Balade mémorable ce lundi de Pâques 2009:
Serravalle
Sous la houlette de Colette et en compagnie wallonne (Françoise), flamande (Anna), néozélandaise (Judith), franco-vietnamienne (Hélène), la visite du site de Serravalle en cette matinée au teint brumeux: petite mise en jambes pour enfin retrouver ce Castellu qui domine le village de Piedigriggio: lors des parcours de la Montagne des Orgues concernant la Giovellina et le Cortenais, j'ai toujours plaisir à faire découvrir la petite église St Michel (qui abrite un orgue en fonction) et son abside romane visible de l'extérieur, avec ses belles pierres roses, les mêmes que nous retrouverons sur le château de Serravalle.
Nous sommes ici au centre de la Corse. Pour rejoindre Serravalle: depuis Ponte Leccia, se diriger vers Corte sur la N 193; à 2 km, prendre à droite la D 18 vers Piedigriggio (une petite route fort belle, avec, pour fond de paysage, le massif des Aiguilles de Popolasca). Au premier carrefour, prendre à gauche vers Popolasca et 2 km plus loin, on trouve - il faut être attentif, car le panonceau est au sol - l'indication du sentier qui grimpe tranquillement jusqu'au castellu. Il vaut mieux faire cette petite balade en dehors des grosses chaleurs de l'été...
Une enceinte défensive polygonale construite en moellons de granite liés à la chaux, rosés commes les rochers de la colline. Murs percés d'archères, abritant une belle tour carrée de près de 8 m de haut: il n'y a pas d'accès aujourd'hui à l'intérieur de ce donjon qui comportait, au rez-de-chaussée, une citerne voûtée.
Fief des seigneurs Amondaschi.
Voici ce que nous en dit Giovanni della Grossa (cité p. 150 dans le CAHIER CORSICA 214 (2004) sur le castello de Serravalle à Piedigriggio :
je vous invite à retrouver ce cahier présenté par Geneviève Moracchini-Mazel qui comporte de nombreuses informations concernant les travaux de consolidation menés à Serravalle il y a une trentaine d'années - chantier débuté en 1979 en collaboration avec l'Union REMPART sous la direction de Michel Simonin - et des documents historiques comme toujours fort éclairants):
"(...) [Ugo] donna ensuite à Amondo Nasica, Avoglino [Giovellina] avec tout le bassin du Golo; et c'est cet Amondo qui a donné son nom aux Amondaschi (...) ". (...) Aux Amondaschi obéissaient tous les pays situés sur les deux rives du Golo. Cet Amondino se révèle un chef puissant et ambitieux, dépouillant de nombreux autres seigneurs de leurs fiefs au prix de longues guerres tant dans le Delà que dans le Deçà des Monts( en Cinarca, Vico, Talcini, Canonica de Mariana, Casinca, jusqu'à Lavasina). A la mort de ce chef, la discorde s'installe et le pouvoir acquis par les armes s'effondre progressivement.
Cette famille des Amondaschi, d'après Giovanni della Grossa, était en conflit avec les Pisans, alors "gérants" de l'île, et ils auraient fui le castellu de Supietra (Omessa) et se seraient établi en Giovellina, élevant ce château - stratégique pour le centre de la Corse - de Serravalle.
Je cite à nouveau ce cahier, p. 147:
"(...) Serravalle est situé en amont de Ponte-Leccia (...) sur un mamelon, à 550m d'altitude environ, dominant le village de Piedigriggio et commandant la vallée en haut de laquelle se trouve Popolasca.
(du haut des murs de Serrevalle, le village de Piedigriggio)
Il présente un intérêt stratégique relativement grand, puisque, par la vallée qu'il verrouille, on peut se rendre aisément dans le Niolo (...) de même que dans la pieve de Caccia (...).
De plus, du castellu on peut, par des signaux visuels, mettre en communication les trois villages de Piedigriggio, Prato et Popolasca.
(côté ouest, depuis Serravalle, au fond, niché sous les Aiguilles de la Giovellina, Popolasca. Au premier plan, le printemps des euphorbes)
Notons enfin que le "château" est complété par une tour située au-dessous du village de Prato, sur le Monte Albano, et qui interdit l'accès de la vallée aux gens pouvant venir de Francardo."
(Texte de D. Geromini, publié dans la revue Corse Historique, 1964, n°13-14)
(un pan du mur d'enceinte et ses meurtrières)
(Paroi Nord: on aperçoit les restes d'une échauguette;
pierres rougeâtres du castello et rochers de même couleur)
(du côté des "appartements" présumés des seigneurs)
(la tour carrée: le revêtement en pierres taillées blanchâtres ne laisse pas de prise; à la base du donjon, les murs sont aveugles)
(et pour accueillir les intrus malveillants - et il y en a eu depuis le début du XI° siècle! , l'une de nombreuses meurtrières)
(Hélène, Judith et Anna devant le mur d'enceinte)
Mission accomplie: merci Colette! Le reste de la journée m'incombe: le soleil émerge miraculeusement des nuages, tous les espoirs sont permis pour aller à l'aventure cet après-midi: je propose d'essayer de trouver un chemin pour rejoindre ce lieu mystérieux et qui m'intrigue depuis longtemps, sous PRATO de GIOVELLINA: "a Tribuna". Avec pour seuls biscuits (non des moindres!) les deux volumes sur la Corse romane (hélas épuisés) de Geneviève Moracchini-Mazel et une carte IGN. Entre le Château de Serravalle et "a Tribuna", une relation, semble-t-il de pouvoir et de juridiction féodale.
(à suivre)