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21/12/2009

Découverte des sanctuaires paléochrétiens de Propriano

Je transmets grâce à Pascal Magnan cette "information" qui me laisse perplexe. Effectivement, comme le soulignera Stéphane Orsini:

"Ne sont surpris que ceux qui ignorent les travaux des pionniers...Notamment en ce qui concerne les datations ! Dommage de la part d'un spécialiste comme Jean Guyon... Quand à dire que la construction des premières basiliques paléochrétiennes date de l'arrivée des évêques africains, c'est une tradition bien récente des années 80... du XXe siècle ! Il est vrai que la Corse a toujours été considérée comme une terre archaïque peuplée d'arriérés qui sont restés en marge de la nouvelle religion pendant que toutes les régions méditerranéennes en  relation avec l'île devenaient chrétiennes !",

Geneviève Moracchini Mazel avait pressenti, il y a un demi- siècle en arrière (!), l'existence d'un sanctuaire paléochrétien non loin de la mer et de l'actuel Propriano. Je la cite dans " Les églises romanes de Corse", publié en 1967 (volume 2, page 375):

"PIEVE DE VEGGENI

(...) Il y a eu, croyons-nous, deux pievanies successives dans la vallée de Veggeni, lesquelles correspondent aux vallées de la rivière de Baracci et de ses affluents: d'abord une piévanie préromane, en surplomb sur le golfe, dédiée à San Giovanni Battista, puis une piévanie romane, plus haut dans la vallée, du XIIème siècle, dédiée à Santa Maria Assunta (aujourd'hui commune de Santa Maria Figaniella).

Nous ajouterons que la piévanir préromane nous semble avoir été bâtie, au cours du Haut Moyen-Age (vers le IX°-X° s. ?) en remplacement du sanctuaire qui devait exister dans la ville romaine - ville qui selon nous existait certainement près de la mer, non loin de l'actuel Propriano. C'est-à-dire que nous avons, dans le cas de cette piève de Veggeni, un exemple interessant de la remontée des populations et de leurs lieux de culte entre l'époque romaine et paléochrétienne d'une part et le Moyen Age pisan d'autre part. Contrairement à ce que nous avons souvent observé, cette dernière époque n'a pas voulu rebâtir la piévanie sur la côte tout à fait, pour des raisons qui nous échappent"

 

Et maintenant, la relation de la "découverte"

"PROPRIANO (Corse-du-Sud)- La découverte exceptionnelle d'un ensemble d'églises paléochrétiennes à Propiano (Corse-du-Sud) constitue, selon les historiens, un précieux témoignage sur l'arrivée tardive du christianisme en Corse. "C'est une belle découverte. Ces vestiges nous ramènent aux origines de la diffusion du christianisme en Corse", a souligné le président de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Jean-Paul Jacob, en visite cette semaine sur le site.

Deux églises successives imbriquées l'une dans l'autre, avec nefs et absides, ont été dégagées depuis novembre par les archéologues de l'Inrap. La découverte a été faite sur le chantier de construction d'un lotissement sur 2,1 hectares dans le quartier d'A Quattrina, au centre de Propriano, sur la côte sud-ouest de la Corse. La construction de la plus ancienne église, longue de 16 mètres sur 8,5 de largeur, remonterait au début du VIIè siècle.

Ses murs et ses aménagements liturgiques, bien que de taille modeste, ont été conservés "de manière exceptionnelle", selon l'Inrap, sur plus d'un mètre de haut. Un ensemble de murs et un bâtiment circulaire voisins semblent appartenir à un état antérieur. La découverte d'une boucle de ceinture byzantine situe en effet cette construction à partir du milieu du VIe siècle.

Plus ancienne encore, une nécropole de 72 sépultures attribuable au Ive siècle a été mise au jour. Plusieurs squelettes quasiment intacts y ont été trouvés. L'importance de l'emprise et de ses aménagements pourrait être le signe du siège d'un évêché, qu'aucun texte ne vient toutefois confirmer. "On soupçonnait l'existence d'une agglomération antique.

Mais nous avons été surpris par l'existence de deux et sûrement trois églises successives, la plus ancienne remontant à l'Antiquité", s'est réjoui l'historien Jean Guyon, directeur de recherches au CNRS. Présent lui aussi à Propriano cette semaine, ce grand spécialiste d'archéologie chrétienne a souligné que "la Corse ayant été christianisée tardivement, on y trouve de nombreux édifices d'époque romane mais il est très rare d'y découvrir des constructions antérieures au VIè siècle, surtout dans une petite agglomération".

Des témoignages de l'existence de communautés chrétiennes à partir du IVe siècle, avec le début de la christianisation de la Corse par des évêques d'Afrique du Nord exilés dans l'île par les envahisseurs vandales, ont déjà été découverts à Ajaccio, Aleria, Mariana (Haute-Corse) et Sagone (Corse-du-Sud), comme l'a rappelé le conservateur régional de l'archéologie et des monuments historiques, Joseph Cesari.

Les dernières découvertes relancent l'histoire de Propriano, aujourd'hui dixième ville de Corse avec 3.300 habitants. Agglomération jusqu'au IVe siècle, elle déclina lors des invasions notamment sarrasines jusqu'au XIe siècle qui amenèrent les populations à se replier à l'intérieur de l'île, le port devenant un simple hameau de pêcheurs et aujourd'hui une station balnéaire. Les fouilles doivent s'achever vendredi.

Le sort des vestiges sera ensuite entre les mains du promoteur immobilier, Jean-Jacques Taberner, qui n'est "pas opposé à leur conservation" en les entourant de jardins, et de la mairie en liaison avec les services archéologiques. En attendant, le maire Paul-Marie Bartoli, présent sur le chantier de fouilles, manifeste sa "grande joie" car "maintenant que l'on sait que notre histoire est très ancienne, on ne pourra plus se moquer de nous quand nous fêterons l'an prochain le... 150e anniversaire de la commune".

Pierre LANFRANCHI "

Nous pouvons, une fois de plus,  rendre hommage à Geneviève Moracchini Mazel pour sa perspicacité précoce ... Il ne nous reste plus qu'à espérer que le site soit effectivement préservé de tous les appétits immobiliers: ces témoignages archéologiques nous font ressentir une Corse actrice à part entière dans le monde antique et ne doivent surtout pas disparaître sous la dent des promotteurs ... Ils constituent un véritable enjeu et une dynamique pour la Corse de nos enfants. 

Je transmets également, via FAGEC, et pour information, ce lien :

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