22/02/2015
la Collectivité territoriale unique en Corse, communiqué de la LDH Corse
A propos de la Collectivité territoriale unique en Corse, la Ligue des Droits de l'Homme communique:
> De : "Infocom Ldh" <infocom-ldh@ldh-france.org>
> A : infocom-ldh@ldh-france.org
> Copie à :
> Objet : [infocom-ldh] LDH Corse
>
>
COMMUNIQUÉ
> >
La collectivité territoriale unique
La collectivité unique de Corse pourrait voir le jour dès le 1er janvier 2018. Telle est la conséquence de la proposition faite par le gouvernement d’inscrire ce projet dans le débat en cours sur la nouvelle organisation territoriale de la République. La Ligue des droits de l’Homme constate avec intérêt la réactivité du gouvernement sur ce dossier, et la prise en compte d’une résolution adoptée par l’Assemblée de Corse en décembre dernier. Cette accélération du calendrier politique aurait pour conséquence de remettre en cause une consultation des électeurs, également demandée par l’Assemblée de Corse.
Certains élus revendiquent la tenue d’un référendum. Or, demander aux citoyens de répondre par oui ou par non, après quelques jours de débats publics, à une question complexe, est un leurre démocratique. Faut-il rappeler qu’il aura fallu plusieurs années de débats au sein de l’Assemblée de Corse, un comité stratégique, la sollicitation de personnes qualifiées, la rédaction d’un rapport, pour que les élus en viennent à maîtriser le sujet.
Dans le même temps, la LDH constate que les citoyens n’ont pas été appelés à une participation démocratique au cours de la phase d’élaboration du projet, a contrario de la méthode mise en œuvre pour le PADDUC. Le débat sur l’organisation des institutions territoriales touche pourtant au fonctionnement démocratique de la société. Il est aussi la conséquence des mobilisations contre le clanisme et le clientélisme.
Pour sa part, la LDH soutient le projet même si elle continue à s’interroger sur la place dans la future collectivité unique de l’intercommunalité, dont les élus ne sont pas issus du suffrage universel. Elle s’interroge également sur le fait que l’intersyndicale de la CTC se soit exprimée sur une insuffisance d’information concernant le projet.
Aussi, la mise en œuvre de la Collectivité Unique, dans le sens d’une simplification de l’organisation actuelle, ne doit pas oublier les finalités qu’elle s’est données. En organisant différemment l’action publique, elle devra permettre un meilleur exercice de la démocratie locale et ce faisant agir contre les inégalités sociales.
> > Corte, le 14/02/2015
> >
> > Le bureau de LDH Corsica
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15/02/2015
les énigmes de la fresque d'Omessa
Les énigmes de la fresque découvertes en novembre 2014 dans l'église Sant' Andria d'Omessa
Pieve de Talcini
( dernière visite le 9/2/2015)
Omessa, Quartier du Rione et l'église Sant'Andria
" C'est l'église paroissiale actuelle. La description de Mgr Mascardi confirme que ce n'était pas une église de fondation ancienne avec un style roman traditionnel; cette indication est en accord avec la tradition orale et certains auteurs qui rapportent que cette église est un ancien hôpital transformé en église en 1460 par Ambrogio d'Omessa, évêque d'Aleria. Du temps de Mgr Mascardi, "elle avait trois nefs, mais les collatéraux étaient un peu étroits ... un toit en charpente ... trois portes; un campanile en forme d'arcade avec deux cloches ..." ( Geneviève Moracchini-Mazel: Les Eglises Romanes de Corse - 1967)
Ambroggio d'Omessa évêque d'Aleria entre 1412 et 1466, aurait donc aurait donc, en 1460, transformé un ancien hospice fortifié "U Rione" en église ( le quartier historique actuel de l'église San'Andria a du reste gardé ce nom) .
