13/04/2022
Une journée de découverte des chapelles à fresques du Cortenais et du Boziu Mardi 19 Avril
Mardi 19 Avril 2022
L’Association Saladini propose une journée de découverte des fresques dans la région du Cortenais et du Boziu :
- le matin, visite de l’église Saint André d’OMESSA (et de sa fresque découverte en 2014, voir : http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2015/02/10/le-mystere-d-omessa-5556050.html )
(Omessa: le mendiant de Saint Martin)
Puis des fresques de la chapelle Saint Michel de CASTIRLA,
(Chapelle San Michele de Castirla)
suivie d'un petit concert d’orgue en guise d'apéritif musical à l’église de l’Annonciation de Corte,
puis pique-nique sur le site de San Giovanni de Corte :
l’après-midi sera consacrée aux fresques de Santa Maria de Favalellu
(Favalellu, l'Evangéliste St Matthieu)
et enfin de San Nicolau de Sermanu:
(Sermanu, l'ardent St Jean-Baptiste)
Accueil à 9h à Ponte–Leccia sur le parking du Super-U
Prévoir son pique-nique. Prière d’être bien chaussés.
Renseignements : 06 17 94 70 72
16:43 Publié dans Antonio Bonumbra évêque d'Accia, chapelle San Michele de Castirla, fresques de corse, les énigmes de la fresque d'Omessa, Omessa | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : castirla, corte, favalellu, sermanu | Facebook |
12/05/2018
A Castellu Rostinu, la Chapelle San Tumasgiu, le Pape François, le Pariarche Kyrill et Poutine ...
A propos de notre prochaine visite, lundi 21 mai, des chapelles romanes dotées de fresques avec la FAGEC, je partage avec vous cette intéressant éclairage de notre ami Toussaint Quilici sur un personnage de belle étoffe aventurière, l'évêque Antonio Bonumbra, évêque du minuscule diocèse d'Accia de 1467 à 1480, et actif sur la chapelle San Tumasgiu di Pastureccia, qui fera l'objet de notre première visite:
LA CHAPELLE SAN TUMASGIU, LE PAPE FRANCOIS, LE PATRIARCHE KYRILL ET POUTINE
J'imagine votre surprise en voyant dans ce titre l'association de ces trois personnalités contemporaines avec notre chapelle San Tumasgiu di Pastureccia, non il ne s'agit pas d'une imposture ou d'un canular, mais d'un fait historique réel qui nous est révelé par des sources inédites, et par la lecture du tympan gravé de San Tumasgiu (situé au dessus de la porte d'entrée de la chapelle).
Suite à la découverte du reliquaire dans l'autel de la chapelle San Tomà de Pastureccia portant le nom et les armes d'Antonio Bonombra (ou Bonumbra) évêque d'Accia à partir de 1466, il a été possible de déchiffrer l'inscription (soulignée en blanc sur la photo) sous le millésime MCCCCLXX (1470 le 22 juin) indiquant le nom de l'évêque anto bonombra, jusque là restée assez obscure.
Cette inscription portant le nom de l'évêque semble confirmer qu'il a consacré cette année là quelque restauration ou construction dans notre chapelle.
Antonio Bonombra remplace Gian Andria de Bussi en 1466 à la tête du diocèse d'Accia ( petit diocèse regroupant seulement deux pievi,le Rustinu et l'Ampugnani). La Corse possédait alors cinq diocèses: Ajaccio, Aléria, Mariana, Nebbio, et Sagona. Afin de départager Gênes et Pise ( en nombre de diocèse) espérant ainsi calmer les velléités de ces deux républiques qui se disputent alors la suzeraineté de l'île, le Pape Innocent II crée en 1133 celui d'Accia qui revient à Gênes avec Mariana et Nebbio.
Notre évêque semble obtenir plusieurs faveurs et missions de confiance de son compatriote Savonais: Francesco della Rovere qui sera élu Pape en 1471 sous le nom de Sixte IV. Récolteurs des dîmes insulaires dues à la chambre apostolique, et surtout missioné pour accompagner à Moscou en 1472 la princesse Zoé Paléologue, nièce du dernier empereur byzantin, qui devait épouser le grand prince, et futur tsar Ivan III.
