à VOLTERRA
Lundi dernier nous étions là, sur cette petite route qui descend sous VOLTERRA (Toscane) et nous conduit à travers les oliviers jusqu'à l'entreprise où Pierre va chercher son albâtre. Lumière de fin d'après-midi éclairant les "Balze", l'église St Clemente et St Giusto, faisant vibrer les feuilles des oliviers de Toscane en pleine récolte...
Une autre culture de l'olivier que chez nous en Corse: pas de tronc puissant, pas d'arbres plusieurs fois centenaires, mais des versants couverts de ces jeunes arbres graciles, fervents et chargés d'olives. Une vieille dame en tablier, grimpée sur une échelle, peigne soigeusement avec son rateau les branches d'abondance, son chien aboie sur notre passage, des voix tranquilles s'interpellent quelque part les arbres, dehors; il fait frais, on annonce de la pluie pour demain, avançons la cueillette.
Au ras de la route, les sépultures éventrées: c'est une "zone archéologique" étrusque, on vit avec.
Un peu au-dessus, au milieu des champs d'oliviers quelques hypogées aménagés pour la visite.
Emotion d'enfance, descendre, retrouver le ventre maternel.
Ici, les parois sont couvertes d'une mousse épaisse et douce, accueillante.
Autour d'un pilier central massif, la banquette. Pour banqueter. Une forme de solidarité des vivants et des morts. Paix à vos mannes.
Il est temps de retourner à la surface.
Dehors, le crépuscule s'installe, nous avons un autre rendez-vous à Volterra. Au Dôme.
Dans la pénombre de sa chapelle, la Déposition (XIII°s). Silence.
Le Christ ne tient plus à la Croix, à la terre, que par un clou qu'on va enlever. Son corps aérien semble en état d'appesanteur, il s'élève déjà, retenu à peine, de part et d'autre, par Marie et Jean, et par Joseph qui l'empoigne à grand peine. Tout est consommé, il faut juste faire les gestes nécessaires, les gestes terrestres de la tendresse et de la solidarité des vivants. Pas de pathos superflu, aucune lourdeur, le sens et la lumière, même ténue comme ce soir, circulent ici comme entre les branches des oliviers dans la campagne volterrane.
Il est cinq heures, le sacristain nous invite doucement mais fermement à sortir, c'est l'heure de fermeture.
Juste accolée à la cathédrale et toujours ouverte, la chapelle de la Compagnia della Misericordia di Volterra explique son histoire et son fonctionnement: toujours active, cette antique confrérie de Volterra (créée à la fin du XIII°s) a pour vocation l'aide aux malades et la sépulture des défunts. Un panneau et quelques objets significatifs évoquent son activité passée et présente dans la communauté de Volterra... Le confrère sur la photo - un laïc comme il se doit- porte cagoule (pour qu'on ne puisse le reconnaître dans son acte charitable), cordelière et rosaire.
Parmi d'autres, une sorte de catalettu pour transporter les malades. Aujourd'hui les membres de cette Confrérie de la Miséricorde sont toujours les ambulanciers de la ville. Pour ceux que le monde des confréries intéresse, je vous invite à regarder le site de cette Compagnia della Misericordia di Volterra, en tapant:
"Sette secoli di solidarietà - Misericordia Volterra". Vous y trouverez l'histoire de cette confrérie de charité.
Dans la chapelle, restaurée et bien entrenue, sur sa tribune trône un petit orgue:
En vérité, je ne sais rien de lui, sinon qu'il est bien là...
Peint sur sa tribune, un blason signe sa fonction:
Décidément, les morts et les vivants partagent volontiers la musique...
A bientôt, notre chère Volterra!