Article de Corse-Matin du 14/12/2014
L'église fait toujours l'objet d'une restauration depuis octobre 2014, et l'on a confié à l'atelier de notre amie Ewa Poli le soin des décors peints. C'est en travaillant sur l'autel baroque latéral du Rosaire, après l'enlèvement de la toile, que furent découvertes en novembre quelques traces peintes qui ont attisé la curiosité des restaurateurs. Et après un délicat dégagement, divine surprise! est apparue une fresque d'une grande beauté malgré ses lacunes, révélée après des siècles de sommeil sous un emplâtre de chaux, "dans son jus", vierge de tout repeint, ce qui en fait un cas particulièrement intéressant ...
L'autel construit à l'époque baroque a été plaqué contre ce mur peint à fresque (XV° s.? les analyses souhaitables pourraient nous conforter ou non dans cette datation), -ce qui pose aujourd'hui un dilemme de taille, car une partie de la fresque dort encore sous l'ensemble architecturé de l'autel ... (on connait le même problème dans la chapelle de San Chirgu à Cambia, ou les deux ailes du petit autel baroque avaient été plaquées contre les pied-droits peints à fresque au XV°s.).
Deux espaces se superposent: à l'étage supérieur l'on devine la Charité de St Martin, et à l'étage inférieur, c'est le martyre de St Pierre, crucifié, selon les Actes apocryphes, la tête en bas et les pieds vers le ciel.
La Charité de St Martin:
« Tout ce que vous ferez à l'un de ces petits,
c'est à moi que vous le ferez».
Entre les pattes d'un cheval blanc, un adolescent grelottant reçoit la moitié de la chlamyde (manteau de légionnaire romain) de St Martin, dont on ne voit qu'une main mais ni le corps ni le visage, sans doute encore cachés sous les stucs baroques.
L'enfant nu s'enveloppe dans l'étoffe que la main visible du bon St Martin
du haut de son cheval semble trancher avec son épée.
Une tignasse rousse ébouriffée sur un doux visage fissuré, innocent,
bouche ouverte d'étonnement ... Bouleversant!
A mi-corps un trou béant dans le mur interrompt le corps de l'enfant qui reprend plus bas au niveau des genoux et nous réserve cette incroyable surprise:
à la place des pieds , deux fragiles pattes d'oiseau aux longs doigts humains:
il semble bien que l'artiste ait voulu évoquer ici un lépreux, l'un de ces "Pauperes Christi", "Pauperes Sancti Lazari" , pauvres d'entre les pauvres, les pauvres du Christ, de Saint Lazare, la lèpre rongeant la chair des pieds.
" Martin, qui n'est encore que catéchumène, m'a donné ce manteau" (Martinus, adhuc catechumenus, hac me veste contexit). Le jeune mendiant lépreux, c'est le Christ lui-même. A cette représentation de la Charité de St Martin, épisode célèbre et populaire de sa légende qui se déroule aux portes d'Amiens, se mêle un autre épisode où St Martin, à Paris, guérit un lépreux d'un baiser:
Cette "œuvre de miséricorde" envers un être mutilé dans son humanité, abject et puant, est à rapprocher d'une autre rencontre avec les lépreux, celle du Poverello St François d'Assise, si décisive pour sa conversion:
« Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : lorsque j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je leur fis miséricorde. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’âme et du corps ; et après cela, je ne restait que peu de temps et je sortis du siècle. Et le Seigneur me donna une telle foi dans les églises que je priais simplement et disais : « Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, et dans toutes tes églises qui sont dans le monde entier, et nous te bénissons, parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde » ( Testament de St François d'Assise).
Œuvre de charité qui transforme celui qui donne le baiser tout autant que celui qui le reçoit.
Le monde des lépreux est longtemps resté dramatiquement stigmatisé par les populations "saines", un monde d'indésirables et d'exclus, dont on redoutait et fuyait le contact malodorant et la vue insupportable, comme un reflet de sa propre humanité irréversiblement déchue . Dans de nombreuses régions les lépreux vivaient à part des vivants, car on les considérait comme déjà morts et extrêmement contagieux, même lorsqu'il s'agissait de ce que l'on nommait la "lèpre blanche", forme infiniment moins dangereuse que la terrible "lèpre rouge" à l'issue fatale.
