Le 26 mai 2018 le film « Algaghjili murtale » (Algues mortelles) a été projeté à Lama en avant-première. Mais le débat scientifique n’a pu avoir lieu : il a été interdit. Alors que l’ADN du festival de Lama a toujours été la “rencontre-débat” avec les réalisateurs, techniciens et autres acteurs des films, pourquoi cette interdiction?
Savoir, apprendre, débattre est-il si subversif ?
Les cyanobactéries peuvent produire des toxines appelées cyanotoxines qui ont un impact sanitaire important puisqu’elles sont potentiellement mortelles.
Y a t-il des cyanobactéries dans les plans d’eau de Corse ? Y at-il danger ? Les responsables le savent-ils depuis longtemps ? À ces trois questions la réponse est oui. Les parades -à la hauteur de la gravité du danger- ont elles été prises ? la réponse est non.
Que disait le Plan régional santé environnement 2 de Corse, 2012/2017 ?
Page 3 : il est nécessaire de « mettre au point un plan régional de prévention, de surveillance et de gestion des cyanobactéries dans les plans d’eau artificiels ».
Page 21 : « Le barrage de Codole en Haute-Corse est particulièrement sensible au risque de prolifération de cyanobactéries. En effet, on note pour ce plan d’eau une augmentation de la fréquence des alertes de niveau 3telles que définies dans le plan départemental. Ce plan d’eau est par ailleurs concerné par un risque de non atteinte des objectifs environnementauxen raison d’une pression liée à la pollution diffuse. »
Page 22 : Cinq plans d’eau présentent un risque sensible de prolifération algale : Codole, Figari, Tolla, Sampolo et l’Alesani. Parmi ces plans d’eau, seuls ceux de Codole, de Tolla et de Figari sont utilisés à des fins d’alimentation en eau potable. Les plans d’eau de Sampolo et de l’Alesani, ayant fait l’objet de blooms il y a quelques années, sont également considérés comme sensibles. »
L’alerte de niveau 3 correspond à un fort taux de cyanobactéries. Ce taux a été atteint 6 fois en 2013 comme en 2015 : les eaux du barrage de Codole montrent donc, par périodes, des taux très très élevés de cyanobactéries, organismes toxiques.
Le 30 juillet, 2017, les analyses effectuées par l’OEHC donnent les résultats suivants : dans l’eau du plan d’eau, 279 800 cellules de cyanobactéries sont comptées par millilitre mais à la sortie de la station de traitement la recherche de cyanophycées n’est pas effectuée… Pourquoi ?
Le même jour l’eau agricole dite « eau brute » contient une -faible- quantité de toxines. La quantité est très faible mais réelle…
Si le traitement de potabilité de l’eau à destination humaine est bien effectué (par filtres à charbon actif) il n’y a pas de danger pour la santé humaine. Par contre le danger est très réel pour tout animal buvant l’eau dans les plans d’eau ou pour toute personne qui mangerait des poissons contaminés ou qui tomberait ou se baignerait dans un plan d’eau envahi par les cyanophycées…
De nombreux pays dont la France continentale ont pris des précautions pour parer au danger : interdiction de pêche, de baignade, d’activités nautiques. Rien de tel pour l’instant en Corse ?
Le film devrait être diffusé sur Via Stella le 1erjuin en présence du réalisateur et, cela est indispensable, du conseiller scientifique Antoine Orsini, hydrobiologiste à l’université de Corse. Qu’en sera-t-il ?
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