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15/11/2015

13 novembre: mes jours sont passés, mes projets anéantis ...

 

Toujours novembre,

encore la Mort

avec cette belle bannière de confrérie en Balagne

en dehors du temps et de toute idéologie ...

(et Job en écho aux attentats de Paris

« Post tenebras spero lucem »

"Après les ténèbres, j'espère la lumière ")

Feliceto Bannière de la Mort.jpg

Bannière de confrérie de Feliceto

La grande Faucheuse, a Falcina, élégamment drapée de nuit et sans quitter sa faux s'accorde quelque repos. Elle médite et ricane, accoudée au comptoir d'un tombeau: devant elle vacille la dernière lueur d'une chandelle épuisée, et un grand sablier lourdement posé sur un parchemin déroulé finit d'égrainer le temps :

 

 Dies mei transierunt cogitationes meae dissipatae sunt torquentes cor meum

Mes jours sont passés, mes pensées se sont dispersées qui tourmentaient mon coeur

 (Livre de JOB , 17:11, extrait de la Vulgate)

Traduction de la Bible de Jérusalem:

" Mes jours ont fui, loin de mes projets, et les fibres de mon cœur sont rompues"

Le livre de Job (et sa douloureuse interrogation sur le Mal, vieille comme l'humanité )  fait partie des lectures utilisées lors des Offices des Morts par les confrères : la bannière de Feliceto illustre cet usage.

En résonnance avec les attentats de Paris: à Speloncato, ce soir, un Office des Morts sera récité par les confrères à la mémoire des victimes des attentats de Paris et chanteront :

Job 14:1 L`homme né de la femme! Sa vie est courte, sans cesse agitée.

Job 14:2 Il naît, il est coupé comme une fleur; Il fuit et disparaît comme une ombre.

Job 14:3 Et c`est sur lui que tu as l`oeil ouvert! Et tu me fais aller en justice avec toi!

Job 14:4 Comment d`un être souillé sortira-t-il un homme pur? Il n`en peut sortir aucun.

Job 14:5 Si ses jours sont fixés, si tu as compté ses mois, Si tu en as marqué le terme qu`il ne saurait franchir,

Job 14:6 Détourne de lui les regards, et donne-lui du relâche, Pour qu`il ait au moins la joie du mercenaire à la fin de sa journée.

Job 14:7 Un arbre a de l`espérance: Quand on le coupe, il repousse, Il produit encore des rejetons;

Job 14:8 Quand sa racine a vieilli dans la terre, Quand son tronc meurt dans la poussière,

Job 14:9 Il reverdit à l`approche de l`eau, Il pousse des branches comme une jeune plante.

Job 14:10 Mais l`homme meurt, et il perd sa force; L`homme expire, et où est-il?

Job 14:11 Les eaux des lacs s`évanouissent, Les fleuves tarissent et se dessèchent;

Job 14:12 Ainsi l`homme se couche et ne se relèvera plus, Il ne se réveillera pas tant que les cieux subsisteront, Il ne sortira pas de son sommeil.

Job 14:13 Oh! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, M`y tenir à couvert jusqu`à ce que ta colère fût passée, Et me fixer un terme auquel tu te souviendras de moi!

Job 14:14 Si l`homme une fois mort pouvait revivre, J`aurais de l`espoir tout le temps de mes souffrances, Jusqu`à ce que mon état vînt à changer.

Job 14:15 Tu appellerais alors, et je te répondrais, Tu languirais après l`ouvrage de tes mains.

Job 14:16 Mais aujourd`hui tu comptes mes pas, Tu as l`oeil sur mes péchés;

Job 14:17 Mes transgressions sont scellées en un faisceau, Et tu imagines des iniquités à ma charge.

Job 14:18 La montagne s`écroule et périt, Le rocher disparaît de sa place,

Job 14:19 La pierre est broyée par les eaux, Et la terre emportée par leur courant; Ainsi tu détruis l`espérance de l`homme.

Job 14:20 Tu es sans cesse à l`assaillir, et il s`en va; Tu le défigures, puis tu le renvoies.

Job 14:21 Que ses fils soient honorés, il n`en sait rien; Qu`ils soient dans l`abaissement, il l`ignore.