Quoi qu'il en soit de la réalité médicale à l'aulne de nos connaissances actuelles, une lèpre dont on pensait qu'elle était héréditaire, créant ainsi des familles entières de parias vivant en dehors des quartiers "sains", affectés à certains corps de métier, comme les métiers du bois - A retrouver ou découvrir en particulier dans l'univers des cagots du Sud-Ouest de la France: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cagots - où l'on apprend que ces proscrits spécialisés entre autres dans la charpente avaient été appelés pour réaliser la charpente de Notre-Dame de Paris ...
Toujours est-il qu'ils devaient vivre et se marier entre eux, et avaient obligation de se signaler en portant sur leur costume un signe distinctif en forme de patte d'oie. Une constante dans nos sociétés humaines si promptes à la discrimination de l'Autre : pattes d'oies pour les lépreux et autres cagots, rouelles puis étoiles jaunes pour les juifs etc ... A signaler, dans le genre "intouchables", le fait que le contact des femmes en période de menstrues était considéré comme impur et qu'elles devaient elles aussi, dans certaines régions, partager en ces moments ce même insigne en patte d'oie des lépreux : tout ce qui touche à la nature incontrôlable des femmes est décidément suspect, et on le sait bien depuis la Tentation d'Adam et Eve - La souillure de la lèpre et la nature des femmes sont cousines germaines, et pour faire court, le port de la patte d'oie pouvait s'avérer utile en cas de cour trop pressante de ces messieurs . Dans certains récits hagiographiques des saints, l'on rencontre de jeunes vierges dédiées à Dieu et brusquement affligées de pieds lépreux pour dissuader les amoureux trop entreprenants. Une légende intéressante éclaire assez bien ce propos, celle de la Reine Pédauque (la Reine au pied d'oie): http://fr.wikipedia.org/wiki/Reine_P%C3%A9dauque
***
Cet adolescent à pattes d'oiseau: mi-animal (mais quel animal! susceptible d'envol spirituel), mi-humain, nous plonge dans un vertige proche du sacré, une chute vertigineuse dans l'inconscient collectif:
comme ici, dans cette représentation sur une tombe égyptienne de Deir El Medina du "Ba" (dans la conception de l'Egypte ancienne, l'un des sept éléments constituant chaque individu: ici, l'âme -énergie spirituelle de transformation) - en oiseau à tête humaine , symbolisant l'âme mobile du défunt.
***
Comme toujours le symbole est rarement univoque, même s'il est intimement relié à l'époque où il s'exprime. Ici ce jeune mendiant/Christ aux pattes d'oiseau est directement intégré à la Charité de St Martin, grand saint s'il en fut parmi tous les saints les plus célèbres d'Europe . La Corse possède un grand nombre de paroisses et sanctuaires très anciens dédiés à ce saint (évêque de Tours à partir de 370) , patron de l'abondance (Divizia!) , protecteur des cultures, des vignes et des troupeaux, et que l'on fête le 11 novembre, jour où l'on goûtera le vin nouveau. Ce qui en fait un saint remarquable de notre ruralité. D'autre part son rôle de missionnaire en butte à l'hérésie arienne tout au long de sa longue vie ( il meurt en 397 à plus de quatre-vingt ans) trouve encore une résonance particulière dans la Corse du V° s. alors occupée par les Vandales, ariens comme beaucoup de peuples "barbares" de l'époque. San Martinu trouve décidément sa place très tôt sur l'île :
"Le fait est que ce saint a été fort populaire en Corse, et qu'il y eut le plus grand nombre de sanctuaires, après Maria, Giovanni Battista et Pietro.