Durant son épiscopat dans le diocèse d' Accia, Bonombra se déplacait de lieu en lieu et devait avoir plusieurs résidences (cf.Antoine Franzini cahier corsica). Cependant, il semble avoir fixé sa résidence dans une maison de Pastureccia, son notaire Vinciguerra Cacexius établissait un acte de procédure au nom de l'évêque le 3 février 1468: «Datum pastoretie, in domo nostre residentie». Le 9 mai, Bonombra citait à comparaître un prévenu ( depuis Belgodere de Bagnaia): « comparire debiate in pastorecia overo unde tando faremo nostra residentia», le menaçant de « citendovi a la porta di Sancto Stefano de Rostino» (cf. Geo Pistarino), chapelle ruinée se trouvant dans l'actuelle maison familiale Orsini le Casinu...
Le 08.02.2016 a eu lieu à la Havane une rencontre entre le représentant de l'église Catholique, le pape François, et le représentant de l'église Orthodoxe, le patriarche Kirill.
Le président Poutine aurait parlementé par deux fois avec le Pape François et encouragé cette rencontre historique entre les deux églises.
Le journaliste Ptr. Romanov sur le site SPUTNIK relate cette réunion en faisant un rappel historique sur le grand schisme ( séparation) entre ces deux églises, et la tentative d'implantation de la religion catholique avec la visite de Bonombra à Moscou à l'occasion du mariage d'Ivan III avec Sophie Paléologue: extraits ci dessous.
Sputnik est une agence de presse multimédia internationale lancée officiellement par le gouvernement russe le 10 novembre 2014, au sein de Rossiya Segodnya ,. Sputnik remplace l'agence d'informations RIA Novosti. Proposant d'apporter « un regard russe sur l'actualité », elle diffuse dans 31 langues
«L'Église orthodoxe a expliqué la raison formelle de son brusque changement de position, en soulignant que toutes les controverses et divergences traditionnelles subsistaient. Les orthodoxes accusent depuis longtemps le Vatican de prosélytisme, c'est-à-dire d'entreprendre des tentatives pour convertir et répandre le christianisme catholique romain en Russie. Nous rappelons un épisode des temps anciens du tsar Ivan III, qui désireux de renforcer son image avait projeté d'épouser Sophie [alias Zoé, avant son mariage en Russie] Paléologue, nièce du dernier empereur byzantin Constantin XI. Le pragmatique Ivan avait décidé de prendre cette mesure non sans hésitation et en fait ses soupçons n'étaient pas vains. A la tête du convoi de la future épouse, le représentant du pape Antonio Bonombra portait une grande croix catholique, avec lequel il se préparait à entrer officiellement dans la capitale orthodoxe. Outre Sophia Paléologue, Rome semblait vouloir amener à Moscou l'idée de l'unité catholique. Le problème fut donc résolu radicalement: le boyard Fedor lo Zoppo, sous le commandement d'Ivan III, arracha de force la croix de l'envoyé du pape à 15 milles de Moscou.
Le vieux problème de l'unité porte encore aujourd'hui gravement atteinte aux relations entre l'Église orthodoxe russe et le Vatican, notamment en ce qui concerne les événements en Ukraine. Comme indiqué lors de la conférence de presse de l'Eglise orthodoxe russe consacrée à la réunion historique, l'Eglise catholique grecque ukrainienne a exaspéré la rhétorique russophobique et les attaques contre les orthodoxes. Je soupçonne que le Vatican n'est pas aussi responsable, plutôt l'atmosphère russophobique créée en Ukraine. Je suppose que l'Église orthodoxe russe le pense aussi».
Le 20 juin, le Bonombra reçut 600 ducats d'or pour les frais de la mission et de sa suite, dans laquelle se trouvaient un certain nombre d'Italiens. Le défilé est parti de Rome le 26 Juin, l'itinéraire a été marquée par des étapes à Sienne, Bologne, Vicence, Nuremberg, Lübeck, Revel (Tallinn) et Pskov. A peine entré sur le territoire Russe il refusa de vénérer les icônes, arrivé plus tard aux portes de Moscou, il a pu entrer dans la ville avec la procession (le 12 novembre) à condition (suite à ce refus) de ne pas porter les signes solennels que son titre comportait.
Décidément, la chapelle San Tumasgiu ne cesse de nous surprendre par ces différentes révélations historiques et archéologiques. L'évêque Bonombra a laissé son empreinte sur le reliquaire et le tympan de la chapelle, il est émouvant de savoir qu'il résida épisodiquement à Pastureccia, consacra S.Tumasgiu, puis s'en alla jusqu'à Moscou pour une importante mission apostolique. Il mourut en 1480 et sera remplacé le 13 avril de cette année par le ligure Bartolomeo Pammoleo, les fresques seront commanditées sous cet épiscopat. Cf. V.Poli dans les Annales de la Corse, 15 sept 1929 précise: «on ne distingue plus que les lettres O.P.D.I ( peut être Opus Dei) avec la date 1509».
TOUSSAINT QUILICI.
Bravo et merci cher Toussaint pour ce travail où se mêlent, comme toujours, petite et grande histoire!
Je complète pour l'occasion cette note avec la présentation du fameux reliquaire découvert fortuitement en 2001 lors des travaux effectués alors sur la chapelle. Cette découverte a été publiée dans le Cahier Corsica n°212 (en 2003), aux côtés d'autres "Découvertes archéologiques fortuites en Corse"
Au cours des travaux, il fut décidé de rabaisser d'une trentaine de centimètres le maître-autel , après l'avoir déchaussé de sa table. Quelle ne fut pas la surprise des ouvriers de découvrir dans la maçonnerie et jusque-là ignorée, une cachette formée de deux lauzes opposées formant une niche où se découvrit ce reliquaire ...
Ecoutons Geneviève Moracchini-Mazel:
" De couleur brune, ce reliquaire parait être constitué d'une boîte en bois recouverte de cire (...). A l'intérieur, la radiographie a révélé la présence de dents et peut-être d'ossements minuscules.
Sur sa face plate supérieure, on observe l'empreinte de douze cachets circulaires presque identiques- mais de dimensions inégales- disposés autour d'un motif ovale qui lui-même se divise en deux parties. En haut, sont représentés trois personnages nimbés, placés sous des dais (...) imitant les architectures et les menuiseries gothiques, ce qui laisse à penser que l'artiste s'est inspiré de la composition d'in triptyque. En bas, sous ce pseudo-triptyque, se trouve un personnage revêtu d'une robe longue qui est coiffé d'une mitre et porteur d'un bâton peu visible (cassé?) dans la main gauche. (...)
D'autres cachets-sceaux sont imprimés dans la tranche inférieure de l'objet. (...° Une inscription, peu lisible dans sa totalité, court autour du cercle. Sur certaines de ces empreintes la lecture est claire: ANTONIUS BONU ...
(...) Il n'est pas douteux qu'il s'agisse des armoiries de l'évêque d'Accia Antonio Bonumbra et que c'est bien lui qui s'est fait figurer debout sous le pseudo-triptyque. L'identification des trois personnages sous les dais est simple. Il s'agit, au centre, de la Vierge à l'Enfant avec, à sa gauche, S Pietro (avec les chefs), et à sa droite, S Giovanni Battista (vêtu de peaux de bêtes)."
La découverte de ce reliquaire a permis de rendre enfin lisible l'inscription du tympan de la chapelle:
le tympan surmontant la porte sud de San Tumasgiu:
MCCCCLXX...XXII Ju... (..)Anton Bonom(...), soit la date du 22 juin 1470 et le nom d’Antonius Bonombra, évêque d’Accia (photo tirée de l'excellent site de Claudine Levie et Philippe Deltour: http://corse-romane.eu/castello-di-rustino-toma-y/)
Enfin, comment ne pas sonner l'alarme sur l'état des fresques de la chapelle San Tumasgiu, toujours pas restaurées, alors qu'elles devaient faire partie de la première tranche des restaurations des chapelles à fresques en Corse: que se passe-t-il ? pourquoi laisse-t-on se dégrader l'un des plus beaux et riches (en iconographie) joyaux de ce patrimoine des chapelles à fresques ? Nous avons choisi de commencer le 21 mai par San Tumasgiu pour éclairer ce désastre en cours.
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/27/les-fresques-de-san-tumasgiu-di-pastureccia.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/02/3-les-fresques-de-san-tumasgiu-suite-et-fin.html
Et pour en savoir un peu plus, vous pourrez lire utilement cette étude de Pierre Bertoncini:
http://www.culture.gouv.fr/content/download/92061/687385/version/1/file/Ethno_Bertoncini_%202014_577_4partie1.pdf
14:25 Publié dans Antonio Bonumbra évêque d'Accia | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reliquaire de san tumasgiu | Facebook |