Job 14:22 C`est pour lui seul qu`il éprouve de la douleur en son corps, C`est pour lui seul qu`il ressent de la tristesse en son âme

 

 Le texte d'où est extrait celui de la bannière:

Job 17
17:1
Mon souffle se perd, Mes jours s'éteignent, Le sépulcre m'attend.
spiritus meus adtenuabitur dies mei breviabuntur et solum mihi superest sepulchrum
17:2
Je suis environné de moqueurs, Et mon oeil doit contempler leurs insultes.
non peccavi et in amaritudinibus moratur oculus meus
17:3
Sois auprès de toi-même ma caution; Autrement, qui répondrait pour moi?
libera me et pone iuxta te et cuiusvis manus pugnet contra me
17:4
Car tu as fermé leur coeur à l'intelligence; Aussi ne les laisseras-tu pas triompher.
cor eorum longe fecisti a disciplina et propterea non exaltabuntur

On invite ses amis au partage du butin, Et l'on a des enfants dont les yeux se consument.
praedam pollicetur sociis et oculi filiorum eius deficient
17:6
Il m'a rendu la fable des peuples, Et ma personne est un objet de mépris.
posuit me quasi in proverbium vulgi et exemplum sum coram eis
17:7
Mon oeil est obscurci par la douleur; Tous mes membres sont comme une ombre.
caligavit ab indignatione oculus meus et membra mea quasi in nihili redacta sunt
17:8
Les hommes droits en sont stupéfaits, Et l'innocent se soulève contre l'impie.
stupebunt iusti super hoc et innocens contra hypocritam suscitabitur
17:9
Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie, Celui qui a les mains pures se fortifie de plus en plus.
et tenebit iustus viam suam et mundis manibus addet fortitudinem
17:10
Mais vous tous, revenez à vos mêmes discours, Et je ne trouverai pas un sage parmi vous.
igitur vos omnes convertimini et venite et non inveniam in vobis ullum sapientem
17:11
Quoi! mes jours sont passés, mes projets sont anéantis, Les projets qui remplissaient mon coeur...
dies mei transierunt cogitationes meae dissipatae sunt torquentes cor meum
17:12
Et ils prétendent que la nuit c'est le jour, Que la lumière est proche quand les ténèbres sont là!
noctem verterunt in diem et rursum post tenebras spero lucem
17:13
C'est le séjour des morts que j'attends pour demeure, C'est dans les ténèbres que je dresserai ma couche;
si sustinuero infernus domus mea est in tenebris stravi lectulum meum
17:14
Je crie à la fosse: Tu es mon père! Et aux vers: Vous êtes ma mère et ma soeur!
putredini dixi pater meus es mater mea et soror mea vermibus
17:15
Mon espérance, où donc est-elle? Mon espérance, qui peut la voir?
ubi est ergo nunc praestolatio mea et patientiam meam quis considerat
17:16
Elle descendra vers les portes du séjour des morts, Quand nous irons ensemble reposer dans la poussière.
in profundissimum infernum descendent omnia mea putasne saltim ibi erit requies mihi

 

texte extrait de la Vulgate et traduction tirés de : http://bibleglot.com/pair/FreSegond/Vulgate/Job.17/

Job G. La Tour 1630.jpg

Job raillé par sa femme, Georges de La Tour 1630, Epinal

En attendant, quelles que soient nos "cogitationes"

et pour répondre et résister  à la terreur,

(même pas peur!)

 ne manquons pas de partager nos fêtes :

" Prendre soin de la vie et de l'humain, avec une infinie tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd'hui, la condition de toute espérance."

(à nouveau, Philippe Mérieu)

Une réponse au carnage aveugle de Paris

                             Je partage ce message en réponse au vendredi noir de Paris :

j'espère que le corps enseignant saura prendre en charge cette sombre actualité et trouvera le courage et les mots pour l'aborder auprès de tous leurs élèves, sans haine.  

 

                          Philippe Meirieu :

 Prendre soin de l'humain 

 

 

 

 

 




 


" Nous savions que la vie était fragile, que l'humain c'était par moments et que la démocratie était menacée par les forces archaïques qui habitent encore le monde.


  


 Nous savions que, face à la vacuité de nos modèles économiques fondés sur la consommation compulsive, notre occident peinait à offrir un autre idéal que l'assujettissement aux intégrismes.


 


 Nous savions que tout ce qui nous tient à coeur est mortel et que l'obscurité absolue peut, un jour, faire oublier l'espoir de toute lumière...


  


 Que cette nuit terrible où nous avons éprouvé la terreur de la pénombre, nous rappelle notre fragilité et notre finitude.


  


 Qu'elle renforce ainsi notre détermination à prendre soin de toute vie, de toute pensée libre, de toute ébauche de solidarité, de toute joie possible.


  


 Prendre soin de la vie et de l'humain, avec une infinie tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd'hui, la condition de toute espérance.


  


 Sachons qu'un seul sourire échangé, un seul geste d'apaisement, aussi minime soit-il, peut encore, contre tous les fatalismes, contribuer à nous sauver de la barbarie..."


  


Philippe Meirieu