En effet, une bonne cinquantaine de sanctuaires étaient dédiés à San Martino; et parmi ces édifices quelques uns avaient été fondés dès la fin du IV° s. ou le V° s.; mais la plus grande partie d'entre eux ont été élevés au cours du haut Moyen-Âge et plusieurs ont été rebâtis dans le cours du X° s. "
Geneviève Moracchini-Mazel, in Corsica Sacra, p. 38
St Martin donnant l'exemple de cette œuvre de miséricorde envers les estropiés, exilés, malades de la vie, et en particulier envers les plus réprouvés d'entre eux: les lépreux, en gardant à l'esprit toute la portée symbolique de la charité destinée à la chair souffrante du Christ nous ferait pencher vers l'idée d'une dévotion développée ici au sein de cet hypothétique hospice d'U Rione à Omessa.
Ce mur portant cette ensemble peint à fresque appartenait-il à l'oratoire de cet hospice de fondation ancienne avant la construction présumée de l'église Sant'Andria par l'évêque Ambroggiu d'Omessa en 1460 ?
Pour ceux qui voudraient mieux connaître cette grande figure, voici l'histoire de St Martin, empruntée ici au site : http://www.saintmartindetours.eu/p/la-vie-de-saint-martin...:
voûte de l'église San Martinu di Lota
La vie de saint Martin
***
Au registre inférieur: le martyre de St Pierre
Crucifixion du Prince des Apôtres St Pierre, la tête en bas et dans un environnement citadin (ici avec une perspective tout-à-fait maîtrisée ) , en 64 sous la persécution de Néron: on raconte dans les traditions les plus anciennes qu'il passe les vingt-trois dernières années de sa vie à Rome. Après l'épisode de son évasion de la Prison Mamertine,
" Prenant la fuite de peur des persécutions, il rencontre sur la Voie Appienne le Christ, portant sa croix auquel il demande " Quo vadis, Domine?" et qui lui répond: "Je vais à Rome afin d'y être de nouveau crucifié." Pierre, honteux de sa faiblesse, retourne alors à Rome où il subit le martyre en même temps que saint Paul: mais tandis que Paul, citoyen romain, a la tête tranchée, Pierre qui n'est qu'un juif, est crucifié.
Les Pères de l'Eglise enseignaient que saint Pierre, ne voulant pas mourir de la même mort que son divin Maître, avait demandé par humilité, à être crucifié la tête en bas. "
(Louis Réau, in Iconographie de l'art chrétien, p. 1078)
Là encore cette représentation du martyre de St Pierre nous intrigue à Omessa, car San Petru n'apparait pas non plus dans la liste des Saints honorés au Moyen-Âge dans la Pieve de Talcini (cf. G.Moracchini-Mazel in: Les églises romanes de Corse, p. 329)
L'autel baroque recouvre le bas de la fresque et nous ne pouvons voir qu'une moitié du corps de St Pierre ... On ne sait ce qui sera décidé par la suite : on aimerait découvrir l'ensemble de la fresque mais ce serait fatal pour l'autel baroque ...
A côté de St Pierre, le soldat bourreau s'affaire, grimpé en équilibre instable sur son échelle. Sur la gauche, des monuments à belle perspective évoquent une Rome antique rêvée.
Sur la droite de cette scène, l'on aperçoit un étendard bien difficile à analyser ... celui de Rome ?
Une sale bestiole dragonnante à mille pattes ? Difficile d'y voir plus clair en attendant une restauration souhaitée : que sera-t-il décidé en "haut lieu" ?. En tous cas une fresque d'une très belle facture . Je suis, quant à moi, sous le charme du visage du mendiant adolescent aux pattes d'oiseau, digne d'un Piero della Francesca ...
Enfin, si vous ne les connaissez pas, découvrez les Chemins de Saint Martin en Europe:
http://viasanctimartini-france.blogspot.fr/
Je signale, à propos des Chemins de Saint Martin le très important travail fait par notre ami Christian Andreani à Patrimonio : une nouvelle aventure pour San Martinu en Corse ...
