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02/11/2009

la Toussaint avec Germain Nouveau (réédition...)

 

Toujours d'actualité ... je réédite avec bonheur cette note de l'an dernier : 

gare blog oct 2008.jpg

 

Je vous propose, parce que je l'aime, parce qu'il me parle et me ravigote, ce merveilleux testament de Germain Nouveau.

 

 DERNIER MADRIGAL

 

Quand je mourrai, ce soir, peut-être,

Je n’ai pas de jour préféré,

Si je voulais, je suis le maître,

Mais… ce serait mal me connaître,

N’importe, enfin, quand je mourrai,

 

Mes chers amis, qu’on me promette

De laisser le bois … au lapin,

Et, s’il vous plait, qu’on ne me mette

Pas, comme une simple allumette,

Dans une boîte de sapin ;

 

Ni, comme un hareng dans sa tonne ;

Ne me couchez pas tout du long,

Pour le coup de fusil qui tonne,

Dans la bière qu’on capitonne

Sous sa couverture de plomb.

 

Car je ne veux rien, je vous le jure ;

Pas de cercueil ; quant au tombeau,

J’y ferai mauvaise figure,

Je suis peu fait pour la sculpture,

Je le refuse, fût-il beau.

 

Mon vœu jusque là ne se hausse ;

ça me laisserait des remords,

Je vous dis (ma voix n’est pas fausse) :

Je ne veux même pas la fosse,

Où sont les lions et les morts.

 

Je ne suis ni puissant ni riche,

Je ne suis rien, que le toutou

Que le toutou de ma Niniche ;

Je ne suis que le vieux caniche

De tous les gens de n’importe où.

 

Je ne veux pas qu’on m’enferre

Ni qu’on m’enmarbre, non, je veux

Tout simplement que l’on m’enterre,

En faisant un trou …dans ma Mère

C’est le plus ardent de mes vœux.

 

 

Moi, l’enterrement qui m’enlève,

C’est un enterrement d’un sou

Je trouve ça chic ! oui, mon rêve

C’est de pourrir, comme une fève,

Et maintenant je vais dire où.

ruisseau 1 nov 2009 blog.jpg
( U Tizzone, hier, 1er novembre 2009)

 

 

 

Eh ! pardieu ! c’est au cimetière

Près d’un ruisseau (prononcez l’Ar)

Du beau village de Pourrières

De qui j’implore une prière,

Oui, c’est bien à Pourrières, Var.

 

Croisez-moi les mains sous la tête,

Qu’on laisse mon oeïl gauche ouvert ;

Alors ma paix sera complète,

Vraiment je me fais une fête

D’être enfoui comme un pois vert.

 

Creusez-moi mon trou dans la terre,

Sous la bière, au fond du caveau,

Où, tout à côté de mon père,

Dort déjà ma petite mère ;

Madame Augustine Nouveau.

 

Puis… comblez-moi de terre… fine,

Sur moi, replacez le cercueil ;

Que comme avant dorme Augustine !

Nous dormirons bien, j’imagine,

Fût-ce en ne dormant … que d’un oeïl.

 

Et… retournez- la sur le ventre,

Car il ne faut oublier rien,

Pour qu’en son regard le mien entre.

Nous serons deux tigres dans l’antre

Mais deux tigres qui s’aiment bien.

 

Paix au caveau ! Murez la porte !

Je ressuscite au dernier jour.

Entre mes bras je prends la Morte,

Je m’élève d’une aile forte

Nous montons au ciel dans l’Amour.

 

Un point … important… qui m’importe,

Pour vous ça doit vous être égal,

Je ne veux pas qu’on m’emporte

Dans des habits d’aucune sorte,

Fût-ce un habit de carnaval.

 

Pas de suaire en toile bise…

Tiens ! c’est presque un vers de Gautier,

Pas de linceul, pas de chemise,

Puisqu’il faut que je vous le dise,

Nu, tout nu, mais nu tout entier.

 

Comme sans fourreau la rapière,

Comme sans gant du tout la main,

Nu comme un ver sous ma paupière,

Et qu’on ne grave sur leur pierre

Qu’un nom, un mot, un seul, Germain,

 

Fou de corps, fou d’esprit, fou d’âme,

De cœur, si l’on veut de cerveau,

J’ai fait mon testament, Madame ;

Qu’il reste entre vos mains de femme,

Dûment signé : GERMAIN NOUVEAU.

 

ciel crépuscule.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

01/11/2009

avec Philippe Jaccottet: "Plaintes sur un compagnon mort"

chemin.jpg
" En voici un de plus qui entre dans le défilé
à peu de pas, peut-être, devant nous.
D'effroi ravalé, sa peau tressaille près de l'oeil.
Les paroles si pures dont il se vêtait
tombent en loques.
Ah! tendez-lui encore un verre plein de l'air du soir,
gardez-le encore un moment de cette suie qui encrasse les rochers rapprochés.
Nous ne l'aurons pas suivi bien loin."
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(hier, au Tizzone)
" Vous, lentes voix qui nouez et dénouez
dans le ciel intérieur,
si vous ne mentez pas, enlevez-le dans vos mailles
plus limpides que celles de la lumière sur les eaux "
(Philippe Jaccottet: A la lumière d'hiver)

17:38 Publié dans poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : séparation, mort |  Facebook |