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28/11/2011

Le précieux voile de Véronique (El Greco à Tolède, suite)

 

Regards:

la sainte Véronique du Musée Santa Cruz à Tolède

sainte Veronique musée sta Cruz.jpg

  Dialogue silencieux et mise en abîme:

ste Veronique tenant le voile  musée sta Cruz Tolède détail véronique.jpg

Elle

surgie

décentrée d'une nuit noire

donnant à regarder

  la Face miraculeuse

détournant son pâle visage

perdue au-dedans d'elle-même

ne voulant plus voir

n'ayant plus besoin de voir

d'amour

ce qui s'est imprimé dans son coeur

la ste Face de Veronique.jpg

 Lui

qui l'a regardée

  te regarde bien en face

pas du regard de l'Inquisition

d'un oeïl  qui sonde et l'autre qui sourit

  sous la couronne d'épines

sanglantes mais pas trop

fixé sur la trame d'un simple torchon

plus que d'un voile préfigurant le linceul

mais bien vivant

sous l'ondulation des longs cheveux

  répandus sur le tissu

non pas collés de sueur ou d'angoisse

avec la douce barbe qui frisotte

de celles qui ne blessent pas au baiser

qu'on aurait presque envie de toucher

du bout des doigts

pour lui caresser le menton

pour vérifier que c'est bien lui

mais on n'ose pas

et puis

depuis tout ce temps

figure de même substance

tirée de notre nuit

 

(à suivre)

Parmi les innombrables oeuvres attribuées au Greco ou à son atelier, disant et redisant souvent avec génie, ressassant à satiété les thèmes réclamés par les commanditaires, celle-ci, comme une icône baignant dans un silence musical, fait partie de ce qui nous touche le plus: langage mystique plus que religieux, poétique plus que polémique, lumineux plus que descriptif.

(On est loin de la vision hollywoodienne de la Passion, version Mel Gibson ...)