Patrimonio : A San Martinu, entre festival de la ruralité et fête ...
A suivre!
12:22 Publié dans fresques de corse, les énigmes de la fresque d'Omessa, les sept oeuvres de miséricorde, Omessa, Saint Martin | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fresque d'omessa, cagots, chemins de st martin, pieve de talcini, omessa, la lèpre | Facebook |
07/02/2015
donnez votre avis sur le Plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux de la Corse
Message transféré ----------
De : Colette Castagnoli <ce.c@mic.fr>
Date : 7 février 2015 02:10
Objet : Aide pour donner votre avis sur le Plan des déchets de la Corse
Merci Colette! On rappelle les bonnes volontés ...
Bonjour aux adhérents et sympathisants
Pour le CollectifBien cordialementC'est l'occasion de faire savoir que vous vous intéressez à la gestion des déchets en CorseC'est un sujet assez complexe et l'ensemble des documents à lire est très volumineux.Vous trouverez en fichier joint le "Résumé non Technique" du projet de plan (33 pages). D'autres documents sont accessibles sur le site de l'Office de l'Environnement : http://www.oec.fr/modules.php?name=News&file=article&sid=330Vous pouvez participer en déposant des observations ou suggestions destinées au commissaire enquêteur au plus tard jusqu'au 13 février 2015.du Collectif corse contre l'incinération et pour une saine gestion des déchets,Le futur Plan de Prévention et de Gestion des Déchets non Dangereux de Corse, le PPGDND est actuellement en enquête publique.
Pour vous aider à émettre un avis, le document joint présente les principaux points contenus dans les observations et suggestions du Collectif. Il vaut mieux éviter de faire exactement du copié/collé, il suffit d'écrire même brièvement ce qui vous vient à l'esprit, "arrangé à votre façon" !
Merci d'avance pour ce que vous pourrez faire.A télécharger et lire ci-dessous le dossier duPlan de prévention et de gestion des déchets non dangereux de la Corse:
et cette
ENQUETE PUBLIQUE SUR LE NOUVEAU PLAN
DE PREVENTION ET DE GESTION DES DECHETS NON DANGEREUX DE LA CORSE
SUGGESTIONS D’OBSERVATIONS
A formuler pour le 13 février 2015 dernier délai
sur le registre qui se trouve dans les mairies de Bastia, Ajaccio, Ile Rousse, Corte et Porto Vecchio
Se renseigner sur les heures d’ouverture
ou
par courrier avant le 13 février 2015 à :
Monsieur le Président de la Commission d’Enquête PPGDND
Office de l’Environnement de la Corse 14, avenue Jean Nicoli 20250 CORTE
Avec la mention « Ne pas ouvrir »
Il y a eu le minimum légal d’information autour de cette enquête dite « publique »
Comment la population peut-elle s’y intéresser ?
Sur la forme du plan
Le public ne peut, en toute bonne volonté, s’impliquer dans cette enquête :
le plan est un document « énorme » 244 pages,
le dossier complet avec les annexes représente près de 1500 pages : plan, études spécifiques, avis, résumés, évaluation environnementale, etc, etc…
sujet complexe : inaccessible à un public non averti, même dans le document intitulé « Résumé non technique » de 33 pages, utilisation de sigles, de termes extrêmement techniques, de ratios
impossibilité de reconstituer et de comprendre le chiffrage : tonnages de déchets par catégorie, pourcentages de tri et de valorisation
Durée d’élaboration du plan
en 2015, le nouveau plan n’est pas encore adopté définitivement, alors qu’il avait été décidé de le réviser en 2008
il est évident que nous avons toujours un train de retard : les règlementations évoluent plus vite que l’allure à laquelle le plan va être finalisé
Etat des lieux sur des chiffres de 2010
« La partie des déchets à enfouir (OMR) est supérieure en Corse de plus de 30 % à la moyenne nationale, et le taux de collecte de matériaux est 25 à 45 % plus faible »
Cet aveu du retard par rapport aux autres régions est loin d’être rattrapé.
