16/07/2013
Nouvelles fouilles sur le site préhistorique balanin de A Mutola
Visite à la Mutola, site préhistorique de Balagne,
sur le territoire de Ville di Paraso
avec Hélène et Colette
l'éperon abrupt de A Mutola,
dans les brumes d'une fin d'automne l'année dernière...
et hier, dans la lumière crue de juillet ...
Voici la description qu'n fait Sylvain Mazet, dans sa thèse de doctorat en archéologie préhistorique (2006, Université de Corse)
" LE SITE :
Morphologie de terrain occupée : éperon
Position sur crête : ressaut
Position dans l’ensemble géographique : centrale
Figure 41 : Vue sur le gisement de A Mutola (I A 05)
Description :
« Ce site se détache très nettement dans le paysage (piton rocheux caractéristique, de 261 mètres d’altitude). Le sommet est constitué de gros blocs de granite.[…] Le versant nord-ouest est assez pentu, sans vastes terrasses aménageables ; on y distingue les restes d’anciens paillers d’époque récente, vestiges d’un temps où le site était encore cultivé. Le versant sud-ouest est difficile d’accès car très pentu et rocailleux. La végétation de maquis très dense empêche tout passage ; seul le sommet apparaît car il est formé de roches dénudées. Les versants nord-est, sud-est et est sont faciles d’accès et nous permettent l’étude des occupations humaines successives. » (GOEDERT S., p 477, in WEISS M.C. (dir.), 1988).
Géologie du substratum : Monzogranite porphyroïde (gros grain)
Géologie de l’enceinte : Monzogranite porphyroïde (gros grain)
Hydrologie : Neuf sources et fontaines se trouvent dans un rayon d’un kilomètre.
Ensemble géographique :
La Mutola est située dans la plaine du Reginu, en position centrale, puisque le site est positionné entre le Reginu et son affluent principal le ruisseau de San Clemente. De plus, la colline constitue le dernier contrefort d’une ligne de crête secondaire à celle séparant la vallée du Reginu du Giussani. Le site se trouve donc sur une voie de passage provenant de la Bocca di Battaglia. La colline sise au pied du village de Ville di parasu est constituée de plusieurs éminences : Pietra Maggiore, Capu Ritondu et la Mutola.
Description du matériel :
Le site étant connu depuis longtemps, un matériel important a été trouvé : pointes de flèche à crans et pédoncules en rhyolite, lamelles en obsidienne, lames en silex, de nombreuses meules sur blocs, des céramiques décorées de triangles incisés à champ pointillé, de cannelures, d'impressions poinçonnées, de cordons horizontaux, de bords perforés et des fonds plats ainsi qu' une céramique polie, lustrée et bien cuite.
Structure du site :
Néant
Chronologie :
« Le matériel céramique et lithique issu du sondage [effectué par S. Goedert], atteste bien une occupation néolithique à la Mutola.[…] On pense donc avoir ici un premier peuplement au Néolithique récent qui procéderait du courant d’occupation de nouveaux sites dominant une plaine. Ce site peut avoir été fréquenté dès la fin du quatrième millénaire, puis pendant le troisième millénaire. » (GOEDERT S., p 485 et 488, in WEISS M.C. (dir.), 1988).
A retrouver sur le site:
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/13/31/85/PDF/thes_mazet_vol1_2.pdf
L'archéologue Sophie Goedert y avait mené une fouille fructueuse en 1988, aujourd'hui c'est au tour de Jean Graziani d'y sonder un espace limité pour tenter de faire parler cet éperon rocheux planté dans la plaine du Reginu: une histoire richissime d'occupation humaine depuis le néolithique ...
Quelques images de notre escapade d'hier.
Voyons, par où va-t-on passer? Et où va-t-on retrouver nos archéologues? Pas de sentier visible.
L'éperon est couronné d'abris sous-roche et de terrasses,
comme ici: Colette en pleine exploration
ou cette autre terrasse: partout, sur les pentes de la Mutola et sur ces terrasses difficiles d'accès, d'innombrables tessons attestent la vie quotidienne des hommes de la pré et protohistoire ...voire de l'antiquité et du Moyen-Âge.
Jean Graziani a choisi de fouiller sur l'une de ces terrasses,
surplombée par un abri sous-roche
l'équipe fait une pause café, offerte par l'envahisseur : de quoi témoigner de la continuité de l'occupation humaine ...
Jean peut déjà retracer quelques bribes :
car, entre autres, apparait ce qui semble être l'emplacement d'un poteau et dont il faudra analyser la présence ...
Nous décidons de crapahuter vers le sommet: pas si facile que ça!
Notre curiosité caprine nous tient debout malgré ronces, épineux, rochers abrupts: toujours plus haut, et pourtant cela parait si près!
enfin nous y voilà! Somptueux!
Je me souviens d'y avoir fait la sieste il y a plus de quarante ans en plein hiver: on entendait monter les bruits paisibles de la plaine, cloches des brebis, aboiements des chiens, cris des milans. C'est toujours la paix, aujourd'hui, juste un peu trop chaud pour une sieste.
Là-bas, au nord, au fond de la plaine, Lozari et la mer.
Plus à l'ouest, le barrage de Colole, Santa Reparata, Monticello ...
versant sud, vers Ville di Paraso, Speluncatu, une pente plus douce à gagner. L'orage, comme chaque jour ces temps-ci, commence à se former sur la montagne.
merveille! un grand papillon flambé se pose tout près de nous ...
Au passage, un morceau de meule cassée: a Mutola avait décidément une vocation agricole bien affirmée.
La nature a repris ses droits, le feu est passé, repassé, mais A Mutola continue de témoigner: au travail, Jean et bon courage!
17:49 Publié dans Balagne, préhistoire corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : a mutola, enceinte préhistorique, enceinte protohistorique, nolithique corse | Facebook |