22/11/2009
Frères cochons et altri porchi ...
Porchi di banda
Sur la route de la Pieve d'Orezza, mardi 17 novembre, journée patrimoniale, s'il en fût!
"Frères cochons qui pour nous vivez..."
« En supposant que mille familles de cette ville deviennent des acheteurs réguliers de viande de nourrisson, sans parler de ceux qui pourraient en consommer à l'occasion d'agapes familiales, mariages et baptêmes en particulier, j'ai calculé que Dublin offrirait un débouché annuel d'environ vingt mille pièces (...)
Nous sentirions-nous anthropophages en mangeant de la chair de porc? Les interdits qui pèsent sur cette consommation de viande de porc sont-elles seulement liés aux aléas de sa conservation ou bien n'y a-t-il pas, ina- vouable et occultée, cette reconnaissance implicite d'un haut degré de cousinage?
Et pourquoi, dans leur chasse nocturne, les Mazzeri traquent-ils de préférence les sangliers, ces cochons sauvages ?
Toujours est-il que je vous propose cette réflexion de Max CAISSON, le commissaire de l'exposition " Porchi è cignali" de 2004 au Musée de Corte:
"Le porc en particulier, du fait de la place ambigüe qu'il occupe dans nos représentations, est un animal médiateur. Il est médiateur entre le sauvage et le domestique, entre nature et culture, autrement dit entre animalité et humanité, mais aussi entre masculinité et féminité et, enfin, entre les morts et les vivants..."
Au fait, je me rends compte que lorsque je dis "cochon", je vois cette joyeuse troupe gambader, et lorsque je dis "porc", c'est figatellu, prizutu, lonzo, coppa et compagnie ... C'est que la tuaison/tumbera du cochon n'est pas anodine (j'en ai un souvenir terrifiant dans la cour de la ferme de Longnes et de la longue agonie hurlée du cochon sacrifié au nom du boudin, de la rillette - ah ! les rillettes de la Sarthe!, de l'andouillette - "ici on fait l'andouille de père en fils"...), et que le passage du cochon vivant en chair morte de porc nous fait - en français du moins- déguiser la mortifère réalité.
Alain Ray, dans son dictionnaire historique de la langue française, signale que le terme "cochon "est d'origine obscure, peut-être le "coch coch" imitant le grognement des petits cochons chahuteurs (j'en témoigne!) . Dans la Sarthe (le pays de ma mère ), on dit une coche, pour parler de la truie: " La grosse coche a fait ses petits cette nuit". Toujours est-il qu'en ancien français (1278) , le mot cochon désigait à l'origine le jeune pour le distinguer du porc adulte .
Quant aux connotations dont on a affublé notre pauvre animal, évoquant tour à tour la saleté et la salacité, je les trouve injustes, et sans doute prête-t-on aux suidés des "vices" propres à l'homme. Casani /enfermés, les cochons sont sales, et pour cause. Les soues à cochons , ça pue, surtout lorsque cela se transforme en élevages industriels, et ça pollue. Libres, nos cochons/porchi di banda fleurent surtout l'herbe fraîche, la chataîgne, la girolle, la neppita, la fougère et montrent un maintien honnête , ne se vautrant dans leurs bauges que pour éliminer les parasites. Nos hommes politiques feraient bien d'en prendre de la graine.
C'était la méditation porcine de ce jour .
10:20 Publié dans patrimoine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cochons, sangliers, castagniccia, corse, patrimoine rural de corse, mazzerisme, jonathan swift, animalité et humanité | Facebook |