Le plan reconnait que la part « potentiellement » valorisable atteint au moins 70 % des déchets ménagers et assimilés, mais que :
- 80 % (voire 90 %) de déchets bruts vont à l’enfouissement,
- alors que 85 % de la population dispose (selon l’étude) des équipements destinés au tri et à la valorisation des papiers, emballages, verres…
Ceci pour parvenir à des pourcentages de valorisation très médiocres d’à peine 20 %.
Cela provoque des interrogations. Pourquoi si peu d’efficacité ?
Les doutes des usagers
En Corse de nombreuses personnes font des efforts pour trier, certains se lassent car ils ne savent pas où partent leurs déchets.
Témoignage d’une adhérente :
«je n'y comprends plus rien, ce que je vois seulement c'est que nous continuons à trier comme on peut nos déchets, mais que les gens se lassent dans les villages et que nous ne savons pas où ils partent ?
Ce qu'il faudrait surtout c'est réduire les quantités de déchet en amont (à l'achat) mais ce que je constate c'est que de nouveaux supermarchés ouvrent et que les gens ne comprennent pas pourquoi il ne faut pas y aller !! »
Un accompagnement et une communication claire et régulière sont indispensables.
Sur le fond
on lit de bonne « intentions », (qui ressemblent à des « vœux pieux») tirés de toute la littérature en matière de réglementation sur les déchets, notamment celle issue du Grenelle de l’Environnement.
le plan contient une énumération de tout ce qui pourrait être fait de vertueux en matière d’évitement, de collecte, de traitement, mais sans volontarisme dans la mise en œuvre : le plan propose, préconise, suggère et permet des options, en évitant toute contrainte
de nombreux points, tirés des préconisations de l’ADEME, donnent l’impression d’un « copié/collé »
règlementairement et par dérogation, la Corse pourrait se limiter valoriser 15 % des ordures ménagères. Le plan propose 40 % comme pour le reste de la France, ce qui n’est pas suffisant
l’incinération est heureusement abandonnée, mais ne doit pas conduire au tout enfouissement : le plan propose 60 % d’enfouissement, ce qui implique forcément une part importante de matière organique, qui fermente, pue et génère des nuisances pendant au moins 20 ans.
en 2015 le tout premier objectif du plan devrait être de détourner le maximum de déchets de l’enfouissement et ne pas se contenter de 40 % de valorisation.
la seule chose qui marche, à la lumière de ce qui se fait de bien ailleurs, (ainsi que l’a expliqué le conférencier Jacques Muller, invité par l’AFC, dans l’exemple de sa Communauté de communes de Thann-Cernay) c’est la collecte poussée à la source (au porte à porte) des matières à recycler et à composter, accompagnée d’une tarification incitative
sur ces deux aspects, le plan ne fait qu’esquisser des possibilités et après des audits optionnels pour ce qui concerne la collecte sélective des biodéchets
Ce qu’il faut mettre en place le plus rapidement possible en Corse
Nous savons que les bonnes pratiques en matière de réduction à la source, en quantité et en toxicité, des déchets ménagers sont mises en œuvre dans des territoires nationaux et étrangers proches de nous.
Il s’agit de « la démarche zéro déchets, zéro gaspillage ».
Elle aboutit à plus de 80 % de valorisation grâce essentiellement aux 2 leviers cités plus haut :
collecte au porte à porte des déchets à recycler et à composter
incitation des foyers à faire un tri poussé grâce à une facturation selon le principe « plus on trie, moins on paye»
De nombreuses collectivités de toutes tailles parviennent actuellement à valoriser plus de 80 %, et ambitionnent le « Zéro déchets » c’est à dire 100 % de recyclage, comme la ville de San Francisco.
