables de bienfaits à déverser sur nous ...
... foule animée, le regard tendu vers la lumière de Dieu le Père, à moins qu' on ne vous contemple vous, pour vous mettre en garde, comme ce Saint François qui prie pour vous ... ce qui me fait penser que cette oeuvre était peut-être destinée à la pastorale franciscaine ... en dessous, les élus, nombreux et sereins
tandis qu'au centre de la toile Saint Michel Archange continue de terrasser Satan et de chasser les Damnés (beaucoup moins nombreux que les Elus, je vous rassure) voués irrémédiablement à leur sort misérable : voyez ce qui nous attend si par malheur ...
... hé hé hé! ...
... j'espère que cet acte de dévotion lui aura été profitable, à ce Giuseppe,
le moment venu !
(à suivre)
22:59 Publié dans corse, la mort, patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jugement dernier, calenzana, balagne | Facebook |