15/02/2015
les énigmes de la fresque d'Omessa
Les énigmes de la fresque découvertes en novembre 2014 dans l'église Sant' Andria d'Omessa
Pieve de Talcini
( dernière visite le 9/2/2015)
Omessa, Quartier du Rione et l'église Sant'Andria
" C'est l'église paroissiale actuelle. La description de Mgr Mascardi confirme que ce n'était pas une église de fondation ancienne avec un style roman traditionnel; cette indication est en accord avec la tradition orale et certains auteurs qui rapportent que cette église est un ancien hôpital transformé en église en 1460 par Ambrogio d'Omessa, évêque d'Aleria. Du temps de Mgr Mascardi, "elle avait trois nefs, mais les collatéraux étaient un peu étroits ... un toit en charpente ... trois portes; un campanile en forme d'arcade avec deux cloches ..." ( Geneviève Moracchini-Mazel: Les Eglises Romanes de Corse - 1967)
Ambroggio d'Omessa évêque d'Aleria entre 1412 et 1466, aurait donc aurait donc, en 1460, transformé un ancien hospice fortifié "U Rione" en église ( le quartier historique actuel de l'église San'Andria a du reste gardé ce nom) .
Article de Corse-Matin du 14/12/2014
L'église fait toujours l'objet d'une restauration depuis octobre 2014, et l'on a confié à l'atelier de notre amie Ewa Poli le soin des décors peints. C'est en travaillant sur l'autel baroque latéral du Rosaire, après l'enlèvement de la toile, que furent découvertes en novembre quelques traces peintes qui ont attisé la curiosité des restaurateurs. Et après un délicat dégagement, divine surprise! est apparue une fresque d'une grande beauté malgré ses lacunes, révélée après des siècles de sommeil sous un emplâtre de chaux, "dans son jus", vierge de tout repeint, ce qui en fait un cas particulièrement intéressant ...
L'autel construit à l'époque baroque a été plaqué contre ce mur peint à fresque (XV° s.? les analyses souhaitables pourraient nous conforter ou non dans cette datation), -ce qui pose aujourd'hui un dilemme de taille, car une partie de la fresque dort encore sous l'ensemble architecturé de l'autel ... (on connait le même problème dans la chapelle de San Chirgu à Cambia, ou les deux ailes du petit autel baroque avaient été plaquées contre les pied-droits peints à fresque au XV°s.).
Deux espaces se superposent: à l'étage supérieur l'on devine la Charité de St Martin, et à l'étage inférieur, c'est le martyre de St Pierre, crucifié, selon les Actes apocryphes, la tête en bas et les pieds vers le ciel.
La Charité de St Martin:
« Tout ce que vous ferez à l'un de ces petits,
c'est à moi que vous le ferez».
Entre les pattes d'un cheval blanc, un adolescent grelottant reçoit la moitié de la chlamyde (manteau de légionnaire romain) de St Martin, dont on ne voit qu'une main mais ni le corps ni le visage, sans doute encore cachés sous les stucs baroques.
L'enfant nu s'enveloppe dans l'étoffe que la main visible du bon St Martin
du haut de son cheval semble trancher avec son épée.
Une tignasse rousse ébouriffée sur un doux visage fissuré, innocent,
bouche ouverte d'étonnement ... Bouleversant!
A mi-corps un trou béant dans le mur interrompt le corps de l'enfant qui reprend plus bas au niveau des genoux et nous réserve cette incroyable surprise:
à la place des pieds , deux fragiles pattes d'oiseau aux longs doigts humains:
il semble bien que l'artiste ait voulu évoquer ici un lépreux, l'un de ces "Pauperes Christi", "Pauperes Sancti Lazari" , pauvres d'entre les pauvres, les pauvres du Christ, de Saint Lazare, la lèpre rongeant la chair des pieds.
" Martin, qui n'est encore que catéchumène, m'a donné ce manteau" (Martinus, adhuc catechumenus, hac me veste contexit). Le jeune mendiant lépreux, c'est le Christ lui-même. A cette représentation de la Charité de St Martin, épisode célèbre et populaire de sa légende qui se déroule aux portes d'Amiens, se mêle un autre épisode où St Martin, à Paris, guérit un lépreux d'un baiser:
Cette "œuvre de miséricorde" envers un être mutilé dans son humanité, abject et puant, est à rapprocher d'une autre rencontre avec les lépreux, celle du Poverello St François d'Assise, si décisive pour sa conversion:
« Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : lorsque j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je leur fis miséricorde. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’âme et du corps ; et après cela, je ne restait que peu de temps et je sortis du siècle. Et le Seigneur me donna une telle foi dans les églises que je priais simplement et disais : « Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, et dans toutes tes églises qui sont dans le monde entier, et nous te bénissons, parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde » ( Testament de St François d'Assise).
Œuvre de charité qui transforme celui qui donne le baiser tout autant que celui qui le reçoit.
Le monde des lépreux est longtemps resté dramatiquement stigmatisé par les populations "saines", un monde d'indésirables et d'exclus, dont on redoutait et fuyait le contact malodorant et la vue insupportable, comme un reflet de sa propre humanité irréversiblement déchue . Dans de nombreuses régions les lépreux vivaient à part des vivants, car on les considérait comme déjà morts et extrêmement contagieux, même lorsqu'il s'agissait de ce que l'on nommait la "lèpre blanche", forme infiniment moins dangereuse que la terrible "lèpre rouge" à l'issue fatale.
Quoi qu'il en soit de la réalité médicale à l'aulne de nos connaissances actuelles, une lèpre dont on pensait qu'elle était héréditaire, créant ainsi des familles entières de parias vivant en dehors des quartiers "sains", affectés à certains corps de métier, comme les métiers du bois - A retrouver ou découvrir en particulier dans l'univers des cagots du Sud-Ouest de la France: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cagots - où l'on apprend que ces proscrits spécialisés entre autres dans la charpente avaient été appelés pour réaliser la charpente de Notre-Dame de Paris ...
Toujours est-il qu'ils devaient vivre et se marier entre eux, et avaient obligation de se signaler en portant sur leur costume un signe distinctif en forme de patte d'oie. Une constante dans nos sociétés humaines si promptes à la discrimination de l'Autre : pattes d'oies pour les lépreux et autres cagots, rouelles puis étoiles jaunes pour les juifs etc ... A signaler, dans le genre "intouchables", le fait que le contact des femmes en période de menstrues était considéré comme impur et qu'elles devaient elles aussi, dans certaines régions, partager en ces moments ce même insigne en patte d'oie des lépreux : tout ce qui touche à la nature incontrôlable des femmes est décidément suspect, et on le sait bien depuis la Tentation d'Adam et Eve - La souillure de la lèpre et la nature des femmes sont cousines germaines, et pour faire court, le port de la patte d'oie pouvait s'avérer utile en cas de cour trop pressante de ces messieurs . Dans certains récits hagiographiques des saints, l'on rencontre de jeunes vierges dédiées à Dieu et brusquement affligées de pieds lépreux pour dissuader les amoureux trop entreprenants. Une légende intéressante éclaire assez bien ce propos, celle de la Reine Pédauque (la Reine au pied d'oie): http://fr.wikipedia.org/wiki/Reine_P%C3%A9dauque
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Cet adolescent à pattes d'oiseau: mi-animal (mais quel animal! susceptible d'envol spirituel), mi-humain, nous plonge dans un vertige proche du sacré, une chute vertigineuse dans l'inconscient collectif:
comme ici, dans cette représentation sur une tombe égyptienne de Deir El Medina du "Ba" (dans la conception de l'Egypte ancienne, l'un des sept éléments constituant chaque individu: ici, l'âme -énergie spirituelle de transformation) - en oiseau à tête humaine , symbolisant l'âme mobile du défunt.
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Comme toujours le symbole est rarement univoque, même s'il est intimement relié à l'époque où il s'exprime. Ici ce jeune mendiant/Christ aux pattes d'oiseau est directement intégré à la Charité de St Martin, grand saint s'il en fut parmi tous les saints les plus célèbres d'Europe . La Corse possède un grand nombre de paroisses et sanctuaires très anciens dédiés à ce saint (évêque de Tours à partir de 370) , patron de l'abondance (Divizia!) , protecteur des cultures, des vignes et des troupeaux, et que l'on fête le 11 novembre, jour où l'on goûtera le vin nouveau. Ce qui en fait un saint remarquable de notre ruralité. D'autre part son rôle de missionnaire en butte à l'hérésie arienne tout au long de sa longue vie ( il meurt en 397 à plus de quatre-vingt ans) trouve encore une résonance particulière dans la Corse du V° s. alors occupée par les Vandales, ariens comme beaucoup de peuples "barbares" de l'époque. San Martinu trouve décidément sa place très tôt sur l'île :
"Le fait est que ce saint a été fort populaire en Corse, et qu'il y eut le plus grand nombre de sanctuaires, après Maria, Giovanni Battista et Pietro.
En effet, une bonne cinquantaine de sanctuaires étaient dédiés à San Martino; et parmi ces édifices quelques uns avaient été fondés dès la fin du IV° s. ou le V° s.; mais la plus grande partie d'entre eux ont été élevés au cours du haut Moyen-Âge et plusieurs ont été rebâtis dans le cours du X° s. "
Geneviève Moracchini-Mazel, in Corsica Sacra, p. 38
St Martin donnant l'exemple de cette œuvre de miséricorde envers les estropiés, exilés, malades de la vie, et en particulier envers les plus réprouvés d'entre eux: les lépreux, en gardant à l'esprit toute la portée symbolique de la charité destinée à la chair souffrante du Christ nous ferait pencher vers l'idée d'une dévotion développée ici au sein de cet hypothétique hospice d'U Rione à Omessa.
Ce mur portant cette ensemble peint à fresque appartenait-il à l'oratoire de cet hospice de fondation ancienne avant la construction présumée de l'église Sant'Andria par l'évêque Ambroggiu d'Omessa en 1460 ?
Pour ceux qui voudraient mieux connaître cette grande figure, voici l'histoire de St Martin, empruntée ici au site : http://www.saintmartindetours.eu/p/la-vie-de-saint-martin...:
voûte de l'église San Martinu di Lota
La vie de saint Martin
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Au registre inférieur: le martyre de St Pierre
Crucifixion du Prince des Apôtres St Pierre, la tête en bas et dans un environnement citadin (ici avec une perspective tout-à-fait maîtrisée ) , en 64 sous la persécution de Néron: on raconte dans les traditions les plus anciennes qu'il passe les vingt-trois dernières années de sa vie à Rome. Après l'épisode de son évasion de la Prison Mamertine,
" Prenant la fuite de peur des persécutions, il rencontre sur la Voie Appienne le Christ, portant sa croix auquel il demande " Quo vadis, Domine?" et qui lui répond: "Je vais à Rome afin d'y être de nouveau crucifié." Pierre, honteux de sa faiblesse, retourne alors à Rome où il subit le martyre en même temps que saint Paul: mais tandis que Paul, citoyen romain, a la tête tranchée, Pierre qui n'est qu'un juif, est crucifié.
Les Pères de l'Eglise enseignaient que saint Pierre, ne voulant pas mourir de la même mort que son divin Maître, avait demandé par humilité, à être crucifié la tête en bas. "
(Louis Réau, in Iconographie de l'art chrétien, p. 1078)
Là encore cette représentation du martyre de St Pierre nous intrigue à Omessa, car San Petru n'apparait pas non plus dans la liste des Saints honorés au Moyen-Âge dans la Pieve de Talcini (cf. G.Moracchini-Mazel in: Les églises romanes de Corse, p. 329)
L'autel baroque recouvre le bas de la fresque et nous ne pouvons voir qu'une moitié du corps de St Pierre ... On ne sait ce qui sera décidé par la suite : on aimerait découvrir l'ensemble de la fresque mais ce serait fatal pour l'autel baroque ...
A côté de St Pierre, le soldat bourreau s'affaire, grimpé en équilibre instable sur son échelle. Sur la gauche, des monuments à belle perspective évoquent une Rome antique rêvée.
Sur la droite de cette scène, l'on aperçoit un étendard bien difficile à analyser ... celui de Rome ?
Une sale bestiole dragonnante à mille pattes ? Difficile d'y voir plus clair en attendant une restauration souhaitée : que sera-t-il décidé en "haut lieu" ?. En tous cas une fresque d'une très belle facture . Je suis, quant à moi, sous le charme du visage du mendiant adolescent aux pattes d'oiseau, digne d'un Piero della Francesca ...
Enfin, si vous ne les connaissez pas, découvrez les Chemins de Saint Martin en Europe:
http://viasanctimartini-france.blogspot.fr/
Je signale, à propos des Chemins de Saint Martin le très important travail fait par notre ami Christian Andreani à Patrimonio : une nouvelle aventure pour San Martinu en Corse ...
Patrimonio : A San Martinu, entre festival de la ruralité et fête ...
A suivre!
12:22 Publié dans fresques de corse, les énigmes de la fresque d'Omessa, les sept oeuvres de miséricorde, Omessa, Saint Martin | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fresque d'omessa, cagots, chemins de st martin, pieve de talcini, omessa, la lèpre | Facebook |
23/11/2014
Entre Naples et Murato, les Sept Oeuvres de Miséricorde ...
Dans le Nebbiu, à Murato,
(je reprends brièvement une note ancienne pour l'occasion)
l'ancien couvent des Récollets fondé en 1615, aujourd'hui propriété privée, et son église de la Nunziata, début XVIII° siècle, devenue église paroissiale du village.
L'orgue, dont on ne sait plus rien sinon qu'il a disparu "corps et âme" dans la tourmente de la Révolution française, était logé, comme il se doit selon l'usage des églises conventuelles, au fond du choeur, au-dessus des stalles des religieux, avec une porte - aujourd'hui condamnée - communiquant directement avec le reste du couvent. La niche désormais vide, nous donne une bonne indication de la taille de l'orgue: quand a-t-il disparu et que sont devenus les différents éléments, clavier, tuyaux, mécanismes ... ?
"La tribune située au fond du chœur de la chapelle de l'ancien couvent de Murato supportait un orgue jusqu'au début du XX° siècle. On peut déduire d'après cette tribune qu'il s'agissait d'un instrument du XVIII°" .
(Sébastien Rubellin, l'Orgue Corse, éditions Piazzola, p. 55)
Au centre de la tribune, entre deux scènes intrigantes, le blason des Franciscains: le bras nu du Christ et celui, habillé de bure, de St François, autour de la Croix, dédient l'orgue disparu à cette famille franciscaine des Récollets.Le panneau de gauche :Une femme charitable étanche la soif d'un malheureux en piteux état, en compagnie d'un étranger appuyé sur son bourdon qui lui tend sa gourde de pèlerin. De sa main droite pleine d'éloquence cette femme accueille les étrangers démunis.
- Sera-ce du vin? la vue des belles barriques à droite de la scène invitent à le penser. Soyons clairs: à cette époque, le vin est une denrée "de première nécessité", même dans les couvents, où, nous dit-on dans ce beau livre collectif "Les Servites de Marie en Corse" ( édition Piazzola), chaque religieux avait droit à sa ration d'un litre et demi de vin par jour. Un vin, cela dit, qui ne devait pas être trop méchant (le réchauffement climatique n'est pas encore passé par là) et en ces temps, chacun possède sa petite vigne - sauf les plus indigents, les vagabonds, les immigrés, donc...Une autre femme souriante nourrit avec douceur un petit enfant .Sur le panneau de droite, dans un cadre bucolique, une autre scène charitable : un homme estropié et pieds nus reçoit dans son chapeau l'aumône d'un pain (?) offert par une jeune dame à la toilette raffinée.
Entre les jambes douloureuses du vieil homme, une béquille, et à nouveau, la gourde du voyageur.
ce beau visage ...
En haut à gauche, ce curieux personnage véhément : la duègne? ou bien plutôt une béguine? éloquence des mains ...
la jeune dame élégante en sa piété, ses dentelles et ses rubans, le tablier rempli de bonnes intentions,
pose les yeux vers l'autre pèlerin agenouillé, un jeune homme au regard suppliant : le fils du vieillard ? on croit lire un épisode de roman de l'époque ...
Charité aux miséreux, aux affamés, aux estropiés de la vie, aux étrangers ... aux immigrés ... bref, une histoire toujours bien actuelle et qui me semble ici, sur cette tribune d'orgue franciscain une incitation aux Oeuvres de Miséricorde:Evangile selon St Matthieu 25, 31-46
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !'
Alors les justes lui répondront : "Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?"
Et le Roi leur répondra : "Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.'Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : "Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité."
Alors ils répondront, eux aussi : "Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?"
Il leur répondra : "Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait."Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.
Exigeant évangile de ce dimanche 23 novembre 2014 !
Si la facture de l'oeuvre ne nous est pas familière en Corse, le sujet en est encore plus inhabituel, de même que la façon de traiter les paysages et les personnages, qui évoquent un art plutôt nordique: en tous cas cette oeuvre du XVIII ème siècle ne manque pas d'élégance et cet ultime témoignage de la présence ancienne de l'orgue devrait mériter tous les soins de Murato.***Début octobre, nous étions à Naples où nous avons rencontré ce thème magnifiquement traité par le Caravage pour la Congrégation du Pio Monte della Misericordia -
Enterrer les morts. Deux hommes portent un mort dont on ne voit que les pieds. dépassant du linceul :
Visiter les prisonniers et nourrir les affamés. Une fille visite son père emprisonné (l'allaitement symbolique et la légende de Pero et Micon) et lui donne le sein à travers les barreaux pour le nourrir.
Ce thème dit de "la Charité romaine" est connu depuis l'Antiquité, et repris parfois par l'iconographie chrétienne de la Vierge allaitant des saints ...
Comme ici, "la Lactation de "Saint Bernard de Clairvaux qui, prononçant devant une statue de la Vierge ces paroles de l' Ave Maris Stella : "Monstra te esse Matrem", reçoit le lait jaillissant du sein de Marie ... (Art flamand c. 1480)
Héberger les sans-abri. Comme ce pèlerin reconnaissable à la coquille sur son chapeau. L'ardent Caravage aurait pu, aujourd'hui, prendre ses modèles dans les rues de nos villes ...
Visiter les malades. Le paralysé dénudé git sur le sol, et ...
Vêtir ceux qui n'ont rien . ... et reçoit l'aide du jeune homme charitable qui lui donne son manteau, à l'instar de Saint Martin.
Donner à boire à ceux qui ont soif. Samson boit de l'eau dans la mâchoire d'un âne.
(à gauche, ce qui pourrait être un auto-portrait du Caravage ... ou d'un pieux donateur de la Congrégation ?)
En un seul retable magistral (peint autour de 1607), le Caravage organise ces Sept Œuvres de Miséricorde :
Œuvres de Miséricorde encouragées par le groupe de la Vierge et l'Enfant soutenus par deux anges vigoureux
plongeant vers la terre, j'entends le battement de leurs ailes
la terre des hommes sous le regard miséricordieux de la Vierge et de l'Enfant
17:13 Publié dans les sept oeuvres de miséricorde | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : murato, le caravage, pio monte della misericordia | Facebook |