En Europe les collectivités italiennes sont les pionnières (Milan, Capannori en Toscane)
En France, l’Alsace donne l’exemple avec :
- la Communauté de communes de Thann-Cernay : 82 % de valorisation)
- et celle des Portes d’Alsace, qui dès 2008, parvenait à un poids moyen de déchets par habitant et par an de 86 kilos (au lieu de 415 kg en Corse) avec le slogan «Mieux tu achètes, mieux tu compostes, mieux tu tries, moins tu paies ! »
Résultat sur le montant moyen de la facture pour les habitants :
59,24 €/hab/an, dont 56 € de part fixe par foyer
(à titre d’information, la redevance moyenne en France est de 92€/hab/an et la taxe 102 €/hab/an)
Il suffit de moins de 2 ans pour que ce système donne ses résultats
L’Etat et ses représentants toujours favorables à l’incinérateur…
Dans le dossier d’enquête figure l’avis du Préfet de Corse en date du 10 juin 2014 sur le PPGDND qui nous est proposé.
Nous avons été très surpris, voire choqués de lire :
« … nous regrettons que les techniques de traitement thermique, en particulier l’incinération avec récupération d’énergie, n’aient pas été intégrées à une approche comparative de l’ensemble des solutions techniques disponibles. Ces techniques (…) auraient été de nature à contribuer à l’élaboration d’une solution sûre et économe pour la gestion des déchets de la Corse » .
C’est faire fi de la décision souveraine de l’assemblée de Corse d’octobre 2008, confirmée à de nombreuses reprises, qui a acté la mise en révision du PIEDMA, sous la pression de la population et d’une partie des élus opposés à ce mode de traitement depuis 2006.
Conclusion extraite des observations et suggestions adressées par le Collectif corse contre l’incinération et pour une saine gestion des déchets au Commissaire enquêteur :
Le PPGDND soumis à enquête publique N'EST PAS UN BON PLAN POUR LA CORSE.
Il ne tient pas compte des dernières avancées connues et à l’œuvre actuellement.
Il est très insuffisant concernant la prévention, très peu volontariste en terme d’amélioration de la gestion des déchets et reste très flou sur le mode de traitement hors enfouissement.
Il ne répond pas aurenforcement des exigences environnementales, ni à des objectifs suffisamment ambitieux en matière de recyclage et de compostage. C’est un « fourre-tout », grâce auquel chacun pourra continuer à faire ce que bon (ou mauvais…) lui semble.
Pour qu' il emporte notre adhésion et celle de la Corse toute entière, il faut impérativement :
1/ que soit généralisée la collecte séparative (C.S) des déchets recyclables mais aussi en particulier de la fraction fermentescible des ordures ménagères (FFOM)
2/ que soit mise en place une facturation incitative basée sur le principe : « plus je trie, moins je paie »
3/ que la part fermentescible des O.M. soit bannie des centres d'enfouissement
4/ que ces derniers reçoivent essentiellement des déchets réellement ultimes , secs et inertes chimiquement, ce qui prolongera considérablement leur durée de vie, supprimera leurs nuisances et les rendra acceptables par la population.
Ces solutions, ces bonnes pratiques sont opérationnelles dans des collectivités de toutes tailles, en France et à l' étranger et donnent des résultats en moins de deux ans.
Dans ces conditions le TMB sur déchets quasi bruts n'a plus sa place.
Quant à la valorisation énergétique par brûlage du biogaz issu des ISDND, elle n' a plus aucune raison d'être puisque elle est privée de son carburant.
Ce PPGDND doit être remanié et actualisé pour une approbation en 2015 et la perspective d’une mise en œuvre dès 2016. Ainsi sera pratiquement résolue la question du manque de capacité d’enfouissement qui ne manquera pas de se poser si le plan actuel est validé.
En 2015 le premier objectif du plan doit être de détourner de l’enfouissement le maximum de déchets pour viser rapidement la démarche ZERO DECHET, ZERO GASPILLAGE !
14:09 Publié dans écologie corse, traitement des déchets en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |