28/06/2011
Verdi, Nabucco, Riccardo Muti et Silvio Berlusconi
Relevez la tête! C'était le 12 mars dernier :
"Je vous invite d'abord à lire, puis regarder et écouter ..... c'est le courage d'hier ... et d'aujourd'hui !
Le 12 mars dernier, Silvio Berlusconi a dû faire face à la réalité.
L’Italie fêtait le 150ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti.
Nabucco de Verdi est une œuvre autant musicale que politique : elle évoque l'épisode de l'esclavage des juifs à Babylone, et le fameuxchant « Va pensiero » est celui du Chœur des esclaves opprimés. En Italie, ce chant est le symbole de la quête de liberté du peuple, quidans les années 1840 - époque où l'opéra fut écrit - était opprimé par l'empire des Habsbourg, et qui se battit jusqu'à la création de l’Italie unifiée.
Avant la représentation, Gianni Alemanno, le maire de Rome, est montésur scène pour prononcer un discours dénonçant les coupes dans lebudget de la culture du gouvernement. Et ce, alors qu’Alemanno est un membre du parti au pouvoir et un ancien ministre de Berlusconi.
Cette intervention politique, dans un moment culturel des plus symboliques pour l’Italie, allait produire un effet inattendu,d’autant plus que Sylvio Berlusconi en personne assistait à lareprésentation…
Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution : « Au tout début, il y aeu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencél’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphèredevenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvezpas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence dupublic qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritableferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à lalamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle etperdue ! ».
Alors que le Chœur arrivait à sa fin, dans le public certainss’écriaient déjà : « Bis ! » Le public commençait à crier « Vivel’Italie ! » et « Vive Verdi ! » Des gens du poulailler (places touten haut de l’opéra) commencèrent à jeter des papiers remplis demessages patriotiques – certains demandant « Muti, sénateur à vie ».
Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986,Muti hésita à accorder le « bis » pour le Va pensiero. Pour lui, unopéra doit aller du début à la fin. « Je ne voulais pas fairesimplement jouer un bis. Il fallait qu’il y ait une intentionparticulière. », raconte-t-il.
Mais le public avait déjà réveillé son sentiment patriotique. Dans un geste théâtral, le chef d’orchestre s’est alors retourné sur sonpodium, faisant face à la fois au public et à M. Berlusconi, et voilàce qui s'est produit :Après que les appels pour un "bis" du "Va Pensiero" se soient tus, on entend dans le public : "Longue vie à l'Italie !"
Le chef d'orchestre Riccardo Muti : Oui, je suis d'accord avec ça, "Longue vie à l'Italie" mais...
[applaudissements]
Muti : Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui sepasse dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le"Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joiepatriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que jedirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'aipensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture surlaquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notrepatrie, serait vraiment "belle et perdue".
[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]
Muti : Depuis que règne par ici un "climat italien", moi, Muti, je mesuis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant... nousdevrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notreMaison, le théatre de la capitale, et avec un Choeur qui a chantémagnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous levoulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tousensemble.
C’est alors qu’il invita le public à chanter avec le Chœur desesclaves. « J’ai vu des groupes de gens se lever. Tout l’opéra de Romes’est levé. Et le Chœur s’est lui aussi levé. Ce fut un moment magiquedans l’opéra. »
« Ce soir-là fut non seulement une représentation du Nabucco, mais également une déclaration du théâtre de la capitale à l’attention despoliticiens. »
Voici une vidéo de ce moment plein d'émotionSilvio Berlusconi renversé par Giuseppe Verdi "
23:47 | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
l'orgue de Corbara se refait une beauté
L'orgue de Corbara
Ce magnifique instrument est actuellement déposé et en cours de relevage par les facteurs d'orgue Alain FAYE et Alain SALS, qui devraient le réinstaller à partir de septembre. Nous évoquerons le moment venu à nouveau cet orgue recomposé et augmenté par AGATI-TRONCI en 1890, restauré par Philippe HARTMAN en 1979 ...
la tribune monumentale de l'orgue,
avant le début des travaux actuels de restauration ...
... par l'atelier d'Ewa POLI : divine surprise! sous les repeints du XIX° s. dégagement d'un magnifique décor chiqueté et argenté qui habille l'ensemble ...
donnant, cela est sûr,
un certain air de famille avec ...
le petit orgue de Costa ...
A Costa, le décor créé sur cette jolie tribune "à la Antonio Giuseppe Saladini", est signé et daté par Bernardo ZIGLIARA en 1819 : une belle restauration faite en 2004 par notre regretté Pierre SIBIEUDE ...
Inutile de dire que nous suivons de près l'avancement des travaux ...
10:57 Publié dans corse, orgues historiques, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orgue de corbara, orgue de costa, restauration du décor de l'orgue de corbara | Facebook |
14/06/2011
Autour du Sepolcru de Santa Lucia di Mercurio (
Santa Lucia di Mercurio , Pieve de Talcini:
rencontre avec les sepolcri de l'église de
Santa Lucia di Mercurio ...
Le Sepolcru de Raffali
Marie-Madeleine, son parfum précieux et Jean aux doigts noués de désespoir
mains compatissantes
la Vierge touche son Fils mort
et Lui soutient la tête,
sous le regard attentif de l'ange au linge
" Deh, Madre pia,
Con quanto afletto,
Piangendo al petto
Stringi Gesù!
Io l'ho ferito,
Ma son pentito:
Non più peccati.
Non più, non più."
Bien que malheureusement et copieusement ripoliné, ce groupe sculpté par Raffali, placé sous l'autel de la première chapelle latérale côté Evangile, vibre en silence, proposé à la pieuse compassion des fidèles lors de Semaine Sainte ...
Il est alors précédé, du Jeudi au Samedi Saint, par une imposante installation qui ferme cette chapelle latérale, ne laissant qu'un passage étroit pour ceux qui viennent se mettre à l'unisson de cette Déploration du Christ .
Le Sepolcru de F. Carli
deux grands panneaux superposés, peints par le lucquois F. Carli ...
Le panneau inférieur, percé d'une porte étroite, raconte la sentence de Pilate et la flagellation du Christ, dans un décor de palais.
la sentence d'un Pilate enturbanné à la turc: "Quod scripsi scripsi"
"Ecce Homo": des bourreaux bien barbaresques flagellent le Christ à la colonne
Tandis qu'au-dessus, gardé par les deux farouches soldats traditionnels, le Christ tombe sous le poids de la croix, dans une composition mouvementée:
les bourreaux à l'oeuvre
un noble cavalier, sensé être romain ... mais ...
et un autre cavalier et piétaille : la mode est résolument à la moustache ...
(merci Michel Edouard!)
(à suivre)
16:17 Publié dans corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : santa lucia di mercurio, raffali, carli, semaine sainte | Facebook |