21/10/2015
une découverte formidable sur la commune de Lano de deux cercueils de l'âge du bronze
Castagniccia : l'incroyable découverte de deux cercueils de l'âge du Bronze
By Sebastien PISANICreated 21/10/2015 10:45C'est le type de chantier qui marque forcément la carrière d'un archéologue." Franck Leandri, conservateur régional de l'archéologie à la direction des affaires culturelles, en a les yeux qui brillent encore. Le week-end dernier, lui et ses confrères ont mené à bien la récupération des restes de deux cercueils en bois remontant à l'âge du Bronze final - soit aux alentours de 1200 av. J.-C. - dans une cavité située à flanc de falaise, sur la commune de Lano, en Castagniccia. Des vestiges proprement exceptionnels, car ils s'avèrent très rares à l'échelle de la Méditerranée occidentale. "La seule référence connue jusque-là se trouve aux Baléares", glisse Franck Leandri.
C'est grâce au matériel et aux compétences des spéléologues d'I Topi Pinnuti, que les archéologues ont pu accéder au site.
Au temps de Cucuruzzu et Filitosa
En début d'année, lorsqu'ils sont contactés par les spéléologues Jean-Claude La Milza et Jean-Yves Courtois (lire page ci-contre), les archéologues sont loin d'imaginer la portée de la découverte réalisée par ces derniers. "Il était question de morceaux de bois et d'ossements humains. Nous pensions que ces vestiges remontaient au plus loin au Moyen Âge, confie le responsable du service régional d'archéologie. Une première datation a été effectuée sur des ossements dans un laboratoire en Pologne. Lorsque nous avons appris qu'ils étaient évalués à 1200 av J.-C, cela nous a énormément surpris. Mais, une seconde datation, portant sur les échantillons de bois, réalisée dans un laboratoire américain, a apporté la confirmation que nous espérions."
Un dispositif impressionnant et très technique a été mis en place pour sortir les vestiges de la cavité dans laquelle ils dormaient depuis plus de 3 000 ans.
À ce moment précis, les scientifiques savent qu'ils tiennent un site de première importance. Alors que l'on mettait à l'abri des dépouilles au creux de cette falaise, la Corse était en train de se couvrir de statues menhirs. Une période passionnante, qui correspond à celle des sites de Cucuruzzu et de Filitosa, mais dont on ne sait pas grand-chose en matière de pratiques funéraires. Ces cercueils en bois sont une opportunité inouïe. Comment ont-ils traversé le temps ? Sans doute en raison d'une association de paramètres, liés à l'environnement calcaire dans lequel ils ont été placés, l'altitude de la cavité (1 000 mètres) et l'essence retenue par ceux qui les ont façonnés. À savoir l'if, autrefois courant en Corse, qui a la caractéristique d'être imputrescible. Sachant que plusieurs civilisations anciennes voyaient aussi en lui un puissant vecteur, facilitant le passage vers l'au-delà...
Les vestiges des sépultures sont arrivés à Grenoble, lundi dernier, dans un laboratoire spécialisé en matière de conservation. Pour assurer leur transport en toute sécurité, des caisses sur-mesure avaient été prévues.
Au mois de juin dernier, quatre archéologues, accompagnés par les spéléologues, se rendent à nouveau à Lano pour préparer le vaste chantier archéologique qui s'est déroulé samedi et dimanche derniers. "Sans les spéléologues, nous ne serions jamais arrivés à nos fins. Le maire, Pierre Leschi, nous a aussi beaucoup aidés, souligne Franck Leandri. Un prélèvement aussi délicat, à flanc de falaise, constituait une première sur l'île. En terme de logistique, cela tenait de l'opération de sauvetage en montagne."
12:48 Publié dans archéologie corse, préhistoire corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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